jeudi 6 février 2014

Egypte : Le maréchal Sissi candidat à la présidence

L’armée égyptienne a affirmé jeudi qu’une interview de son chef à un quotidien koweïtien annonçant qu’il se présentera à la présidentielle a été mal "interprétée" et que le maréchal Abdel Fattah al-Sissi réserve l’annonce de sa candidature éventuelle au seul "peuple égyptien".
Dans des propos attribués à M. Sissi, nouvel homme fort de l’Egypte depuis qu’il a destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi, le quotidien koweïtien Al-Seyassah assurait jeudi qu’il annonçait sa candidature. Dans un communiqué, l’armée ne dément pas qu’il le fera, mais assure que le maréchal ne l’a pas dit de manière "directe" à Al-Seyassah. L’armée a mandaté Sissi la semaine dernière pour se présenter à la présidentielle, mais il doit d’abord prendre sa retraite de militaire pour postuler à la magistrature suprême.

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Le maréchal Sissi candidat à la présidence en Egypte
Le maréchal Abdel Fattah al Sissi a décidé de se porter candidat à la présidence de la République égyptienne et l’annonce dans une interview que publie jeudi un journal koweïtien.
Le chef d’état-major des forces armées et ministre de la Défense explique n’avoir "pas d’autre choix" que celui de répondre à l’appel du peuple égyptien en se portant à présent candidat à la magistrature suprême.
"Je ne rejetterai pas cet appel", ajoute dans les colonnes du quotidien Al Seyassah celui qui a déposé en juillet dernier l’islamiste Mohamed Morsi, premier président civil élu librement de l’histoire de l’Egypte.
L’officialisation de sa candidature était attendue depuis longtemps.
L’adoption mi-janvier de la nouvelle Constitution par référendum suivie quelques jours plus tard par le feu vert du Conseil suprême des forces armées (CSFA) l’en avaient rapprochée.
L’élection présidentielle, qui se tiendra avant les législatives, contrairement à ce que prévoyait la feuille de route présentée après le renversement de Morsi, devrait avoir lieu d’ici au mois de juin.
"Je soumettrai cela au peuple égyptien pour renouveler la confiance par le biais d’élections libres", poursuit le maréchal Sissi.
Sa candidature, très attendue, devrait accentuer les tensions en Egypte où les partisans de Mohamed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, dénoncent son éviction et la répression qui a suivi.
Un millier de membres de la confrérie ont été tués et ses principaux dirigeants, dont Morsi, incarcérés. Le mouvement lui-même a été officiellement déclaré organisation terroriste par les autorités provisoires mises en place avec l’appui de l’armée.
Pour une partie de la population égyptienne, Abdel Fattah al Sissi, objet d’un véritable culte de la personnalité, est l’homme fort dont le pays a besoin pour sortir de la crise politique et économique et relever les défis sécuritaires, notamment dans le Sinaï où une insurrection islamiste a fait des centaines de morts parmi les forces de sécurité.
Sa candidature devrait donc aboutir, trois ans après la "révolution du Nil" au rétablissement au pouvoir de l’armée, qui a dirigé l’Egypte sans discontinuer du renversement de la monarchie en 1952-1953 à la chute d’Hosni Moubarak, en février 2011.
Des diplomates occidentaux confient toutefois que Sissi, qui est âgé de 59 ans, a longtemps résisté à l’idée d’une candidature, redoutant que la tâche soit trop lourde à assumer. "J’imagine qu’au fond de lui, il se dit qu’une fois qu’il n’aura plus l’uniforme, il deviendra plus vulnérable. Il y a toujours le risque d’une autre prise du pouvoir", commentait l’un d’eux.
Du reste, Sissi prévient dans les colonnes du quotidien koweïtien : "Nous ne jouerons pas avec les rêves du peuple pas plus que nous ne leur dirons que nous avons une baguette magique. Je leur dirai de joindre leurs mains et d’oeuvrer ensemble pour construire ce pays de 90 millions d’habitants."

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