mardi 2 octobre 2012

Syrie: L'armée de Bashar pilonne la région de Damas, envoi de renforts à Alep

Le régime syrien affichait mardi sa volonté de porter un coup décisif à la rébellion, avec une offensive dans la région de Damas, où plusieurs villes ont été bombardées, et l’envoi de renforts à Alep.
Parallèlement, à la frontière turque, un combattant kurde syrien a été tué par des tirs de l’armée turque, dans le premier incident du genre entre les deux pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
A Douma, ville rebelle au nord-est de la capitale, deux civils ont été tués dans des bombardements des forces gouvernementales au petit matin, selon cette source. Dans le même temps, six soldats ont été tués dans une attaque lancée par les rebelles contre un centre médical dans la ville, accusé par les rebelles d’avoir été transformé en caserne et d’abriter des snipers.
Une vidéo postée par des militants parle de l’"exode" des habitants de Douma en raison des bombardements et montre plusieurs véhicules, à bord desquels on peut apercevoir des femmes, sur une route en pleine nuit.
Toujours dans la région de Damas, la localité de Yabroud et la ville touristique de Zabadani ont également été bombardées, selon des militants.
Le quotidien officiel al-Baas a évoqué mardi l’approche de "la fin des opérations de sécurité dans l’ensemble de la province de Damas".
Les forces gouvernementales "ont détruit de nombreux stocks d’armes et saisi de grandes quantités de munitions et d’équipements dont des mitrailleuses fabriquées en Israël, ce qui augure de l’approche de la fin des opérations de sécurité dans l’ensemble de la province de Damas", selon le journal.
Lundi, la rébellion avait à l’inverse affirmé avoir pris des missiles anti-aériens longs de plusieurs mètres dans un arsenal de l’armée dans cette province.
Ailleurs dans le pays, à Alep (nord), deuxième ville du pays et enjeu majeur du conflit, le quartier de Hanano City a été violemment bombardé à l’aube, d’après l’OSDH, et de nouveaux affrontements ont éclaté dans la vieille ville, selon des habitants.
Six jours après le lancement par les rebelles locaux d’une offensive qui n’a pas permis d’avancée majeure, le journal officiel al-Watan a affirmé que de "nouveaux renforts" militaires avaient été dépêchés à Alep.
"Ceci est un signe de la détermination de l’armée syrienne pour gagner au plus vite la bataille d’Alep" face à des rebelles "fatigués", souligne le journal. Lundi, des combats entre soldats et rebelles s’étaient déroulés dans et aux abords des souks d’Alep, classés par l’Unesco et déjà partiellement détruits par un incendie à la suite de combats ce week-end.
A la frontière turque, des tirs de l’armée d’Ankara ont par ailleurs tué un combattant kurde syrien proche de l’organisation PKK et blessé deux autres, dans un incident inédit depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, selon l’OSDH.
L’accrochage s’est produit dans la province syrienne à population kurde de Hassaka (nord-est), contrôlée par les milices kurdes depuis un retrait sans combat des forces régulières syriennes en juillet.
Ankara a accusé par le passé Damas, son ancien allié, d’avoir "confié" plusieurs zones du nord de la Syrie à des émanations du PKK, considéré comme terroriste par la Turquie, dans une action "dirigée contre" elle.
Les Kurdes syriens se sont prudemment engagés dans le soulèvement contre le régime de Bashar Al-Assad mais ont tenté de garder à l’abri des violences leurs régions, où les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ne sont pas présents.
Les violences ont fait 156 morts en Syrie lundi, dont 84 civils selon l’OSDH.
Le conflit a fait plus de 30.000 morts depuis son début en mars 2011, selon cette source.
Lundi à New York, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé le régime syrien "à montrer de la compassion pour son propre peuple" et a solennellement mis en garde Damas contre toute utilisation de son arsenal d’armes chimiques.
Cet appel a été relayé par Téhéran, principal allié régional de la Syrie, le ministre iranien des affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, ayant souligné en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, que "si cette hypothèse se vérifiait (...), ce serait la fin de tout".
"Si un pays quel qu’il soit, y compris l’Iran, utilise des armes de destruction massive, c’est la fin de la validité, de la légitimité (...) de ce gouvernement", a insisté le représentant iranien.
Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, a pour sa part assuré à la tribune de l’ONU que Damas "croit toujours en une solution politique", tout en accusant les Etats-Unis de tenter d’instrumentaliser la question des armes chimiques, que Damas a reconnu posséder il y a deux mois.
Par ailleurs, le Yémen a confirmé mardi la capture début septembre en Syrie de cinq de ses officiers par un groupe islamiste rebelle, tout en assurant qu’ils ne prenaient aucune part aux combats.
Cet enlèvement a été revendiqué dimanche dans une vidéo par le Front Al-Nosra, implanté notamment à Alep, qui a accusé les officiers yéménites d’avoir prêté main-forte à l’armée syrienne. Selon Saana, il s’agit cependant de simples "étudiants" à l’académie militaire d’Alep.

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