jeudi 11 octobre 2012

Egypte : Le projet de Constitution soumis à la population

L’Assemblée constituante égyptienne a rendu publique mercredi une ébauche de projet de Constitution qui, si elle se concrétise, réduira fortement les prérogatives du président au profit du parlement.
Une telle évolution marquerait une rupture en Egypte, gouvernée pendant des décennies par des régimes autocratiques jusqu’au soulèvement populaire ayant abouti en février 2011 au renversement d’Hosni Moubarak.
De nombreuses questions épineuses sont laissées de côté dans le texte soumis mercredi au débat public. Il ne précise pas notamment le degré de contrôle des institutions civiles sur l’armée, qui ont fourni au pays tous ses présidents entre le renversement de la monarchie en 1952 et celui d’Hosni Moubarak.
"J’invite la société égyptienne (...) à travers tout le pays à s’emparer de ce premier jet, un stylo à la main, et à dire cet article est bon, cet article est mauvais, cet article pourrait être amélioré, je propose ceci, et ainsi de suite", a déclaré Mohamed Beltagi, député de la Constituante et membre du Parti Liberté et Justice créé par les Frères musulmans.
L’ancienne Constitution n’imposait aucune limite au nombre de mandats présidentiels, ce qui a notamment permis à Hosni Moubarak de rester 30 ans au pouvoir. Le projet présenté mercredi interdit plus de deux mandats, conformément à une réforme adoptée après la chute de l’ancien "raïs".
Autre rupture avec le passé, les futurs chefs de gouvernement devront obtenir la confiance du parlement, ce qui empêchera de fait le président d’imposer un Premier ministre ne convenant pas à la majorité issue des urnes.
"Si je commence à énumérer les prérogatives retirées au président, il va me falloir du temps", a dit Gamal Gebril, président de la commission chargée de rédiger la section relative aux pouvoirs présidentiels.
La rédaction du projet de Constitution suscite des tensions entre les libéraux et les laïques, particulièrement actifs dans la révolution, et les islamistes sortis victorieux des différents scrutins organisés depuis le renversement d’Hosni Moubarak. Les débats les plus vifs portent notamment sur la place de l’islam dans la vie politique et institutionnelle, sur les droits des femmes, sur ceux des minorités religieuses et sur la liberté d’expression.
Après des mois de querelles sur le rôle de la "loi islamique", "les principes de la charia" sont définis comme la source principale de la législation. Cette formulation est identique à celle de la précédente Constitution mais il reste à définir ces "principes de la charia".
Le projet ne mentionne pas la proposition des islamistes les plus conservateurs de laisser l’université Al Azhar, l’une des plus hautes autorités de l’islam sunnite, participer à l’interprétation politique de la charia.
Les membres de la Constituante disent avoir jusqu’au 12 décembre pour achever leurs travaux. Tous les articles doivent être approuvés par une majorité de 57 députés sur 100.
Le projet de Constitution sera ensuite soumis à référendum puis les Egyptiens se rendront à nouveau aux urnes pour élire un parlement.

(11 Octobre 2012 - Assawra avec les agences de presse)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire