mercredi 18 septembre 2013

Yémen : manifestation contre Saleh, accusé d’entraver le dialogue

Des dizaines de milliers de Yéménites ont manifesté mercredi à Sanaa pour réclamer la levée de l’immunité dont jouit l’ex-président Ali Abdallah Saleh alors qu’il est accusé d’entraver la conclusion de la conférence de dialogue national.
"Pas d’immunité, pas de garantie", "le peuple veut le jugement du tyran", clamaient les manifestants. La manifestation s’est déroulée pour commémorer la mort de 35 personnes, il y a deux ans jour pour jour, lors de tirs par les forces de M. Saleh sur un rassemblement qui réclamait son départ.
Cette manifestation est intervenue alors que l’ancien président, qui a dû céder le pouvoir en février 2012 mais demeure chef du Congrès populaire général (CPG, ancien parti présidentiel), est accusé de tenter d’entraver les travaux de la conférence de dialogue national.
La conclusion de dialogue, cruciale pour la poursuite du processus de transition politique, bute sur la question de l’autonomie du Sud.
Les partisans de M. Saleh bloquent un projet d’accord sur un Etat fédéral formé de deux entités, le Nord et le Sud, a déclaré à l’AFP Ahmad Awad Ben Moubarak, porte-parole de la conférence de dialogue.
Les deux délégués du CPG se sont retirés d’un comité qui avait élaboré lundi un projet d’accord préconisant l’instauration d’un Etat fédéral, a précisé le porte-parole.
Le chef de la diplomatie yéménite et membre dirigeant du CPG, Abou Bakr Al-Kirbi, a indiqué à l’AFP que la question de l’unité du Yémen était une ligne rouge pour son parti, et qu’il refusait un Etat fédéral formé de deux entités, une réminiscence de l’ancienne division du Yémen entre nord et sud.
Le Nord et le Sud se sont unifiés en 1990, et une tentative de sécession sudiste a été écrasée dans le sang par les troupes nordistes en 1994.
Depuis, les Sudistes se plaignent de discrimination, et sont divisés entre une tendance dure réclamant l’indépendance et une tendance modérée participant au dialogue à Sanaa.
M. Kirbi a ajouté que son parti avait élaboré "une contre-proposition" portant sur un Etat constitué de plusieurs entités.
"Il y a un conflit entre des forces du passé qui veulent préserver leurs intérêts, et des forces qui veulent un nouveau système politique", a dit le porte-parole, dans une allusion au CPG.
La conférence, qui aurait dû s’achever mercredi, est une étape clé du processus de transition pacifique, qui doit en principe déboucher sur l’élaboration d’une Constitution sur la base de laquelle des élections générales sont prévues en février 2014.
Le Yémen est le seul des pays du Printemps arabe où un soulèvement populaire s’est terminé par une solution négociée, et l’ONU qui a supervisé ce règlement est activement impliquée dans son application.
"Toute tentative de tergiverser ou d’entraver le dialogue est vouée à l’échec", a déclaré à l’AFP l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, appelant "toutes les parties à régler leurs divergences par le dialogue".
Il a exprimé l’espoir que les travaux de la conférence du dialogue national s’achèvent avant le 27 septembre, date à laquelle il doit présenter son rapport périodique, "afin que je puisse annoncer au Conseil de sécurité des développements positifs concernant cette expérience de dialogue unique dans la région arabe".
M. Benomar a rappelé que le Conseil de sécurité avait déjà nommément désigné en février dernier les parties entravant la transition, comme étant l’ancien président Saleh et le dirigeant de la faction dure des Sudistes, Ali Salem Al Baïd.
Un responsable du CPG, Yasser Al-Awadi, a affirmé sur Twitter qu’un diplomate d’un pays occidental membre du Conseil de sécurité de l’ONU avait averti le parti qu’il s’exposait à "des sanctions de la part de l’ONU s’il n’accepte pas l’accord dans un délai de 48 heures".
A Aden, principale ville du sud, quelques centaines d’indépendantistes se sont rassemblés mercredi soir au milieu d’un important déploiement policier, selon le correspondant de l’AFP.
"Non au dialogue, notre revendication est l’indépendance", proclamaient les manifestants qui brandissaient le drapeau de l’ex-Yémen du sud.
Un policier a été tué par des inconnus armés dans la ville où la situation était tendue.

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