mercredi 25 septembre 2013

Syrie : Hollande et Rohani, une poignée de main historique (Assawra)

C’est du jamais-vu depuis 2005. Les présidents français et iranien, François Hollande et Hassan Rohani, se sont serré la main mardi, avant de discuter au siège des Nations unies du programme nucléaire iranien, de la Syrie et du Liban. Sans effusions, arborant l’un comme l’autre des sourires de circonstance, les deux chefs d’État, flanqués des drapeaux iranien, français et européen, ont échangé deux poignées de main "techniques", le temps de laisser oeuvrer la dizaine de photographes et de cameramen choisis par les deux délégations. François Hollande a également adressé quelques mots de bienvenue au président iranien, qui arborait sa tenue traditionnelle, turban blanc et cape noire.
Puis ils se sont engouffrés dans le bureau de la délégation française, au siège des Nations unies. Avec le Royaume-Uni, la France est le seul pays à avoir le privilège de posséder un tel bureau, dans le saint des saints de l’organisation mondiale, sa célèbre tour surplombant les rives de l’East River. Sous bonne garde, les deux dirigeants, leurs ministres des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Mohammad Javad Zarif, et quelques proches ont pris place autour d’une table de verre rectangulaire dans le bureau avec sa vue spectaculaire.
La rencontre à huis clos s’est prolongée pendant une quarantaine de minutes. Puis François Hollande a pris congé de son hôte avec un mot aimable, évoquant "un premier contact qui en appelle d’autres". Quant à Hassan Rohani, il a souhaité très diplomatiquement "un meilleur avenir" pour la relation entre les deux pays. Un proche du président Hollande a parlé d’une "rencontre dans un climat poli et courtois", marquée par "un dialogue franc et direct".
François Hollande en a outre souligné devant son interlocuteur "le caractère historique" de la rencontre, a-t-on confié de même source. Sur le fond, le président français a "noté les paroles d’ouverture" de son homologue iranien sur la Syrie ou le programme nucléaire de Téhéran. Les États-Unis et leurs alliés soupçonnent ce programme d’avoir des visées militaires, ce que l’Iran dément. Mais François Hollande a souligné aussi qu’il attendait que ces paroles soient "traduites maintenant dans les faits", insistant sur la nécessité de "parvenir à un gouvernement de transition en Syrie" et à "des résultats rapides" sur le contrôle international du programme nucléaire de Téhéran. Quant à Hassan Rohani, il a souhaité dans le huis clos de la rencontre que "la guerre prenne fin" en Syrie, se montrant "ouvert" à l’organisation d’une nouvelle conférence internationale de paix, d’ores et déjà baptisée Genève 2.
François Hollande restera comme le seul dirigeant occidental de premier plan à avoir rencontré le nouveau dirigeant iranien lors de cette 68e Assemblée générale des Nations unies. L’hypothèse d’un possible entretien avec le président américain Barack Obama, évoquée un temps, a finalement été écartée. Cette rencontre au sommet, organisée à la demande de la partie iranienne qui a lancé une offensive de charme à New York et occupé le devant de la scène lors de cette 68e Assemblée générale des Nations unies, avait été soigneusement préparée par les entourages des deux présidents, qui s’étaient mis d’accord la veille sur son ordre du jour. Huit ans plus tôt, la précédente rencontre entre deux chefs d’État français et iranien avait réuni Jacques Chirac et le réformateur Mohammad Khatami à Paris, en marge d’une manifestation de l’Unesco (organisation de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture).
François Hollande s’est aussi exprimé devant un parterre de chefs d’État sur les principaux sujets internationaux. Parmi ses propositions fortes, il souhaite notamment que soit institué un "code de bonne conduite" auprès des États membres du Conseil de sécurité de l’organisme - États-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie -, de telle sorte qu’à chaque fois qu’a lieu un "crime de masse" les cinq pays abandonnent leur droit de veto.
Comme auprès d’Hassan Rohani, le président français a réclamé des "gestes concrets" de la part de l’Iran sur le dossier nucléaire, appelant de ses voeux un dialogue "direct et franc". "Ce que la France attend de l’Iran, ce sont des gestes concrets qui témoignent que ce pays renonce à son programme nucléaire militaire, même s’il a le droit à un programme civil", a-t-il déclaré.
Le président français devait dans l’après-midi rencontrer le président iranien Hassan Rohani au siège des Nations unies, une rencontre inédite à ce niveau depuis 2005, quand Jacques Chirac s’était entretenu à Paris avec le réformateur Mohammad Khatami. Le président français a voulu voir une "lueur" dans les récentes déclarations, plus conciliantes, du nouveau président iranien. "Elles marquent une évolution", a-t-il estimé. "Ses mots doivent maintenant se traduire dans des actes. Dans le dossier nucléaire, les discussions piétinent depuis dix ans", a-t-il rappelé.
François Hollande a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à adopter une résolution prévoyant "des mesures coercitives" à l’encontre du régime syrien de Bachar el-Assad. Le chef de l’État français entend que la résolution en préparation puisse "prévoir des mesures coercitives, c’est-à-dire sous chapitre 7, qui ouvriraient la voie à une éventuelle action armée contre le régime en cas de manquement à ses obligations", a-t-il déclaré.

(25-09-2013 - Assawra avec les agences de presse)

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