Les Etats-Unis et la Russie se sont engagés à contribuer à faire
sortir de l’impasse la Conférence de paix à Genève sur la Syrie, a
annoncé jeudi le médiateur de l’ONU Lakhdar Brahimi après une réunion
avec les représentants des deux pays.
"Ils ont promis qu’ils allaient aider à la fois ici, dans leurs
capitales et ailleurs à débloquer la situation pour nous", a déclaré à
la presse le médiateur.
Après trois jours de discussions à Genève
entre représentants syriens de l’opposition et du gouvernement, les
pourparlers sont dans l’impasse et aucune réunion n’a eu lieu jeudi
entre les deux parties.
Toutefois dans la soirée un responsable de l’opposition Bader Jamus,
secrétaire général de la Coalition, s’est déclaré insatisfait après une
rencontre avec les diplomates russes. Il y a eu aussi une rencontre de
l’opposition avec les Américains.
Les Russes "continuent d’adopter le même ton que nous avons déjà
entendu". Ils reprennent la priorité du régime, la lutte contre la
violence et le terrorisme, et "ils nous demandent de nous mettre
d’accord avec le régime pour combattre le terrorisme, c’est inacceptable
pour nous", a déclaré M. Jamous, rappelant que pour eux le président
syrien "est le premier terroriste".
M. Brahimi a eu une réunion avec le vice-ministre russe des Affaires
étrangères, Guennadi Gatilov, et la secrétaire d’Etat adjointe
américaine Wendy Sherman.
Face à "l’échec toujours là à nous contempler", il a promis au nom de
l’ONU, de ne pas laisser "une pierre non retournée s’il y a la
possibilité d’avancer, si ce n’est pas le cas, nous le dirons".
Cette impasse dans les discussions commence toutefois à inquiéter les
diplomates. "On s’attendait à ce que les discussions soient difficiles.
Mais on ne s’attendait pas à ce qu’ils soient incapables de trouver un
compromis sur un calendrier, et ça franchement, ça n’est pas bon", a
indiqué l’un d’entre eux, ayant requis l’anonymat.
Selon l’opposition il y a aura vendredi une nouvelle réunion de
M. Brahimi séparément avec chaque délégation et cela devrait signifier
la fin de cette seconde session de pourparlers.
M. Brahimi n’a pas donné d’indication sur la forme que pourrait prendre
l’aide des deux coparrains de la Conférence pour sortir du dialogue de
sourds qui a caractérisé les deux sessions de négociations, celle de
janvier et celle commencée lundi dernier.
Pour l’opposition M. Brahimi rendra ensuite compte à l’ONU à New York et
"ensuite nous déciderons s’il y aura d’autres réunions ou pas si le
régime change d’attitude", a averti M. Babous.
Aux Etats-Unis, le président Barack Obama doit retrouver vendredi le roi
Abdallah II de Jordanie en Californie pour parler notamment de la crise
en Syrie, avant de consulter Israël et l’Arabie saoudite dans les
semaines à venir.
Sur le terrain les regards restent rivés sur Homs, après les évacuations difficiles depuis les quartiers assiégés.
La patronne des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos a estimé
jeudi que l’évacuation de la ville martyre, située dans le centre de la
Syrie, n’était pas un progrès suffisant et a demandé au Conseil de
sécurité de donner aux humanitaires "les moyens de faire leur travail".
Elle a également indiqué à la presse que l’ONU avait des "assurances
verbales" des belligérants mais toujours pas de confirmation écrite que
la trêve à Homs serait prolongée. "Sans assurances écrites nous ne
pouvons pas continuer", a-t-elle averti.
Les Occidentaux ont exigé jeudi la libération des hommes arrêtés par les
services de sécurité syriens à leur sortie du réduit rebelle de Homs
tandis que l’aide humanitaire et l’évacuation des civils devrait se
poursuivre vendredi.
A Homs, où la vieille ville est assiégée par le régime depuis 18 mois,
le gouverneur Talal Barazi a annoncé à l’AFP que 70 hommes de 15 à 54
ans, parmi ceux qui étaient interrogés par les services de renseignement
après leur évacuation, avaient été libérés jeudi.
Au total 430 hommes en âge de porter les armes avaient été arrêtés à
leur sortie des quartiers assiégés, dont 181 ont été depuis libérés,
selon l’ONU.
Cependant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et
le militant Yazan, très peu d’entre eux ont été relâchés.
"Le régime doit savoir que le monde entier regarde avec une grande
inquiétude ce qui se passe à Homs et le statut des hommes évacués. Tout
tentative de les maintenir de manière arbitraire en détention ne sera
pas acceptée", a affirmé Edgar Vasquez, un porte-parole du département
d’Etat américain.
Au total depuis le 7 février, 1.417 personnes ont été évacuées du vieux
Homs, en vertu d’un accord entre le régime syrien et les rebelles
négocié par l’ONU. Il resterait 2000 personnes dans ce réduit de 2 km2,
en grande partie en ruines.
Dans le bras de fer entre les Occidentaux, qui appuient la rébellion, et
Moscou, fidèle allié de Bachar al-Assad, la Russie a présenté un projet
de résolution pour l’aide humanitaire au Conseil de sécurité de l’ONU
qui ne prévoit pas de menaces de sanctions contre le régime d’Assad,
contrairement au projet défendu par les Occidentaux et les pays arabes.
Depuis le lancement le 22 janvier des pourparlers de paix à Genève, le
nombre quotidien de morts n’a jamais été aussi élevé en trois ans de
révolte, avec plus de 200 morts par jour, selon l’OSDH.
(14-02-2014)
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