Seul chef d’État européen présent sur les lieux, François Hollande
assiste ce vendredi à la cérémonie d’adoption de la nouvelle
Constitution de la Tunisie, avancée majeure de la transition amorcée
après la "révolution de jasmin" de l’hiver 2010-2011. Adoptée le 27
janvier par l’Assemblée nationale tunisienne au terme de plusieurs mois
d’une crise politique profonde, la nouvelle loi fondamentale doit
permettre de sortir de trois années de tensions entre islamistes et
laïques.
Son article premier dispose que la Tunisie est "un pays libre,
indépendant et souverain" ayant l’islam pour religion, l’arabe pour
langue et la république pour régime. Elle garantit aussi la liberté de
croyance et promeut l’égalité entre les sexes. "C’est une étape
importante, estime-t-on à l’Élysée, mais il reste encore beaucoup à
faire, notamment pour aller jusqu’aux élections", prévues avant la fin
de l’année.
Le déplacement de François Hollande, seul chef d’État européen présent
ce vendredi matin à Tunis, vise à récolter les fruits du soutien qu’il
était venu apporter l’été dernier à un processus démocratique alors
menacé par l’assassinat de figures influentes de l’opposition. "Ce
message n’était pas si facile à tenir en juillet, où l’on était dans une
période de tension", se rappelle un conseiller du chef de l’État.
L’assassinat en juillet de Mohamed Brahmi, fondateur du Mouvement du
peuple (Echaâb) et élu de l’Assemblée nationale constituante, a amplifié
des tensions qui étaient déjà vives depuis le meurtre de l’opposant
Chokri Belaïd cinq mois plus tôt et a fait craindre que la Tunisie,
berceau des mouvements du Printemps arabe, s’enfonce dans le chaos. Une
médiation de la société civile a pourtant permis une sortie de crise
avec la démission en janvier du Premier ministre Ali Larayedh, du
mouvement islamiste Ennahda, et son remplacement par Mehdi Jomaâ à la
tête d’un gouvernement de technocrates chargés de conduire le pays aux
élections.
Les célébrations de ce vendredi autour la nouvelle Constitution
interviennent quatre jours après que la police tunisienne a annoncé la
mort de sept activistes dont Kamel Gadhgadhi, un chef d’Ansar al Charia
recherché pour l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Dans son
discours devant les parlementaires, François Hollande devrait réitérer
sa promesse de soutenir les forces de sécurité tunisiennes qui sont par
ailleurs engagées dans une campagne contre des groupes islamistes dans
le sud du pays.
Soucieux de préserver le partenariat privilégié qu’entretient la France
avec la Tunisie, le chef de l’État devrait aussi promettre d’accentuer
la coopération dans tous les autres domaines avec l’instauration de la
démocratie. "La France est toujours le premier partenaire de la Tunisie
et entend bien le rester", résume un conseiller de François Hollande.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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