mercredi 19 novembre 2014

Israël/Palestine: la voie risquée du tout-répressif

Après l'attentat meurtrier contre une synagogue, Israël a promis d'être encore plus ferme envers les Palestiniens, mais privilégier le tout-répressif pourrait faire éclater un contexte déjà explosif, préviennent des experts.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rapidement réagi en promettant de répondre "avec une main de fer" à la mort des quatre juifs tués par deux Palestiniens qui ont été ensuite abattus par la police.
Cette déclaration laisse envisager une réaction israélienne très dure, même si le Premier ministre n'a pas donner de détails sur les mesures envisagées.
Selon Daniel Nisman, expert israélien en sécurité, "la police se prépare à un éventuel déploiement plus important" à Jérusalem et notamment dans la partie palestinienne occupée et annexée. "D'autres parlent d'amener l'armée dans les quartiers de Jérusalem-Est, mais cela n'a été ni confirmé ni validé".
Un tel déploiement pourrait aggraver encore la situation dans la Ville sainte, entrée début juillet dans un engrenage de la violence. Celui-ci a débuté avec l'assassinat d'un adolescent palestinien brûlé vif par des extrémistes juifs qui voulaient venger la mort de trois jeunes israéliens, enlevés et tués par des Palestiniens.
Ce climat s'est considérablement alourdi avec la guerre extrêmement meurtrière à Gaza, et, plus récemment, la série d'attentats ayant secoué Jérusalem, avant de gagner Tel-Aviv et la Cisjordanie occupée.
"Pour faire cesser ces attaques, la seule chose qu'il est possible de faire, c'est de boucler les quartiers (palestiniens), mais c'est une mesure à double tranchant: la mettre en place, c'est risquer d'aggraver les tensions avec leurs habitants, dont la majorité rejette pourtant toute escalade", explique Daniel Nisman à l'AFP.
Pour Mark Heller, politologue israélien à l'Institut des Etudes pour la sécurité nationale (INSS), "il n'y a pas de solution miracle". "Il n'existe pas de mesures permettant d'empêcher le passage à l'acte de +loups solitaires+ qui se réveillent le matin et décident sur un coup de folie de passer à l'action".
"Il est certain que le gouvernement va durcir ses positions mais cela ne résoudra pas le problème", prédit-il.
Netanyahu a ordonné la destruction des maisons des deux assaillants, une mesure controversée et suspendue il y a près de 10 ans par l'armée qui la jugeait "contre-productive". Quatre familles d'auteurs présumés d'attentats à Jérusalem ces dernières semaines sont déjà visées par cette mesure punitive, mais la justice doit encore se prononcer sur sa validité.
"Le gouvernement israélien pense que ce sont des méthodes efficaces, mais toute mesure à ses inconvénients", prévient M. Nisman.
Kobi Michael, également chercheur à l'INSS, estime que l'attentat de mardi "pourrait changer la donne" car après cette attaque dans un lieu de culte --fait rarissime-- "tout le monde est à cran".
Mais, note-t-il, Israël pourra difficilement renforcer un arsenal législatif et sécuritaire déjà imposant" et "il y a des limites aux mesures qui peuvent être prises".
Et le danger, dit M. Michael, "c'est que plus il y a de forces de sécurité, plus il y a de frictions et de possibilités d'avoir des attaques qui pourraient mener à une escalade qu'aucune des deux parties ne veut".
L'ONU a appelé Palestiniens et Israéliens à la retenue, son Haut commissaire aux droits de l'Homme appelant notamment "les autorités israéliennes à ne pas prendre de mesures, comme les démolitions punitives, qui violent le droit international et pourraient encore aggraver la situation".
Le président américain Barack Obama a appelé mardi Israéliens et Palestiniens à oeuvrer ensemble pour apaiser les tensions après l'"horrible attaque". "En cette période si sensible à Jérusalem, il est d'autant plus important pour les dirigeants israéliens et palestiniens et pour les citoyens ordinaires de coopérer ensemble pour apaiser les tensions, rejeter la violence et chercher le chemin menant vers la paix", a indiqué M. Obama.
Les deux parties, elles, se renvoient la responsabilité des tensions. M. Netanyahu et plusieurs de ses ministres ont imputé au président palestinien Mahmud Abbas et au Hamas islamiste la responsabilité "directe" de cette attaque, leur reprochant d'"inciter" les Palestiniens à la violence.
Le chef de la diplomatie israélienne, l'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman, a accusé M. Abbas d'avoir "délibérément transformé le conflit en un conflit religieux entre juifs et musulmans", tandis que des responsables du Fatah, le parti de M. Abbas lançaient la même accusation à l'encontre de Netanyahu.

(18-11-2014)

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