Un soldat des forces d'occupation marche devant une maison à Ramallah le 5 mars 2015. (Afp)
Les Palestiniens ne peuvent s'empêcher de suivre avec attention les législatives israéliennes, mais sans se faire d'illusion: même une défaite de Benjamin Netanyahu serait loin de signifier l'espoir d'une reprise de l'effort de paix.
Bara, serveur dans un café de Ramallah, lit attentivement tout ce qui s'écrit sur Facebook au sujet de ces élections. Entre sondages, informations et rumeurs, "on en parle beaucoup" mais "on sait que le futur gouvernement sera peut-être encore pire que l'actuel dirigé par Benjamin Netanyahu", dit-il à l'AFP.
Depuis l'échec de la dernière tentative de paix américaine en avril 2014, les perspectives de résolution du conflit ont rarement paru plus sombres. Palestiniens et Israéliens se sont fait la guerre en 2014 dans la bande de Gaza. Violences et colonisation perdurent.
Les tensions entre direction palestinienne et gouvernement israélien sont vives, après les initiatives des Palestiniens pour internationaliser leur cause et les représailles économiques israéliennes. Un nouvel accès de fièvre politique est déjà annoncé début avril, quelques jours après les élections israéliennes, avec le dépôt des premières plaintes palestiniennes contre des dirigeants israéliens pour crimes de guerre devant la Cour pénale internationale.
Pourtant, le conflit et surtout les moyens de le résoudre n'ont guère occupé les candidats israéliens, peut-être, disent les experts, parce que les électeurs israéliens tiennent les dirigeants palestiniens pour responsables de la situation.
La question n'a pris une place autre que subalterne qu'à la fin de la campagne, lorsqu'un document prêtait au Premier ministre de droite sortant Benjamin Netanyahu d'être revenu sur son acceptation d'un futur Etat palestinien.
Le cabinet de Netanyahu a démenti. Mais son parti a clairement signifié que des concessions aux Palestiniens n'étaient pas d'actualité.
Les Palestiniens doutent que les choses se présentent mieux en cas de victoire du travailliste Isaac Herzog. Leur direction a prévenu que les législatives israéliennes n'infléchiraient pas leur offensive diplomatique.
Jusqu'au président Mahmud Abbas, personne n'exprime de préférence. La consigne est claire, M. Abbas l'a récemment répétée: pas d'ingérence, et pas de conclusions tant que le futur Premier ministre israélien n'est pas en poste.
Et tous de citer les déceptions palestiniennes après l'arrivée en 1992 des travaillistes d'Yithzak Rabin puis de Shimon Peres, les "hommes de la paix".
"Il est naturel que nous suivions ces élections car elles ont lieu dans le pays qui nous occupe, qui, chaque jour tue, réprime et méprise" les Palestiniens, dit Mohamed Madani, chargé des relations avec la société israélienne au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Pour la direction palestinienne, "peu importe que le vainqueur soit de droite, de gauche ou des extrêmes, ce qui nous importe, c'est qui construira la paix avec nous, car jusqu'ici nous n'avons trouvé aucun partenaire", dit-il.
Adli al-Rami, vendeur de voitures à Ramallah, réclame du concret: "Qu'il nous débarrasse du mur, des check-points, qu'il ralentisse ne serait-ce qu'un peu la colonisation, et alors nous dirons bienvenue au nouveau gouvernement".
Mais, tranche Rafik Marchoud, un Gazaoui qui a passé l'été 2014 sous les bombes lors de la troisième offensive d'Israël en six ans, "jamais Gaza ne tirera un quelconque bénéfice d'un gouvernement Netanyahu ou d'extrême droite".
Pour le Hamas au pouvoir à Gaza "tous les partis qui ont dirigé Israël pratiquent le terrorisme pour liquider la cause palestinienne et coloniser". "Nous ne misons rien sur les résultats et continuerons de considérer l'occupant comme un ennemi", prévient Fawzi Barhoum, porte-parole du mouvement islamiste, qu'Israël considère comme terroriste.
M. Madani, à l'OLP, espère que les partis arabes israéliens, qui présentent pour la première fois une liste commune, pourront ramener la question palestinienne au centre du débat. Grâce à cette liste, veut-il croire, "il sera possible de discuter de l'extrémisme, la colonisation, l'occupation, les guerres" contre les Palestiniens.
Mais si, à l'issue des élections, aucun partenaire pour la paix n'émerge, "cela voudra dire que le peuple israélien ne sait pas ce qui est dans son intérêt et s'en remet à des dirigeants qui privilégient la guerre aux dépens de la stabilité de la région".
(12-03-2015)
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