"La situation est devenue explosive et on ne peut plus attendre", a dit le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina. "Il faut jeter un seau d'eau froide sur cette situation explosive", lui a fait écho le ministre israélien des Finances, Yaïr Lapid. L'escalade fait redouter une troisième Intifada, du nom des deux soulèvements populaires palestiniens qui ont fait des milliers de morts de 1987 à 1993 et de 2000 à 2005. Après deux attentats à la voiture-bélier qui ont fait quatre morts (outre les deux auteurs palestiniens) depuis fin octobre à Jérusalem et deux meurtres lundi en Cisjordanie et à Tel-Aviv, les Israéliens ont renoué avec un sentiment d'insécurité. La municipalité a néanmoins approuvé la construction de 200 nouveaux logements dans le quartier de colonisation de Ramot à Jérusalem-Est, a dit à l'AFP Pepe Alalo, conseiller municipal d'opposition.
M. Alalo ainsi que la Paix maintenant se sont alarmés de la décision et son timing. "C'est terrible, en pleine période aussi sensible", s'est ému Lior Amihaï, un responsable de l'organisation israélienne anti-colonisation.
La poursuite de la colonisation (la construction de logements dans les territoires palestiniens occupés par Israël et notamment à Jérusalem-Est) est l'un des facteurs de la colère palestinienne, avec l'occupation, les arrestations, les brimades ou le chômage. Cette exaspération est catalysée par les passions autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est. La partie palestinienne de la ville sainte annexée par Israël, en proie aux violences depuis l'été, est le théâtre d'affrontements entre jeunes Palestiniens et policiers israéliens jour et nuit. La Cisjordanie est également sous tension. Un Palestinien y a mortellement poignardé une femme colon lundi et les soldats israéliens y ont tué un Palestinien mardi.
Depuis lundi, l'armée israélienne a déployé des renforts en Cisjordanie. La communauté internationale suit l'évolution avec préoccupation. "Mon inquiétude est immense", a dit dans un communiqué Tony Blair, envoyé spécial du quartette (Nations unies, Union européenne, États-Unis et Russie) au Proche-Orient. Avant même l'annonce d'un nouveau projet de colonisation, il prévenait qu'une telle initiative ne ferait "qu'enflammer" davantage la situation. Pour le roi de Jordanie Abdallah II aussi, la poursuite de la colonisation "torpille tous les efforts" de paix.
Mais c'est le statut de l'esplanade des Mosquées qui demeure la ligne rouge des Palestiniens. L'esplanade est à la fois le troisième lieu saint pour les Musulmans, et le plus haut lieu saint pour les Juifs. Abdallah II, dont le pays est le gardien du site même si Israël en contrôle les accès, a reçu mercredi le président palestinien et a exprimé son "rejet total des agressions et provocations israéliennes répétées", selon un communiqué du palais royal. Palestiniens et Jordaniens redoutent qu'Israël, malgré les dénégations officielles, tente de modifier le statu quo en vigueur qui interdit aux juifs de prier sur l'esplanade.
Les perspectives de reprise des efforts pour résoudre un conflit vieux de plus de 60 ans ont rarement paru plus sombres. Dans ce contexte, la chambre des députés française procédera le 28 novembre, après le Parlement britannique le mois dernier, à un vote non contraignant, mais très symbolique sur un texte invitant Paris à reconnaître l'État palestinien.
(12-11-2014)
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