dimanche 16 février 2014

Egypte : le procès du président destitué Morsi ajourné au 23 février

Le procès intenté pour "espionnage" en vue de mener des "actions terroristes" au président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l’armée, a été ajourné dimanche au 23 février après le retrait des avocats de la défense.
A l’ouverture de l’audience au Caire, le président déchu a évoqué une "farce" et ses avocats se sont retirés, dénonçant la présence de parois insonorisées autour du box de l’accusé.
La cour a ajourné le procès au 23 février pour permettre au syndicat des avocats de désigner de nouveaux avocats pour défendre M. Morsi, qui est également poursuivi dans trois autres affaires.
Au côté de M. Morsi, premier chef de l’Etat élu démocratiquement en Egypte, figurent 35 co-accusés, dont des dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans, qui a remporté toutes les élections après la chute du régime de Hosni Moubarak début 2011. Ils encourent la peine de mort.
"Nous sommes dans une farce, et cela parce que vous avez peur de moi", a déclaré dimanche M. Morsi, qui n’a cessé de mettre en avant sa légitimité présidentielle lors de ses autres procès.
"Vous avez peur que le président parle", a-t-il ajouté, interpellant ses avocats : "Si cette farce continue, ne venez plus à la cour".
Vingt accusés ont comparu dimanche, dont le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et son adjoint, Khairat al-Chater. M. Morsi était installé dans un box distinct, avec l’un de ses anciens conseillers.
"Nous nous retirons jusqu’à ce que la cour enlève ce box vitré", a expliqué à l’AFP Mohamed Selim al-Awa, membre de la défense de M. Morsi. Le box en question est insonorisé afin d’empêcher M. Morsi et les autres accusés d’interrompre la procédure.
Depuis la destitution et l’arrestation de M. Morsi début juillet, le pouvoir mis en place par l’armée réprime ses partisans dans le sang. En sept mois, plus de 1.400 personnes, des manifestants islamistes pour la plupart, ont été tuées, dont la moitié au cours de la seule journée du 14 août au Caire, selon Amnesty international.
De même, plusieurs milliers de Frères musulmans, confrérie désormais déclarée "organisation terroriste", ont été arrêtés, dont la quasi-totalité de ses dirigeants qui encourent la peine de mort dans diverses affaires.
Des "procès politiques", dénoncent les Frères musulmans mais aussi des organisations internationales de défense des droits de l’Homme.
Dans le procès de dimanche, les accusés ont comparu pour "espionnage au profit de l’organisation internationale des Frères musulmans, de sa branche militaire et du Hamas", mouvement islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza, frontalière de l’Egypte.
Certains sont directement accusés d’"actes terroristes" et d’avoir cherché à "semer le chaos (...) en s’alliant avec des groupes jihadistes".
Dans trois autres procès, M. Morsi et des responsables de son gouvernement ou des Frères musulmans sont accusés d’avoir incité au meurtre de manifestants lorsqu’ils étaient au pouvoir, de s’être évadés de prison en 2011 avec la complicité présumée du Hamas et du Hezbollah libanais, et d’outrage à magistrats. Les deux premiers procès ont débuté mais les audiences sont à chaque fois ajournées au bout de quelques heures.

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