Le régime syrien affichait mardi sa volonté de porter un coup décisif à
la rébellion, avec une offensive dans la région de Damas, où plusieurs
villes ont été bombardées, et l’envoi de renforts à Alep.
Parallèlement, à la frontière turque, un combattant kurde syrien a été
tué par des tirs de l’armée turque, dans le premier incident du genre
entre les deux pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme
(OSDH).
A Douma, ville rebelle au nord-est de la capitale, deux civils ont été
tués dans des bombardements des forces gouvernementales au petit matin,
selon cette source. Dans le même temps, six soldats ont été tués dans
une attaque lancée par les rebelles contre un centre médical dans la
ville, accusé par les rebelles d’avoir été transformé en caserne et
d’abriter des snipers.
Une vidéo postée par des militants parle de l’"exode" des habitants de
Douma en raison des bombardements et montre plusieurs véhicules, à bord
desquels on peut apercevoir des femmes, sur une route en pleine nuit.
Toujours dans la région de Damas, la localité de Yabroud et la ville
touristique de Zabadani ont également été bombardées, selon des
militants.
Le quotidien officiel al-Baas a évoqué mardi l’approche de "la fin des
opérations de sécurité dans l’ensemble de la province de Damas".
Les forces gouvernementales "ont détruit de nombreux stocks d’armes et
saisi de grandes quantités de munitions et d’équipements dont des
mitrailleuses fabriquées en Israël, ce qui augure de l’approche de la
fin des opérations de sécurité dans l’ensemble de la province de Damas",
selon le journal.
Lundi, la rébellion avait à l’inverse affirmé avoir pris des missiles
anti-aériens longs de plusieurs mètres dans un arsenal de l’armée dans
cette province.
Ailleurs dans le pays, à Alep (nord), deuxième ville du pays et enjeu
majeur du conflit, le quartier de Hanano City a été violemment bombardé à
l’aube, d’après l’OSDH, et de nouveaux affrontements ont éclaté dans la
vieille ville, selon des habitants.
Six jours après le lancement par les rebelles locaux d’une offensive qui
n’a pas permis d’avancée majeure, le journal officiel al-Watan a
affirmé que de "nouveaux renforts" militaires avaient été dépêchés à
Alep.
"Ceci est un signe de la détermination de l’armée syrienne pour gagner
au plus vite la bataille d’Alep" face à des rebelles "fatigués",
souligne le journal.
Lundi, des combats entre soldats et rebelles s’étaient déroulés dans et
aux abords des souks d’Alep, classés par l’Unesco et déjà partiellement
détruits par un incendie à la suite de combats ce week-end.
A la frontière turque, des tirs de l’armée d’Ankara ont par ailleurs tué
un combattant kurde syrien proche de l’organisation PKK et blessé deux
autres, dans un incident inédit depuis le début du conflit en Syrie en
mars 2011, selon l’OSDH.
L’accrochage s’est produit dans la province syrienne à population kurde
de Hassaka (nord-est), contrôlée par les milices kurdes depuis un
retrait sans combat des forces régulières syriennes en juillet.
Ankara a accusé par le passé Damas, son ancien allié, d’avoir "confié"
plusieurs zones du nord de la Syrie à des émanations du PKK, considéré
comme terroriste par la Turquie, dans une action "dirigée contre" elle.
Les Kurdes syriens se sont prudemment engagés dans le soulèvement contre
le régime de Bashar Al-Assad mais ont tenté de garder à l’abri des
violences leurs régions, où les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL)
ne sont pas présents.
Les violences ont fait 156 morts en Syrie lundi, dont 84 civils selon l’OSDH.
Le conflit a fait plus de 30.000 morts depuis son début en mars 2011, selon cette source.
Lundi à New York, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé le
régime syrien "à montrer de la compassion pour son propre peuple" et a
solennellement mis en garde Damas contre toute utilisation de son
arsenal d’armes chimiques.
Cet appel a été relayé par Téhéran, principal allié régional de la
Syrie, le ministre iranien des affaires étrangères, Ali Akbar Salehi,
ayant souligné en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, que
"si cette hypothèse se vérifiait (...), ce serait la fin de tout".
"Si un pays quel qu’il soit, y compris l’Iran, utilise des armes de
destruction massive, c’est la fin de la validité, de la légitimité (...)
de ce gouvernement", a insisté le représentant iranien.
Le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Mouallem, a pour sa
part assuré à la tribune de l’ONU que Damas "croit toujours en une
solution politique", tout en accusant les Etats-Unis de tenter
d’instrumentaliser la question des armes chimiques, que Damas a reconnu
posséder il y a deux mois.
Par ailleurs, le Yémen a confirmé mardi la capture début septembre en
Syrie de cinq de ses officiers par un groupe islamiste rebelle, tout en
assurant qu’ils ne prenaient aucune part aux combats.
Cet enlèvement a été revendiqué dimanche dans une vidéo par le Front
Al-Nosra, implanté notamment à Alep, qui a accusé les officiers
yéménites d’avoir prêté main-forte à l’armée syrienne. Selon Saana, il
s’agit cependant de simples "étudiants" à l’académie militaire d’Alep.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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