Les rebelles ont multiplié jeudi les opérations coup-de-poing contre
les soldats du régime en Syrie, où l’opposition a imputé l’influence
croissante des jihadistes à l’inaction de la communauté internationale,
après des critiques américaines.
Les violences à travers le pays ont encore fait au moins 96 morts jeudi —
53 soldats, 27 civils et 16 rebelles —, selon un bilan provisoire de
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a recensé plus
de 36.000 tués depuis le début de la révolte en mars 2011.
Parmi les victimes de jeudi, au moins 28 soldats ont été tués au combat
ou froidement exécutés dans des attaques de rebelles contre trois
barrages militaires près de la ville de Saraqeb (nord-ouest), a rapporté
l’OSDH, basé en Grande-Bretagne mais qui s’appuie sur un réseau de
militants et de médecins.
Une vidéo diffusée par des militants montre des rebelles en train de
frapper une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol
et de les achever en les traitant de "chiens de chabbihas d’Assad", nom
donné aux miliciens pro-régime.
Avant d’exécuter un prisonnier, un rebelle lui lance : "Ne sais-tu pas
que nous appartenons au peuple de ce pays ?". Terrorisé, le soldat
répond : "Je jure au nom de Dieu que je n’ai pas tiré".
"Au même titre que l’Observatoire dénonce les exécutions dans les
prisons du régime, il refuse celles de prisonniers de guerre par les
rebelles", a dénoncé à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahman.
Cinq rebelles ont également péri dans ces assauts sur la route
internationale reliant Damas à Alep, les deux principales villes du
pays, a précisé l’OSDH.
Affaiblies par la multiplication des fronts à travers le pays, les
troupes régulières ont subi de lourdes pertes, avec plus de 9.000
soldats tués entre près de 20 mois de soulèvement contre le régime, a
rappelé l’OSDH, précisant que les rebelles avaient aussi saisi des
blindés.
Face aux rebelles extrêmement mobiles, c’est surtout l’armée de l’air
qui est à la manoeuvre. Jeudi, l’aviation a bombardé Damas et ses
environs ainsi que des villages de la province d’Idleb (nord-ouest),
selon l’OSDH.
Des hélicoptères militaires ont mitraillé Hajar al-Aswad, dans le sud de
la capitale, faisant des blessés, tandis qu’un avion militaire a largué
des bombes sur Harasta, dans la banlieue nord-est de Damas, selon la
même source.
A Deir Ezzor (est), un citoyen-journaliste a été tué alors qu’il
couvrait les combats aux côtés des rebelles, selon l’OSDH. Et selon la
télévision officielle, une explosion a fait deux morts et des blessés à
Hama (centre).
Alors que la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait évoqué
mercredi des "informations inquiétantes sur des extrémistes qui se
rendent en Syrie et tentent de détourner à leurs fins ce qui était
jusqu’ici une révolution légitime", le chef de la principale coalition
de l’opposition syrienne a mis en cause le manque d’appui international à
la rébellion.
"La communauté internationale est responsable, en raison de son manque
de soutien au peuple syrien, de la croissance de l’extrémisme en Syrie.
L’extrémisme est la conséquence et non la cause de l’inaction de la
communauté internationale", a affirmé à l’AFP Abdel Basset Saida, chef
du Conseil national syrien.
"La communauté internationale devrait s’en prendre à elle-même.
Qu’a-t-elle donné au peuple syrien ? Comment a-t-elle aidé les Syriens à
stopper la folie meurtrière du régime ?", a-t-il poursuivi.
Répondant à Mme Clinton, qui avait plaidé pour une opposition élargie en
estimant que le CNS ne pouvait plus "être considéré comme le dirigeant
visible de l’opposition", M. Saida a expliqué que son organisation était
prête à agir avec des groupes se trouvant hors du Conseil, même si pour
lui, la faiblesse du CNS venait avant tout du manque de soutien
international.
Dans cette perspective, le CNS prépare une réunion élargie le 4 novembre
à Doha. "Le CNS représente tous les courants de la société syrienne,
dont les islamistes, les libéraux et les laïques. Seront aussi présents à
Doha des groupes kurdes ainsi que de nouveaux groupes militaires et
civils", a souligné M. Saida.
Sur le plan diplomatique, la Chine a annoncé avoir fait de "nouvelles
propositions constructives" pour tenter de mettre fin au conflit, dont
un cessez-le-feu organisé par régions et par phases, et la formation
d’un gouvernement de transition.
(01 Novembre 2012)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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