Israël a compté jeudi ses premiers morts, victimes de roquettes
tirées par le Hamas, tandis que Tsahal poursuivait ses raids aériens
contre la bande de Gaza, faisant 15 victimes, dans un contexte de risque
d’embrasement général du conflit. L’hypothèse d’une seconde guerre de
Gaza, après l’opération terrestre israélienne de janvier 2009, est
évoquée depuis des mois. Elle s’est considérablement renforcée depuis le
début des bombardements israéliens, mercredi, et à l’approche des
élections législatives du 22 janvier en Israël.
Jeudi, le Hamas a tiré des dizaines de roquettes de la bande de Gaza
sur Israël, dont l’une a fait trois morts, et l’État hébreu a effectué
plusieurs raids aériens sur l’enclave palestinienne au deuxième jour de
l’opération "Pilier de défense". Des bâtiments à plusieurs étages de
Gaza et des environs, une zone principalement visée par les appareils
israéliens, ont tremblé sur leurs bases. "J’espère que le Hamas et les
autres organisations terroristes de Gaza ont entendu le message. Sinon,
Israël est prêt à prendre toutes les actions nécessaires pour défendre
notre peuple", a déclaré le Premier ministre Benyamin Netanyahou.
"Une guerre ouverte"
De son côté, le porte-parole du Hamas, FaWzi Barhum, a dit que l’État
juif paierait au prix fort "cette guerre ouverte qu’ils ont déclenchée".
Le brusque déclenchement de l’opération par Israël mercredi, après
l’élimination du chef militaire du Hamas, Ahmed Djaabari, a fragilisé un
peu plus un Proche-Orient secoué par les contrecoups du Printemps arabe
et la guerre civile en cours en Syrie. Les pays qui soutiennent les
Palestiniens, avec au premier rang l’Égypte désormais sous direction
islamiste, ont dénoncé l’offensive israélienne.
Le Hamas, pour qui Israël a "ouvert les portes de l’enfer" en lançant
son opération, a revendiqué le tir d’une roquette Fajr 5 de fabrication
iranienne d’une tonne sur Tel-Aviv, situé à 50 kilomètres au nord de
l’enclave palestinienne. L’armée israélienne a évoqué une roquette
tombée dans une zone non habitée à Rishon Lezion, dans la banlieue de la
ville. On ne fait état ni de victimes ni de dégâts. Le Jihad islamique a
dit avoir lancé ensuite une autre roquette sur Tel-Aviv, tombée en mer,
selon une source de la sécurité israélienne. Le système israélien
d’interception de roquettes "Dôme de fer" a abattu 81 projectiles sur
les quelque 150 tirés de la bande de Gaza, mais l’un d’entre eux a
atteint sa cible.
Premières victimes israéliennes
Trois personnes ont été tuées, rapporte la police, quand une roquette
palestinienne a frappé un immeuble de quatre étages dans la ville de
Kiryat Malachi, à 25 kilomètres au nord de Gaza. Il s’agit des premières
victimes israéliennes depuis le début de l’attaque contre la bande de
Gaza, un étroit territoire côtier tenu depuis 2007 par les islamistes du
Hamas. L’Iran, qui soutient et arme le Hamas, a condamné l’offensive
lancée par les Forces de défense israéliennes, la qualifiant de
"terrorisme organisé".
Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en juin, le
président égyptien Mohamed Morsi, qui a rappelé son ambassadeur en poste
en Israël, a haussé le ton contre l’État juif en qualifiant
d’inacceptables les attaques aériennes. "Les Israéliens doivent
comprendre que cette agression est inacceptable et qu’elle ne conduira
qu’à l’instabilité dans la région", a-t-il dit lors d’une allocution
télévisée, en prononçant publiquement le nom d’Israël pour la première
fois. Pour afficher la solidarité de l’Égypte avec les habitants et le
gouvernement de Gaza, le Premier ministre Hisham Kandil et plusieurs
responsables de la sécurité passeront vendredi la journée dans l’enclave
palestinienne. Les Frères musulmans, l’organisation islamiste dont est
issu le président égyptien, a appelé à une "Journée de la colère"
vendredi dans les capitales arabes.
Les dirigeants du Hamas discrets
Aux obsèques d’Ahmed Djaabari jeudi, son cercueil a traversé les rues de
Gaza au son des coups de fusil tirés par ses partisans. Les dirigeants
du Hamas ont évité la cérémonie, conscients des menaces proférées contre
eux par Israël. Les frappes israéliennes ont fait quinze morts, sept
combattants du Hamas et huit civils, dont une femme enceinte de jumeaux,
un enfant de onze mois et trois nourrissons. Le chef du bureau
politique du Hamas en exil, Khaled Mechaal, a promis que les
Palestiniens continueraient "la résistance" contre Israël.
L’Égypte a officiellement demandé une réunion du Conseil de sécurité
de l’ONU, qui a déjà discuté en urgence de la crise dans la nuit de
mercredi à jeudi, mais n’a pris aucune décision. Les États-Unis ont
condamné le Hamas, considéré par Washington comme un obstacle à la paix,
tandis que les chefs de la diplomatie française et allemande, Laurent
Fabius et Guido Westerwelle, lançaient un appel à la désescalade.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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