Le régime syrien et son allié russe ont accusé jeudi les Etats-Unis
d’attiser les violences en Syrie par leur soutien aux rebelles, avant un
vote à l’ONU sur l’humanitaire fixé samedi matin, qui risque de mettre
aux prises les deux grandes puissances.
La querelle russo-américaine a ressurgi après l’échec la semaine
dernière à Genève d’une nouvelle session de négociations entre régime et
opposition destinées à mettre fin au conflit dévastateur qui a fait
plus de 140 000 morts en trois ans selon une ONG et poussé à la fuite
des millions de Syriens.
Le régime de Bashar al-Assad a accusé la Jordanie voisine de vouloir
attiser le front de la rébellion dans le sud syrien, avec l’appui des
Etats-Unis et de l’Arabie saoudite.
"Le rôle de la Jordanie, en coordination avec les renseignements
américains, saoudiens et israéliens n’est plus un secret", écrit le
quotidien officiel As-Saoura, en accusant Washington de favoriser
"l’escalade".
Les rebelles dans le sud syrien, frontalier de la Jordanie, ont affirmé
mardi se préparer à une offensive d’envergure sur Damas. Des milliers
d’entre eux, entraînés en Jordanie depuis plus d’un an par les
Etats-Unis et d’autres pays occidentaux, participeront à l’assaut, selon
des sources du régime et de la rébellion.
En recevant le roi de Jordanie Abdallah II la semaine dernière, le
président américain Barack Obama avait affirmé sa volonté d’accroître la
pression sur Assad et son chef de la diplomatie John Kerry avait
accusé Moscou de "favoriser la surenchère" du président syrien à Genève.
"Nos partenaires disent que nous ne vaincrons pas le terrorisme en Syrie
tant que le président Assad sera au pouvoir", mais cette position
américaine "ne fera qu’encourager les extrémistes qui financent le
terrorisme", a dit jeudi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov,
en visite à Bagdad.
"Et au bout du compte, cela ne débouchera sur rien hormis une escalade
dans le conflit", a ajouté M. Lavrov, qui comme le régime syrien,
qualifie les rebelles de "terroristes".
Ces frictions qui ont jusqu’à présent empêché toute solution politique
au conflit devraient se manifester encore une fois lors d’un vote du
Conseil de sécurité de l’ONU sur un projet de résolution occidental
réclamant un meilleur accès humanitaire en Syrie.
La Russie, fidèle allié de Damas, ne s’est pas ralliée à ce texte,
âprement négocié entre les Occidentaux et Moscou, mais n’a pas donné
d’indication fiable sur ses intentions. Après avoir reçu le projet
mercredi soir, l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine avait demandé un
délai pour consulter son gouvernement.
Le projet appelle à une levée des sièges dans les "zones peuplées" et à
un arrêt immédiat des attaques contre les civils, y compris les
bombardements aériens avec des barils explosifs, une tactique utilisée
par les troupes du régime.
Il ne prévoit pas de sanctions automatiques en cas de non respect de ses
dispositions mais laisse la possibilité de "prendre des mesures
additionnelles".
Le projet cite la levée du siège imposé depuis juin par l’armée au camp
de réfugiés palestiniens de Yarmouk à Damas, où l’ONU a pu distribuer
mercredi une nouvelle aide -nourriture et médicaments- aux civils
assiégés.
Plus d’une centaine de personnes sont mortes de pénuries
dans le camp depuis octobre, selon l’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH).
Ailleurs en Syrie, les combats ne connaissent aucun répit. Au nord de
Damas, des soldats, appuyés par le Hezbollah libanais, et des rebelles
s’affrontaient pour le contrôle de Yabroud, fief rebelle près de la
frontière libanaise, a rapporté l’OSDH en faisant état d’"importantes
pertes". Selon les médias officiels, l’armée s’apprête à prendre le
contrôle de la zone.
Plus au nord, à Alep, huit soldats ont été tués dans un triple attentat
suicide mené par des rebelles du Front al-Nosra. Et à la frontière
syro-turque, au moins six personnes péri dans un attentat à la voiture
piégée au poste-frontière de Bab al-Salama, selon un responsable turc.
Concernant la destruction de l’arsenal chimique syrien, des sources
diplomatiques à La Haye ont affirmé que l’opération ne serait pas
achevée à la date prévue du 30 juin en raison de retards pris par le
régime pour évacuer les agents chimiques.
Ce retard pourrait être de "plusieurs mois" et les Etats membres de
l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) chargée de
l’opération ont exprimé leur colère à la veille d’un Conseil exécutif
de l’OIAC, selon ces sources.
(21-02-2014)
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