Le chef d’état-major d’une importante coalition rebelle syrienne
soutenue par l’Occident a été limogé après la multiplication des revers
face aux troupes du régime et la montée en puissance de groupes
islamistes et jihadistes dans le conflit.
Sur le terrain, des combats acharnés se déroulaient aux abords du fief
rebelle de Yabroud près de Damas, alors que les violences risquent de
redoubler après l’échec d’un deuxième round de négociations de paix sur
fond de tensions renouvelées entre Russes et Américains.
Après l’avancée des troupes du régime de Bachar al-Assad ces derniers
mois, le Conseil militaire supérieur (CMS) qui chapeaute l’Armée
syrienne libre (ASL) a annoncé le limogeage du chef d’état-major Idriss
et son remplacement par le général de brigade Abdelilah al-Bachir, un
déserteur.
Il a invoqué dans un communiqué "la paralysie au sein de l’état-major"
de l’ALS, première coalition rebelle formée lors de la militarisation de
la révolte, et "les difficultés que rencontre la révolution syrienne"
face au régime. Selon une source de l’opposition, le principal reproche
fait au général Idriss, nommé en décembre 2012, est "la mauvaise
distribution des armes" en plus "d’erreurs dans les combats".
Le timing est crucial car ce changement pourrait se traduire par de
nouvelles livraisons de matériel militaire pour les rebelles de l’ASL,
notamment après l’échec des négociations de paix à Genève.
Soutenue par l’Occident et considérée comme la rébellion "modérée",
l’ALS a été affaiblie par les divisions et prise de vitesse par des
groupes jihadistes et d’autres coalitions rebelles. Le coup le plus dur
avait été lorsqu’en décembre 2013 Washington et Londres avaient décidé
de suspendre leur aide non létale, après la prise de sièges et dépôts
d’armes de l’ALS par des islamistes.
La rébellion est née de la répression sanglante par le régime de la
révolte pacifique déclenchée le 15 mars 2011, poussant déserteurs et
civils à prendre les armes. Le régime affirme combattre ce qu’il
qualifie de "terroristes" dans cette guerre qui a fait plus de 140.000
morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les insurgés qui misaient en septembre 2013 sur une frappe américaine,
finalement annulée, pour un changement dans l’équilibre des forces, ont
depuis subi revers après revers, l’armée reprenant un grand nombre de
leurs bastions.
Outre les fronts d’Alep (nord), Homs (centre) et Deraa (sud), où les
soldats assiègent et bombardent quasi quotidiennement par air et terre
les fiefs rebelles, de violents combats se déroulaient aux abords de la
ville de Yabroud, principal fief rebelle dans la région de Qalamoun,
frontalière du Liban, selon l’OSDH.
"L’armée de l’air lance en outre des barils d’explosifs sur les environs
de Yabroud pour couper les approvisionnements des rebelles et chasser
les civils", a indiqué l’OSDH.
L’armée est appuyée dans cette bataille par le Hezbollah pour qui la
prise de cette localité est cruciale. Le puissant parti argue en effet
que c’est de Yabroud que viennent les voitures piégées utilisées dans
les attentats meurtriers qui ont secoué ses bastions au Liban ces
derniers mois.
Côté humanitaire, l’évacuation des civils assiégés dans la ville de Homs
a été interrompue, le gouverneur Talal Barazi accusant les rebelles
d’avoir empêché la poursuite des opérations menées à la faveur d’une
trêve qui n’a pas été prolongée au-delà de samedi.
Face à la crise humanitaire et aux violences avec leur lot quotidien de
victimes, la communauté internationale a encore une fois échoué à
rapprocher les vues des belligérants à Genève. Aucune nouvelle date n’a
été fixée pour un nouveau tour de table, après l’échec de deux sessions.
Le secrétaire d’État américain, John Kerry, dont le pays soutient la
rébellion, a accusé la Russie, alliée du régime Assad, de "favoriser la
surenchère" du président syrien.
"Le régime a fait obstruction, il n’a rien fait sinon de continuer à
bombarder son propre peuple avec des barils d’explosif et à détruire son
propre pays. Et je regrette de devoir dire qu’il le fait avec le
soutien accru de l’Iran, du Hezbollah et de la Russie", a-t-il dit.
La réponse de Moscou n’a pas tardé : "ce n’est pas le régime qui crée le plus de problèmes mais les groupes terroristes".
(17-02-2014 - Assawra)
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