jeudi 20 février 2014

Syrie : les Occidentaux soumettent au vote un projet de résolution humanitaire

Les Occidentaux ont décidé de soumettre au vote du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution sur la situation humanitaire en Syrie auquel Moscou ne s’est pas rallié pour l’instant, prenant ainsi le risque d’un veto russe, ont indiqué mercredi des diplomates.
Le vote sur ce texte, qui a fait l’objet d’intenses négociations avec Moscou, devrait intervenir vendredi. L’ambassadeur australien à l’ONU Gary Quinlan a annoncé sur son compte Twitter que le projet "avait été soumis au Conseil ce (mercredi) soir, pour adoption cette semaine".
Le projet est présenté par l’Australie, le Luxembourg et la Jordanie et soutenu notamment par Londres, Washington et Paris.
Le texte, dont l’AFP a eu copie, appelle "toutes les parties à lever immédiatement les sièges des zones peuplées" et cite une série de localités qui sont ainsi assiégées dont Homs (centre), le camp palestinien de Yarmouk près de Damas et la Ghouta (périphérie rurale de Damas).
Il demande "l’arrêt immédiat de toutes les attaques contre les civils (..), y compris les bombardements aériens, notamment l’utilisation de barils explosifs", une référence claire à la tactique utilisée par l’armée syrienne à Alep (nord).
Il demande "à toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, d’autoriser sans délai un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave pour les agences des Nations unies et leurs partenaires, y compris à travers les lignes de front et à travers les frontières".
Cet accès transfrontalier est réclamé depuis longtemps par les humanitaires, afin que l’aide puisse être acheminée directement à partir de tous pays voisins comme l’Irak ou la Turquie, ce que Damas refuse pour l’instant.
Les demandes du Conseil s’adressent à "toutes les parties" mais visent tout particulièrement le gouvernement syrien, auquel il est rappelé qu’il a au premier chef la responsabilité de protéger sa population civile.
La résolution ne prévoit pas de sanctions automatiques en cas de non respect de ses dispositions. Mais elle laisse ouverte la possibilité pour le Conseil, sur avis du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon qui devra se prononcer dans un délai de 30 jours, de "prendre des mesures additionnelles en cas de non-mise en oeuvre de la résolution".
Il faudra toutefois, pour déclencher d’éventuelles sanctions, une nouvelle décision du Conseil, que la Russie bloquerait à coup sûr.
Selon des diplomates, Moscou refusait obstinément toute mention explicite de sanctions contre son allié syrien et s’est efforcé tout au long des discussions d’édulcorer les critiques visant Damas.
Le projet de résolution dénonce "l’augmentation des attaques terroristes" en Syrie, une des exigences de Moscou et un des leitmotiv de Damas.
"Il y a eu une vraie négociation et nous avons tenu compte des lignes rouges des Russes", a souligné un diplomate occidental. Le texte a été transmis au gouvernement russe et "la décision appartient à Moscou", a-t-il ajouté. "Nous ne savons pas encore si les Russes vont le bloquer ou non".
Depuis le début de la crise syrienne en mars 2011, la Russie a bloqué à trois reprises des résolutions occidentales visant à faire pression sur le régime syrien. La Chine s’est à chaque fois associée à ce veto russe.

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