jeudi 11 octobre 2012

Arabie Saoudite : Al-Hijr, trésor nabatéen longtemps caché d’Arabie saoudite

"Magnifique !" : l’Irlandaise Angela MissKelly, époustouflée par Al-Hijr, site archéologique nabatéen du nord-ouest de l’Arabie saoudite, résume l’enchantement des visiteurs lorsqu’ils découvrent ce site longtemps caché au regard des touristes.
Décrite comme la cité nabatéenne la mieux conservée à l’exception de Petra en Jordanie, Al-Hijr, également appelé Madaïn Saleh, est le premier site archéologique saoudien à être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
"Mais où sont les touristes ? Si on avait un site comme celui-ci dans mon pays, on aurait vu des millions de touristes", s’étonne Mme MissKelly.
L’Arabie saoudite, royaume ultraconservateur abritant les lieux les plus saints de l’islam, a négligé pendant des décennies les vestiges préislamiques, se méfiant des touristes, archéologues et scientifiques qui s’intéressent aux civilisations antérieures au prophète Mahomet.
Al-Hijr, à 400 km au nord de Médine, ville sainte islamique de l’ouest de l’Arabie saoudite, est une cité antique creusée dans la roche sur plus de 15 km2. Elle comporte 138 tombes monumentales, la plupart ornées de façades décorées. Avec ses puits, le site est un exemple exceptionnel de la qualité de l’architecture des Nabatéens et de leur maîtrise des techniques hydrauliques.
Il offre un témoignage unique de la civilisation nabatéenne, entre les IIème et IIIème siècles av. J.-C., et de la période préislamique.
À son apogée et pendant près de deux siècles, le royaume nabatéen s’est étendu sur le sud de la Syrie, le désert du Néguev et le Hejaz (nord-ouest saoudien).
Les Nabatéens, à l’origine des nomades de la Péninsule arabique, ont été les maîtres du commerce de l’encens, des épices et des plantes aromatiques durant l’Antiquité tardive. Ils contrôlaient alors les routes terrestres reliant l’océan Indien à la mer Rouge et à la Méditerranée.
La civilisation nabatéenne a périclité sous les coups de l’empire romain qui a annexé leur zone d’influence en 106 de notre ère.
A al-Hijr, le nombre de visiteurs a atteint les 40.000 l’an dernier, principalement des Saoudiens et des résidents étrangers du royaume tels que Mme Misskelly.
Ce nombre pourrait doubler avec l’assouplissement des conditions d’accès, et la possibilité d’obtenir une autorisation de visite sur place et pas seulement à Ryad.
A plus long terme, les autorités prévoient des infrastructures hôtelières. Deux musées liés au pélerinage de La Mecque ont été ouverts sur place.
Tarek al-Adawi, un jeune Saoudien venu en famille, se dit impressionné par la majesté des lieux. "Comment ont-ils pu creuser la roche de la sorte ?" s’interroge-t-il au pied d’une tombe monumentale. "J’encourage les Saoudiens à venir visiter ce lieu".
Des missions archéologiques étrangères fouillent avec une équipe saoudienne sur une partie du site pour tenter de mieux comprendre la civilisation nabatéenne.
La zone d’Al-Hijr recèle les vestiges d’autres civilisations. A Al-Alaa, 22 km au sud d’Al-Hijr, des tombes creusées au sommet d’une montagne de rocs roses témoignent d’une implantation humaine ancienne.
Des fouilles sont en cours, et l’ouverture au public devrait intervenir prochainement.
"C’était une capitale du commerce ancien, située sur le route de l’encens et des épices. Ce lieu était le capitale du royaume des Maïn jusqu’à l’arrivée des Nabatéens", explique Suleiman al-Motlak, représentant local du département du tourisme saoudien.
Selon lui, des éléments comme des épigraphes en écriture lihyanite tendent à prouver une implantation humaine dès le IIIème siècle av. J.-C..

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