vendredi 2 novembre 2012

Syrie : les rebelles exécutent des soldats, la montée de l’islamisme inquiète

Les rebelles ont multiplié jeudi les opérations coup-de-poing contre les soldats du régime en Syrie, où l’opposition a imputé l’influence croissante des jihadistes à l’inaction de la communauté internationale, après des critiques américaines.
Les violences à travers le pays ont encore fait au moins 96 morts jeudi — 53 soldats, 27 civils et 16 rebelles —, selon un bilan provisoire de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a recensé plus de 36.000 tués depuis le début de la révolte en mars 2011.
Parmi les victimes de jeudi, au moins 28 soldats ont été tués au combat ou froidement exécutés dans des attaques de rebelles contre trois barrages militaires près de la ville de Saraqeb (nord-ouest), a rapporté l’OSDH, basé en Grande-Bretagne mais qui s’appuie sur un réseau de militants et de médecins.
Une vidéo diffusée par des militants montre des rebelles en train de frapper une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les achever en les traitant de "chiens de chabbihas d’Assad", nom donné aux miliciens pro-régime.
Avant d’exécuter un prisonnier, un rebelle lui lance : "Ne sais-tu pas que nous appartenons au peuple de ce pays ?". Terrorisé, le soldat répond : "Je jure au nom de Dieu que je n’ai pas tiré".
"Au même titre que l’Observatoire dénonce les exécutions dans les prisons du régime, il refuse celles de prisonniers de guerre par les rebelles", a dénoncé à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahman.
Cinq rebelles ont également péri dans ces assauts sur la route internationale reliant Damas à Alep, les deux principales villes du pays, a précisé l’OSDH.
Affaiblies par la multiplication des fronts à travers le pays, les troupes régulières ont subi de lourdes pertes, avec plus de 9.000 soldats tués entre près de 20 mois de soulèvement contre le régime, a rappelé l’OSDH, précisant que les rebelles avaient aussi saisi des blindés.
Face aux rebelles extrêmement mobiles, c’est surtout l’armée de l’air qui est à la manoeuvre. Jeudi, l’aviation a bombardé Damas et ses environs ainsi que des villages de la province d’Idleb (nord-ouest), selon l’OSDH.
Des hélicoptères militaires ont mitraillé Hajar al-Aswad, dans le sud de la capitale, faisant des blessés, tandis qu’un avion militaire a largué des bombes sur Harasta, dans la banlieue nord-est de Damas, selon la même source.
A Deir Ezzor (est), un citoyen-journaliste a été tué alors qu’il couvrait les combats aux côtés des rebelles, selon l’OSDH. Et selon la télévision officielle, une explosion a fait deux morts et des blessés à Hama (centre).
Alors que la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait évoqué mercredi des "informations inquiétantes sur des extrémistes qui se rendent en Syrie et tentent de détourner à leurs fins ce qui était jusqu’ici une révolution légitime", le chef de la principale coalition de l’opposition syrienne a mis en cause le manque d’appui international à la rébellion.
"La communauté internationale est responsable, en raison de son manque de soutien au peuple syrien, de la croissance de l’extrémisme en Syrie. L’extrémisme est la conséquence et non la cause de l’inaction de la communauté internationale", a affirmé à l’AFP Abdel Basset Saida, chef du Conseil national syrien.
"La communauté internationale devrait s’en prendre à elle-même. Qu’a-t-elle donné au peuple syrien ? Comment a-t-elle aidé les Syriens à stopper la folie meurtrière du régime ?", a-t-il poursuivi.
Répondant à Mme Clinton, qui avait plaidé pour une opposition élargie en estimant que le CNS ne pouvait plus "être considéré comme le dirigeant visible de l’opposition", M. Saida a expliqué que son organisation était prête à agir avec des groupes se trouvant hors du Conseil, même si pour lui, la faiblesse du CNS venait avant tout du manque de soutien international.
Dans cette perspective, le CNS prépare une réunion élargie le 4 novembre à Doha. "Le CNS représente tous les courants de la société syrienne, dont les islamistes, les libéraux et les laïques. Seront aussi présents à Doha des groupes kurdes ainsi que de nouveaux groupes militaires et civils", a souligné M. Saida.
Sur le plan diplomatique, la Chine a annoncé avoir fait de "nouvelles propositions constructives" pour tenter de mettre fin au conflit, dont un cessez-le-feu organisé par régions et par phases, et la formation d’un gouvernement de transition.

(01 Novembre 2012)

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