vendredi 14 novembre 2014

Israël/Palestine : Kerry rencontre Abbas puis Netanyahu pour faire baisser la tension à Jérusalem

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry multipliait jeudi à Amman les réunions avec les responsables israélien, palestinien et jordanien pour tenter de faire baisser les tensions à Jérusalem-Est, où de nouveaux heurts se sont produits.
Après s'être entretenu avec le président palestinien Mahmud Abbas, M. Kerry devait rencontrer dans la soirée le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avec le roi Abdallah II de Jordanie.
"Ils discuteront des moyens pour restaurer le calme et faire baisser les tensions à Jérusalem", a annoncé la porte-parole adjointe du Département d'Etat, Marie Harf.
La rencontre va également porter sur les efforts pour "établir les conditions propices à la relance des négociations de paix entre les parties palestinienne et israélienne", a ajouté le palais royal jordanien.
Cette réunion tripartite impromptue se tiendra à l'heure où M. Kerry avait prévu de quitter Amman pour rentrer aux Etats-Unis après cette étape jordanienne qui n'était pas initialement au programme de sa longue tournée internationale.
Elle intervient alors que le climat reste très tendu en Israël et en Cisjordanie.
De nouveaux heurts ont opposé dans la matinée à Jérusalem-Est de jeunes Palestiniens masqués et armés de pierres aux soldats israéliens qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, des projectiles en caoutchouc et des grenades assourdissantes.
Un enfant palestinien a été hospitalisé en urgence après avoir été atteint au visage par un projectile en caoutchouc tiré par la police dans le quartier d'Essaouiya.
Les policiers sont déployés en masse à Jérusalem, agité par des violences qui se sont intensifiées ces dernières semaines et qui ont provoqué la mort de dix personnes depuis l'été, dont quatre dans deux attentats à la voiture bélier.
L'escalade a gagné le reste du pays et fait redouter une troisième Intifada, du nom des deux soulèvements populaires palestiniens ayant fait des milliers de morts de 1987 à 1993 et de 2000 à 2005.
Un homme a été arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi avec un grand couteau et un tournevis en Cisjordanie près d'une colonie, a indiqué la police. Il a dit aux policiers qu'il essayait de se rendre à Jérusalem pour poignarder un chauffeur de bus.
Deux Israéliens avaient été mortellement poignardés par des Palestiniens lundi à Tel-Aviv et près d'une colonie en Cisjordanie.
L'occupation, la poursuite de la colonisation israélienne matérialisée mercredi par l'annonce d'un nouveau projet de construction à Jérusalem-Est, les arrestations par centaines depuis l'été, le chômage et le désespoir expliquent l'exaspération des Palestiniens. Les passions autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est catalysent cette colère.
Au cours de son entretien avec M. Kerry, le roi Abdallah a affirmé que la Jordanie allait poursuivre "ses tractations et consultations" pour "relancer les négociations de paix sur le statut final" des territoires palestiniens, selon un communiqué du palais royal.
Mais cela nécessite une action "véritable et sincère" dans ce sens de la part d'Israël, a insisté le roi. Il a appelé les Israéliens à cesser "de prendre des mesures unilatérales, leurs agressions répétées sur les lieux sacrés dans la ville de Jérusalem, en particulier celles visant l'esplanade des Mosquées et la mosquée d'Al-Aqsa".
Le royaume hachémite est, selon les statuts, le gardien de cette esplanade qui est à la fois le troisième lieu saint pour les musulmans, et le plus haut lieu saint pour les juifs.
Les Palestiniens et les musulmans s'inquiètent des revendications de plus en plus pressantes d'une minorité juive extrémiste qui réclame le droit de prier sur l'esplanade. Ils craignent que Netanyahu ne cède à la pression bien que ce dernier ait répété n'avoir aucune intention de modifier le statu quo. Les Palestiniens accusent Israël de profanations répétées du lieu avec les restrictions d'accès imposées aux musulmans, l'entrée des policiers dans la révérée mosquée Al-Aqsa et même la fermeture complète de l'esplanade le 30 octobre pour la première fois depuis des années.
Au risque de toucher une corde extrêmement sensible, le ministre israélien de la Sécurité publique Yitzhak Aharonovitch a annoncé mercredi soir son intention d'augmenter "la supervision des gens se rendant sur l'esplanade" en installant des détecteurs de métaux et des dispositifs d'identification faciale.
Les détecteurs de métaux ont disparu des portes de l'esplanade en 2000.

(13-11-2014)

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