Des militantes saoudiennes ont annoncé dimanche qu’elles entendaient
prendre le volant le 26 octobre dans le cadre d’une campagne lancée sur
Internet pour braver l’interdiction faite aux femmes de conduire dans ce
royaume ultra-conservateur. "Le 26 octobre, je conduirai une voiture", a
déclaré Nassima al-Sada, une militante des droits de l’homme. Elle a
affirmé qu’une vingtaine d’autres femmes étaient également décidées à se
mettre au volant le même jour dans la province orientale où elle
réside.
Les militants ont mis en ligne une pétition ces derniers jours pour
réclamer l’autorisation de conduire. Ce droit ne contrevient pas, selon
ses signataires, à la charia, la loi islamique invoquée dans les milieux
conservateurs partisans de cette interdiction. "Il n’y a pas un seul
texte dans la charia ni la jurisprudence islamique qui stipule cette
interdiction, laquelle ne trouve de justification que dans la tradition
ou les coutumes", soulignent les militantes.
"Tout comme les femmes parmi les compagnons du prophète (Muhammad [sws]) se
déplaçaient à dos de cheval et de chameau, il est de notre droit de
conduire en utilisant les moyens de transport de notre ère moderne",
poursuivent-elles dans leur pétition, qui a recueilli jusqu’à dimanche
plus de 5 000 signatures.
L’Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur qui applique une version
rigoriste de l’islam, est le seul pays du monde à interdire aux femmes
de prendre le volant. Des militantes avaient lancé en juin 2011 une
campagne pour braver cette interdiction, la plus importante après
l’arrestation en novembre 1990 de 47 Saoudiennes qui avaient manifesté
au volant de leur voiture.
Depuis, plusieurs d’entre elles ont pris le volant et certaines ont été
forcées par la police de signer un engagement à ne plus récidiver, selon
des militantes. En juin 2012, des militantes avaient appelé à nouveau à
défier l’interdiction de conduire à l’occasion du premier anniversaire
de la campagne, mais avaient annulé leur appel à la suite de la mort du
prince héritier, adressant une pétition au roi.
La controverse sur cette question "ne peut être tranchée que par une
décision ferme" des autorités, estiment les signataires de la nouvelle
pétition, avertissant que l’absence d’une telle décision "dans l’attente
d’un consensus social ne fait que renforcer les divisions" au sein de
la population.
"Plusieurs femmes sont volontaires pour apprendre à conduire ou pour
former d’autres femmes" à prendre le volant, a expliqué Nassima al-Sada,
évoquant des Saoudiennes ayant obtenu leurs permis de conduire à
l’étranger. Le 26 octobre, "je ne pourrai pas, personnellement, conduire
à cause d’un engagement pris à m’en abstenir après avoir été arrêtée
par la police au volant de ma voiture", a déclaré Najla al-Hariri, l’une
des plus importantes militantes saoudiennes, qui avait participé à la
campagne de 2011.
En Arabie saoudite, les femmes doivent engager un chauffeur ou, si elles
n’en ont pas les moyens, dépendre du bon vouloir des hommes de leur
famille. Elles sont en outre obligées de sortir voilées et ne peuvent
voyager sans l’escorte de leur mari ou d’un proche. Le roi Abdallah, un
prudent réformateur, a accordé le droit de vote aux femmes à partir des
prochaines élections municipales en 2015.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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