vendredi 27 septembre 2013

Syrie : Cri d’alarme sur le patrimoine syrien en danger

(La Toge et le Glaive : Zénobie, Reine De Palmyre.)

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Au lourd bilan humain des combats en Syrie vient s’ajouter une liste de victimes collatérales : celle des oeuvres d’art et des sites historiques précieux qui tombent aux mains de pilleurs ou sous les bombes.
Une "liste rouge d’urgence" des objets d’art en danger a été lancée mercredi, au Metropolitan Museum of Art de New York, à l’initiative du Conseil international des musées (ICOM), avec la collaboration de l’Unesco et du département d’Etat américain.
"Des sites syriens majeurs ont été détruits ou endommagés durant ces deux années de guerre, tel le minaret de la Grande mosquée d’Alep ou encore le site gréco-romain d’Apamée", a déploré Bonnie Burnham, présidente du Fonds mondial pour les monuments.
Le premier, vieux de près d’un millénaire, s’est écroulé lors de combats entre l’armée syrienne et les rebelles en avril dernier, qui ont laissé la mosquée criblée de balles.
Le second, vestige archéologique de l’ère antique, a été victime d’"importants pillages", affirme encore Bonnie Burnham.
Ce n’est pas tout : à cause de la guerre qui déchire la Syrie, berceau des anciennes civilisations dont l’héritage vient des Grecs, de l’Empire byzantin ou encore de l’époque de l’Empire ottoman, de nombreux sites prestigieux et classés sont menacés.
Le site de Palmyre, oasis de ruines romaines faite de temples et de colonnes, est exposé au pillage et aux destructions, sans compter le château fort du Krak des Chevaliers, perché sur une colline à l’ouest de la Syrie, ou encore l’Ancienne ville de Damas, la capitale.
Le département d’Etat américain souligne qu’au total, l’ensemble des "six régions" du patrimoine syrien faisant partie du patrimoine mondial de l’Unesco, "soit 46 sites et des centaines de bâtiments historiques", sont "en danger".
Cette liste rouge vise donc à "alerter les autorités, les forces de police, les collectionneurs et les marchands d’art" sur les objets susceptibles de circuler illégalement, aujourd’hui ou dans le futur, au sein du marché de l’art, a expliqué Anne Richard, une responsable du département d’Etat, lors de la diffusion de cette liste, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.
Selon la diplomatie américaine, "des objets anciens ont été retrouvés alors que des trafiquants tentent de quitter le pays".
La liste rassemble un ensemble de pièces qui ne sont "pas des objets volés", précise Hans-Martin Hinz, président de l’ICOM, mais des objets "qui viennent de musées en Syrie et en dehors du pays", censés illustrer le type de pièces pouvant faire l’objet de trafic illégal.
Figurent ainsi des plaques en bronze incrustées d’écrits, des statuettes de pierres ou de métaux précieux, des vases en céramique, des éléments de mosaïque, etc.
"Protéger l’héritage culturel doit faire partie intégrante de l’effort humanitaire", estime Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco.
"On a retrouvé certains objets dans des marchés à Beyrouth, à Amman, mais on n’a pas pu faire grand chose", déplore-t-elle.
La situation en Syrie, "dramatique" à ses yeux, n’a rien d’unique. De telles listes avaient déjà été établies pour l’Irak, l’Egypte et l’Afghanistan. Dans ce pays, les bouddhas de Bâmiyân, détruits en 2001, sont devenus de célèbres victimes des talibans.
"Je ne connais pas l’ampleur de la situation dans chaque lieu, mais ce que j’ai vu à Apamée était choquant, terrible", raconte Sheila Canby, conservatrice du département des arts islamiques du Metropolitan Museum. "C’est aussi grave que ce qui s’est passé en Afghanistan".

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