Israël reconnaît pour la première fois officiellement l’assassinat du
numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Abou
Jihad, en 1988 à Tunis, selon des extraits d’un article publiés jeudi
par le quotidien Yediot Aharonot, à paraître vendredi.
Le journal israélien indique avoir été autorisé à publier les détails de
cette opération à la suite de six mois de négociations avec la censure
militaire.
L’opération contre Abu Jihad, de son vrai nom Khalil al-Wazir, dans la
nuit du 15 au 16 avril 1988, à Tunis, où s’était installée l’OLP, visait
à décapiter la première Intifada palestinienne, qui avait éclaté en
décembre 1987, dont il était un des dirigeants.
Elle a été conduite par 26 membres des commandos de l’état-major,
l’unité la plus prestigieuse de l’armée, alors dirigés par Moshé Yaalon,
actuel ministre des Affaires stratégiques, sous le commandement de son
adjoint, Nahoum Lev, précise le journal.
Dans une interview réalisée avant sa mort dans un accident de moto en
2000, publiée pour la première fois, Nahoum Lev a raconté au Yediot
Aharonot que le commando, débarqué secrètement sur la plage, s’était
divisé en deux groupes.
Le premier, composé de huit hommes et dirigé par Nahoum Lev, s’est
approché en voiture à 500 mètres de la résidence d’Abou Jihad.
Accompagné d’un soldat déguisé en femme, afin de passer pour un couple
en balade nocturne, Lev tenait une boîte de chocolats dans laquelle
était dissimulé un pistolet muni d’un silencieux.
Il a d’abord abattu un garde ensommeillé dans une voiture, puis le
second groupe, au signal prévu, s’est engouffré dans la villa après en
avoir forcé la porte.
Masqués, ces commandos tuent un second garde qui venait de se réveiller
et n’a pas eu le temps de dégainer son arme. Un jardinier, qui dormait
dans la cave de la villa, est aussi tué. "Dommage pour lui, mais quand
on mène ce genre d’opérations, il faut s’assurer que toute résistance
potentielle est éliminée", a commenté Nahoum Lev.
Un de ses camarades le précède dans les escaliers jusqu’à la chambre à coucher d’Abu Jihad "et a tiré le premier sur lui".
"Apparemment, il (Abu Jihad) avait un pistolet. J’ai tiré sur lui, une
longue rafale, en faisant attention de ne pas blesser son épouse qui
était apparue, et il est mort. D’autres combattants ont également tiré
pour s’assurer qu’il était mort", ajoute Nahoum Lev.
"J’ai tiré sur lui sans la moindre hésitation : il était voué à mourir.
Il était mêlé à d’horribles crimes contre des civils israéliens", se
justifie-t-il dans cette interview publiée à titre posthume.
Malgré la mort d’Abu Jihad, l’Intifada se poursuivit jusqu’aux accords
d’Oslo de 1993, qui ouvrirent la voie à la création de l’Autorité
palestinienne en 1994, présidée par son compagnon d’armes et chef de
l’OLP, Yasser Arafat, dont sa veuve, Intissar al-Wazir, fut ministre des
Affaires sociales.
Le fils d’Abu Jihad, Jihad al-Wazir, est actuellement gouverneur de l’Autorité monétaire palestinienne.
(01 Novembre 2012)
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