mardi 18 février 2014

Libye : un 3e anniversaire de la révolution dans l’inquiétude

Les Libyens célèbrent lundi le troisième anniversaire du début de leur révolution qui a renversé le régime de Muammar Kadhafi en 2011, dans un climat d’incertitude marqué par une profonde crise politique et une insécurité persistante.
Le Premier ministre Ali Zeidan a appelé les Libyens à faire preuve de volonté pour faire face aux difficultés politiques et économiques qui paralysent le pays.
Les suites de la révolte constituent un "défi" pour les Libyens, a-t-il affirmé. "Il s’agit d’une aventure qui n’est pas simple, semée d’embûches et d’étapes qui nécessitent la volonté de tous pour être surmontées", a-t-il poursuivi soulignant toutefois les avancées obtenues avec la "fin d’un pouvoir individuel et tyrannique" et la liberté d’expression.
Aucun programme officiel n’est prévu pour ce troisième anniversaire. Mais des célébrations spontanées sont organisées depuis samedi dans plusieurs villes, notamment à Benghazi (est) où avait eu lieu la première manifestation contre le régime, le 15 février 2011, avant que le mouvement prenne forme de manière plus organisée à partir du 17 février.
Des proches de victimes du massacre de 1996 dans la prison d’Abou Slim à Tripoli avaient été à l’origine de ces protestations pour dénoncer l’arrestation de leur avocat.
Le mouvement, devenu conflit armé, a fait des milliers de morts et de blessés et a abouti à la chute du colonel Kadhafi fin août et à sa mort le 20 octobre.
A Tripoli, des festivités sont prévues lundi sur la place des martyrs en plein centre-ville où des estrades ont été installées sur la place pavoisée de drapeaux de l’indépendance.
Les trottoirs ont été repeints par des jeunes volontaires et des éclairages et ampoules multicolores accrochés dans les principales artères de la ville.
Toutefois, de nombreux Libyens n’ont pas le coeur à faire la fête.
"Les célébrations seront juste pour le plaisir de faire la fête. Il n’y a pas de quoi être fiers en ce qui concerne la situation actuelle du pays", déplore "Tripolitanian" sur son compte Twitter.
"Rien n’a été fait en trois ans. Nous en sommes toujours à faire du surplace", a indiqué à l’AFP Ahmed Fitouri universitaire qui affirme que "le peuple a été spolié de sa révolution par des politiciens qui n’en finissent pas de se quereller".
Plongé dans l’anarchie et le chaos, le pays est en proie à une crise politique sans précédent.
En effet, le Congrès général national (CGN, Parlement) la plus haute autorité politique et législative, fait face depuis fin janvier à un mouvement de contestation en raison de sa décision controversée de prolonger son mandat qui s’achevait initialement le 7 février.
Elu en juillet 2012, le Congrès avait pour mission notamment d’organiser des élections générales après l’adoption d’une Constitution dont la rédaction n’a pas encore commencé.
Sous la pression de la rue, le Congrès a annoncé dimanche un accord entre ses blocs politiques pour des élections anticipées, en vue de désigner de nouvelles autorités de transition en attendant la Constitution.
Aucun consensus n’a été trouvé toutefois sur le nouveau système politique à adopter pour la prochaine étape de transition.
Des élus se sont déclarés en faveur de l’élection d’un président et d’un Parlement, d’autres préconisent tout simplement d’élire à nouveau les 200 membres du Congrès.
Par ailleurs, le sort du Premier ministre Ali Zeidan qui a échappé fin janvier à une motion de censure au CGN, est toujours incertain. Des blocs parlementaires sont en train de s’accorder sur une personnalité consensuelle pour le remplacer, selon des sources au Congrès.
Pour l’analyste politique Soufiène al-Machri "la Libye court à sa perte. Les armes circulent partout et l’insécurité règne".
Selon lui "le pays se trouve dans l’impasse car les nouveaux dirigeants privilégient leurs propres intérêts au détriment de ceux de la nation en s’accrochant au pouvoir".

(17-02-2014)

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