Israël a approuvé mercredi la construction de deux cents nouveaux
logements à Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée de
la Ville sainte, passant outre la réprobation internationale contre la
poursuite de la colonisation qui contribue à l'actuelle escalade des
tensions. Les violences se sont poursuivies, avec l'incendie d'une
mosquée à l'aube en Cisjordanie occupée et le jet d'un cocktail Molotov
sur une synagogue désaffectée dans une localité arabe du nord d'Israël
mardi soir.
La nouvelle escalade des tensions entre Israéliens et Palestiniens doit
être au coeur des discussions prévues jeudi à Amman entre le secrétaire
d'État américain John Kerry et le président palestinien Mahmoud Abbas. À
la veille de cette rencontre, les États-Unis ont une nouvelle fois
critiqué leur allié israélien à propos de la poursuite de la
colonisation à Jérusalem-Est. "Ces décisions d'étendre les constructions
peuvent exacerber la situation difficile sur le terrain et ne
contribueront pas à apaiser la tension", a dénoncé la porte-parole du
département d'État Jennifer Psaki. Elle a estimé que cela "allait à
l'encontre de l'objectif affiché de parvenir à une solution à deux
États" israélien et palestinien.
Pour le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina,
"la situation est devenue explosive et on ne peut plus attendre". "Il
faut jeter un seau d'eau froide sur cette situation explosive", lui a
fait écho le ministre israélien des Finances, Yaïr Lapid. L'escalade
fait redouter une troisième Intifada, du nom des deux soulèvements
populaires palestiniens qui ont fait des milliers de morts de 1987 à
1993 et de 2000 à 2005. Après deux attentats à la voiture-bélier qui ont
fait quatre morts (outre les deux auteurs palestiniens) depuis fin
octobre à Jérusalem et deux meurtres lundi en Cisjordanie et à Tel-Aviv,
les Israéliens ont renoué avec un sentiment d'insécurité.
La municipalité israélienne a néanmoins approuvé la construction de deux
cents nouveaux logements dans le quartier de colonisation de Ramot à
Jérusalem-Est, a dit à l'AFP Pepe Alalo, conseiller municipal
d'opposition.
Pepe Alalo ainsi que La Paix maintenant se sont alarmés de la décision
et de son timing. "C'est terrible, en pleine période aussi sensible",
s'est ému Lior Amihaï, un responsable de l'organisation israélienne
anti-colonisation.
La poursuite de la colonisation (la construction de logements dans les
territoires palestiniens occupés par Israël et notamment à
Jérusalem-Est) est l'un des facteurs de la colère palestinienne, avec
l'occupation, les arrestations, les brimades ou le chômage. Cette
exaspération est catalysée par les passions autour de l'esplanade des
Mosquées à Jérusalem-Est.
La partie palestinienne de la Ville sainte, en proie aux violences
depuis l'été, est le théâtre d'affrontements entre jeunes Palestiniens
et policiers israéliens jour et nuit. La Cisjordanie est également sous
tension. Un Palestinien y a mortellement poignardé une femme colon lundi
et les soldats israéliens y ont tué un Palestinien mardi. Les violences
se sont propagées depuis samedi aux villes arabes d'Israël et à
Tel-Aviv, où un Palestinien a tué lundi un soldat israélien à coups de
couteau. Une mosquée du village d'Al-Mougheir, proche de la colonie
israélienne de Shilo, a été la cible mercredi d'un incendie imputé par
les Palestiniens à des colons israéliens.
Depuis lundi, l'armée israélienne a déployé des renforts en Cisjordanie.
La communauté internationale suit l'évolution avec préoccupation. "Mon
inquiétude est immense", affirme dans un communiqué Tony Blair, envoyé
spécial du Quartette (Nations unies, Union européenne, États-Unis et
Russie) au Proche-Orient. Avant même l'annonce d'un nouveau projet de
colonisation, il prévenait qu'une telle initiative ne ferait
"qu'enflammer" davantage la situation. Pour le roi de Jordanie Abdallah
II aussi, la poursuite de la colonisation "torpille tous les efforts" de
paix.
Mais c'est le statut de l'esplanade des Mosquées qui demeure la ligne
rouge des Palestiniens. L'esplanade est à la fois le troisième lieu
saint pour les musulmans, et le plus haut lieu saint pour les juifs.
Abdallah II, dont le pays est le gardien du site même si Israël en
contrôle les accès, a reçu mercredi le président palestinien et a
exprimé son "rejet total des agressions et provocations israéliennes
répétées", selon un communiqué du palais royal.
Palestiniens et Jordaniens redoutent qu'Israël, malgré les dénégations
officielles, tente de modifier le statu quo en vigueur, qui interdit aux
juifs de prier sur l'esplanade. Alors que la communauté internationale
s'efforce de faire retomber la tension, Israël a annoncé mercredi qu'il
ne participera pas à la commission d'enquête de l'ONU sur de possibles
violations du droit international lors de la guerre à Gaza cet été.
Les perspectives de reprise des efforts pour résoudre un conflit vieux
de plus de soixante ans ont rarement paru plus sombres. Dans ce
contexte, la chambre des députés française procédera le 28 novembre,
après le Parlement britannique le mois dernier, à un vote non
contraignant mais très symbolique sur un texte invitant Paris à
reconnaître l'État palestinien.
(13-11-2014 - Assawra avec les agences de presse)
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