lundi 10 février 2014

Syrie : les premiers civils évacués de Homs après un long siège

Les premiers civils ont été évacués vendredi à bord d’un bus de la vieille ville de Homs assiégée depuis 600 jours, à la faveur d’un accord et d’une trêve entre armée et rebelles sur cet important front de la guerre en Syrie.
Parallèlement, le régime de Bashar al-Assad confirmait sa participation au deuxième round de négociations avec l’opposition, prévu le 10 février à Genève, et visant à trouver une issue politique à la guerre qui ravage la Syrie depuis près de trois ans.
Aux termes d’un accord impliquant les protagonistes et annoncé jeudi, des civils ont été évacués pour la première fois des quartiers assiégés par l’armée à Homs, considérée comme "la capitale de la révolution" et qui a payé au prix fort son opposition au régime Assad.
Selon un correspondant de l’AFP sur place, une dizaine de civils se trouvaient à bord d’un bus à la sortie de la vieille ville sous contrôle des rebelles.
Des images de télévisions ont montré des hommes âgés, enveloppés d’une couverture, le visage grave et visiblement dans un état de faiblesse en train de monter dans un bus, aidés des volontaires du Croissant rouge syrien.
Selon des militants, 11 civils, notamment des personnes âgées, ont pris place à nord du bus. L’agence officielle SANA a avancé le même chiffre en parlant d’une fillette de 10 ans et de dix personnes âgées.
Les télévisions ont montré une forte présence militaire près du premier bus, et des soldats empêchant les médias de s’approcher du véhicule.
Ces évacuations se poursuivront dans les prochains jours, selon le gouverneur de Homs (centre), Talal Barazi.
Plusieurs bus escortés par des ambulances du Croissant rouge étaient entrés le matin dans la vieille ville de Homs.
"D’après ce que nous a informés l’ONU, le nombre prévu de gens pour sortir aujourd’hui est près de 200", a dit le gouverneur. "Les enfants de moins de 15 ans, les hommes de plus de 55 ans et les femmes" sont autorisés à partir. Selon des militants anti-régime à Homs, un cessez-le-feu de quatre jours est entré en vigueur pour permettre cette opération.
L’aide humanitaire, vitale pour les habitants pris au piège, et promise également par l’accord leur parviendra samedi, selon le gouverneur. L’ONU a parlé "d’une aide vitale à 2500 civils".
C’est la première fois que des civils sont évacués de Homs depuis le siège imposé par l’armée en juin 2012.
La situation humanitaire désespérée dans ces quartiers rebelles du Vieux Homs, où les habitants grappillent tout ce qu’ils trouvent pour se nourrir, a été maintes fois dénoncée par la communauté internationale.
En effet, aux bombardements quasi-quotidiens s’ajoutaient la pénurie de nourriture et de matériel médical dans l’un des principaux fronts de la guerre entre le régime et les rebelles.
Il s’agira aussi du premier geste humanitaire du régime depuis le premier round de négociations avec l’opposition fin janvier à Genève.
Le régime a confirmé sa participation au deuxième round des négociations initiées sous la pression de Moscou et Washington, dans l’espoir d’une solution politique au conflit, déclenché par une contestation pacifique en mars 2011 et qui a fait plus de 136 000 morts et des millions de réfugiés.
"Il a été décidé que la délégation syrienne participera au 2e round des négociations à Genève" lundi, a déclaré Le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad, l’un des membres de la délégation au 1er round qui n’avait abouti à aucun résultat.
Et le prochain s’annonce aussi difficile tant les positions des protagonistes sont éloignées.
Moqdad a d’emblée répété que le régime, qui assimile les rebelles à des "terroristes" et exclut toute discussion sur un départ de Assad, insiste pour parler en premier de la question du "terrorisme", alors que pour l’opposition, le dossier central est la transition dans le pays excluant Assad.
L’opposition a déjà confirmé sa présence à la prochaine session, alors que les violences ne montrent aucun signe de répit.
Jeudi, les rebelles ont lancé un assaut contre la prison centrale d’Alep (nord), la deuxième du pays, contrôlant de larges partie de l’établissement, avant que les forces gouvernementales ne reprennent le dessus vendredi, selon l’OSDH. De plus, le sort des prisonniers était incertain en raison des versions contradictoires.
Ailleurs à Alep, le régime poursuivait ses raids aux barils d’explosifs qui ont tué plus de 250 personnes en 5 jours.
Le patron de l’ONU Ban Ki-moon a condamné ces pratiques, qui ont un "effet dévastateur sur les zones habitées" et sont contraires aux lois humanitaires internationales.

(07-02-2014)

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