Les élections législatives, prévues entre le 21 mars
et le 7 mai en Égypte, vont être retardées après que la justice a
considéré anticonstitutionnelle la loi les organisant, a annoncé
dimanche la commission électorale, sans préciser sous quel délai elles
se tiendraient. La Cour constitutionnelle a rejeté dimanche des
dispositions de cette loi, concernant le découpage des circonscriptions
électorales. Le président Abdel Fattah al-Sissi a alors aussitôt ordonné
que le texte qu'il avait ratifié en décembre soit réécrit d'ici un mois
et que toutes les "mesures légales soient prises pour éviter le report"
des législatives, selon un communiqué de son bureau.
"Il est certain que les élections n'auront pas lieu le 21 mars", a
cependant reconnu le porte-parole de la commission électorale, Omar
Marwan. Les dispositions jugées anticonstitutionnelles vont être revues
et "il y aura un nouveau calendrier pour les procédures" des élections, a
précisé la commission dans un communiqué. Omar Marwan n'était pas en
mesure de dire sous quel délai le scrutin serait organisé.
Sur la base de l'arrêt de la Cour constitutionnelle, le tribunal
administratif doit encore annoncer formellement le report des
législatives, les premières sous la présidence de Abdel Fattah al-Sissi.
"L'élection va être repoussée et le processus va devoir être repris au
début", a déclaré le juriste Mohamed Abdel Wahhab.
Après avoir évincé le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013,
Abdel Fattah al-Sissi, alors chef de l'armée, avait annoncé une feuille
de route prévoyant l'adoption d'une nouvelle Constitution, suivie par
des élections présidentielle et législatives. La Constitution a été
adoptée en janvier 2014. Et la présidentielle organisée en mai 2014 a vu
Abdel Fattah al-Sissi devenir chef de l'État avec 97 % des voix, après
que les autorités eurent éliminé toute opposition, religieuse comme
laïque. Sur les 567 députés au Parlement, 540 doivent être élus en
plusieurs étapes, à un scrutin très complexe, mixte --uninominal et de
liste-- au suffrage universel et par provinces, tandis que les 27
restants seront nommés par le président.
Pour des experts, le scrutin risque d'être dominé par des partisans de
Abdel Fattah al-Sissi, en raison de la sanglante répression orchestrée
par les autorités contre les Frères musulmans, la confrérie islamiste
dont est issu Mohamed Morsi. Celle-ci avait remporté toutes les
élections organisées entre 2011 et 2013 mais a été classée mouvement
"terroriste" par les autorités et ses dirigeants sont derrière les
barreaux ou en exil. Le parti libéral égyptien Al-Dostour fondé par le
prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei a annoncé début février son
intention de boycotter les législatives, dénonçant notamment des
violations des droits de l'Homme dans le pays.
De son côté, Abdel Fattah al-Sissi a besoin de ce scrutin pour assoir sa
position face à ses alliés occidentaux qui avaient condamné la façon
dont il avait évincé Mohamed Morsi -- le premier président librement élu
en Égypte. Dans les mois qui ont suivi l'éviction de Muhamed Morsi, les
forces de sécurité ont tué plus de 1 400 manifestants islamistes et
emprisonné plus de 15 000 sympathisants. Des centaines ont en outre été
condamnés à mort dans des procès de masse parfois expéditifs.
Le précédent Parlement, dominé par les islamistes, avait été dissous en
2012 lorsque la même Cour constitutionnelle avait estimé que certaines
dispositions de la loi électorale violaient la Constitution.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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