vendredi 28 novembre 2014

Israël/Palestine : Débat sur la reconnaissance de l'État palestinien à l'Assemblée nationale française

Après les Parlements britannique et espagnol, l'Assemblée débat à son tour vendredi de la reconnaissance de l'État palestinien par le biais d'une résolution non contraignante qui devrait être ensuite adoptée mardi sans le soutien de la droite. Le texte soumis aux députés par le groupe socialiste "invite le gouvernement à reconnaître l'État de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit" et juge que "la solution des deux États, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'État de Palestine aux côtés de celui d'Israël". Le débat, qui débute à 9 h 30, sera limité à 1 h 15 et suivi de la réponse du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Le vote solennel aura lieu le 2 décembre et le Sénat examinera un texte identique le 11.
Cette démarche, non contraignante pour le gouvernement, s'inscrit dans un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine, jusque-là envisagée comme l'aboutissement de négociations, soit utilisée comme un moyen de pression sur Israël pour relancer un processus au point mort depuis l'échec de la médiation américaine au printemps dernier. Cela alors que la viabilité même d'un État palestinien est menacée par la colonisation et qu'un nouveau cycle de violences menace. Répondant à l'invitation de personnalités israéliennes engagées pour la paix, des votes similaires viennent d'avoir lieu à la quasi-unanimité au Parlement britannique, au Sénat irlandais et au Congrès des députés espagnols. La Suède a reconnu l'État palestinien fin octobre, devenant le 135e État à le faire.
En France, la question est très sensible politiquement, à la fois parce que la cause palestinienne a toujours été très populaire et soutenue diplomatiquement et aussi parce qu'y vit la première communauté juive d'Europe (entre 500 et 600 000 personnes) qui dénonce une montée de l'antisémitisme ces dernières années. Ce vote risque d'"exacerber la situation" en France, a ainsi jugé l'ambassadeur d'Israël, Yossi Gal, en faisant allusion aux incidents survenus lors de manifestations pro-palestiniennes cet été durant l'intervention israélienne à Gaza. À Paris, des rassemblements "pro-israéliens" sont prévus à la mi-journée près de l'Assemblée, et des "pro-palestiniens" en fin d'après-midi.
Au PS, une dizaine de députés (sur 289) n'ont pas signé la résolution. Parmi eux, l'Alsacien Armand Jung, président du groupe d'amitié France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val-d'Oise), François Pupponi, commune qui abrite une forte population de confessions juive et musulmane. L'UMP, favorable à la solution des deux États au bout d'un processus de paix, est à une très grande majorité hostile à cette démarche, même si elle a prévu de répartir son temps de parole entre deux contre (Claude Goasguen et Pierre Lellouche) et un pour (Axel Poniatowski). Le chef de file du groupe UMP Christian Jacob argumente qu'on est "clairement dans le domaine réservé de l'exécutif". Candidat à la présidence du parti l'UMP, Nicolas Sarkozy a appelé à voter contre "une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat meurtrier (l'attaque contre une synagogue perpétrée à Jérusalem) et alors qu'il n'y a aucun processus de paix". Même argumentation à l'UDI. "Nous ne pensons pas que ce soit le bon moyen de passer par le Parlement", selon le président du groupe, Philippe Vigier.
À gauche, le texte sera soutenu "avec enthousiasme" par les écologistes et le Front de gauche, qui avaient déposé leurs propres résolutions, tandis que les radicaux de gauche sont partagés. Pour les communistes, "c'est un combat historique", a rappelé le député François Asensi, qui a appelé le gouvernement à une reconnaissance "au lendemain du vote". Mais le gouvernement, qui a donné son aval à la démarche des parlementaires, "n'est pas lié", a rappelé la semaine dernière Laurent Fabius, pour qui la reconnaissance doit être "utile" à un règlement du conflit, et pas simplement symbolique". Paris veut agir dans un cadre international concerté. Et notamment à l'ONU, où les Palestiniens ont annoncé leur intention de déposer une résolution réclamant la fin de l'occupation israélienne en 2016. Afin d'éviter le veto américain, la France tente avec ses partenaires européens de promouvoir un texte alternatif qui ne fixe pas de calendrier, selon des sources françaises.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire