Soixante-dix-huit mineurs ont été condamnés mercredi en Egypte à 2 à 5
ans de prison pour "appartenance à une organisation terroriste", parce
qu'ils avaient manifesté pour réclamer le retour du président islamiste
Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013, selon des sources
judiciaires. Le nouveau pouvoir égyptien est régulièrement accusé par
les organisations internationales de bafouer les droits de l'Homme
depuis qu'une implacable et sanglante répression s'est abattue sur les
partisans de M. Morsi.
L'ONU a ainsi qualifié de "sans précédent dans l'histoire récente" la
condamnation à mort de centaines de pro-Morsi dans des procès de masse
expédiés en quelques minutes. Les adolescents ont été condamnés en appel
à des peines de 2 à 5 ans d'emprisonnement par un seul tribunal
d'Alexandrie (nord) pour avoir participé à différentes manifestations
ces trois derniers mois, ont indiqué à l'AFP des sources judiciaires.
Ils peuvent se pourvoir en cassation. Des sources judiciaires ont
indiqué que les accusés étaient des garçons âgés de 13 à 17 ans, mais
leur avocat a déclaré que le plus jeune d'entre eux avait 15 ans.
"Les 78 mineurs, membres des Frères musulmans, avaient été arrêtés pour
avoir participé à des manifestations à l'appel de cette organisation
pour réclamer la chute du régime et avaient bloqué des routes et les
transports, et effrayé des citoyens pacifiques", a précisé l'agence de
presse gouvernementale MENA. L'avocat de la défense, Ayman El Dabi, a
indiqué qu'il allait se pourvoir en cassation.
Les adolescents sont en détention depuis leur interpellation, a-t-il
précisé, ajoutant que certains ne participaient même pas aux
manifestations, et "se trouvaient au mauvais endroit". Depuis la
destitution de M. Morsi, "le nombre d'enfants en prison est sans
précédent", a déclaré à l'AFP Ahmed Messilhy, qui dirige un comité du
syndicat des avocats, chargé de défendre les mineurs en Egypte.
Les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, avaient remporté toutes
les élections depuis la chute de Hosni Moubarak début 2011 à la suite
d'une révolte populaire. En juin 2012, Mohamed Morsi est devenu le
premier président élu démocratiquement en Egypte mais il a été destitué
par l'armée un an plus tard, après les manifestations de millions
d'Egyptiens réclamant son départ, lui reprochant de vouloir islamiser la
société à marche forcée. Depuis, 1.400 manifestants pro-Morsi ont été
tués par la police et l'armée et plus de 15.000 de ses partisans ont été
emprisonnés. Le nouveau pouvoir a décrété les Frères musulmans
"organisation terroriste".
Le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée
tombeur de M. Morsi, accuse les Frères musulmans d'être responsables des
nombreux attentats meurtriers qui visent la police et l'armée depuis
plus d'un an. Mais ces attaques sont revendiquées par des groupes
jihadistes qui disent agir en représailles à la répression visant les
islamistes et accusent les Frères musulmans de passivité. La confrérie
de M. Morsi condamne régulièrement les attentats et assure appeler à
manifester "pacifiquement".
Le groupe jihadiste le plus actif, Ansar Beït al-Maqdess, qui a
revendiqué un attentat ayant tué 30 soldats le 24 octobre, a récemment
fait allégeance à l'organisation Etat islamique (EI), qui multiplie les
atrocités en Syrie et en Irak.
(26-11-2014)
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