jeudi 26 septembre 2013

Syrie : progrès à l’ONU sur une résolution sur les armes chimiques

Les grandes puissances réunies à New York ont progressé mercredi vers un accord sur plusieurs points cruciaux d’une résolution des Nations unies sur le désarmement chimique syrien, au moment où les experts de l’ONU faisaient leur retour à Damas.
Sur le terrain, la rébellion qui combat le régime de Bashar al-Assad depuis deux ans et demi s’est fracturée encore davantage, les principaux groupes islamistes rompant avec l’opposition politique et annonçant une nouvelle alliance avec un groupe lié à Al-Qaïda.
Les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) ont trouvé un accord sur "les principaux points" d’une résolution de l’ONU encadrant le désarmement chimique syrien, a indiqué un diplomate.
"D’importants progrès ont été faits sur certains points mais il reste des divergences et il faudra poursuivre les négociations", a nuancé un autre. Un diplomate russe a déclaré à l’AFP "que les discussions n’étaient pas terminées sur certains points essentiels", sans donner de détails.
"Nous faisons des progrès mais nous ne sommes pas au bout de nos peines", a assuré à l’AFP un responsable du département d’Etat.
Occidentaux et Russes s’opposent depuis des jours sur les moyens de contraindre la Syrie à appliquer le programme d’élimination de ses armes chimiques annoncé le 14 septembre à Genève.
Mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le président américain Barack Obama avait réclamé une résolution des Nations unies "ferme", assortie de "conséquences" pour le régime du dictateur Assad s’il ne tenait pas sa promesse de détruire ses armes chimiques.
Le texte désormais sur la table mentionne la possibilité de prendre ultérieurement "des mesures sous chapitre 7", c’est-à-dire coercitives, si la Syrie se dérobe à ses engagements de désarmement. Elle ne contient cependant pas de menace immédiate, selon une source diplomatique.
A Damas, l’équipe d’experts dirigée par Aake Sellström est arrivée dans un convoi de trois véhicules de l’ONU. Elle doit vérifier "13 ou 14" allégations des deux camps sur un recours à l’arme chimique dans les combats à travers le pays.
M. Sellström avait indiqué récemment que son équipe espérait pouvoir présenter un rapport final sur les accusations "peut-être à la fin octobre".
En août, ils avaient enquêté sur une attaque à l’arme chimique du 21 août près de Damas, qui avait fait près de 1.500 morts selon Washington. Dans leur rapport le 16 septembre, ils avaient conclu à l’utilisation de gaz sarin à une large échelle dans cette attaque, sans pointer du doigt les responsables.
Mais pour Washington, Paris et Londres, ce rapport ne laissait "aucun doute" quant à la "responsabilité extrêmement claire" du régime syrien.
, fidèle alliée de Damas, a en revanche dénoncé ce rapport et réclamé le retour de la mission en Syrie pour enquêter sur d’autres attaques présumées dont elle accuse les rebelles.
L’attaque du 21 août avait conduit Washington à menacer Damas de frappes militaires, une action finalement repoussée sine die après l’engagement du régime syrien à démanteler d’ici la mi-2014 son arsenal chimique aux termes d’un accord conclu le 14 septembre entre la Russie et les Etats-Unis.
Lors de la réunion au siège de l’ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon et les ministres ont par ailleurs souligné "l’importance de redoubler d’efforts pour résoudre la crise humanitaire à la fois en Syrie et dans les pays voisins", selon le porte-parole de l’ONU Martin Nesirky.
D’après l’ONU, plus de deux millions de Syriens ont fui dans les pays limitrophes et environ six millions d’entre eux ont été déplacés à l’intérieur du pays.
Le Liban en accueille le plus grand nombre, des responsables libanais évoquant la présence sur leur territoire de plus de 1,2 million de Syriens.
La première réunion du groupe international de soutien au Liban, qui comprend notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, avait lieu mercredi en fin de journée à l’ONU.
"Aujourd’hui à New York, nous disons aux Libanais et aux Libanaises que nous sommes à leur côté de façon concrète et dans la durée", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"Nous voulons redonner (au Liban) stabilité et espoir", a-t-il ajouté.
La Grande-Bretagne a annoncé mercredi qu’elle allait verser 160 millions de dollars d’aides supplémentaires pour les réfugiés syriens, portant le total de l’aide britannique à plus de 800 millions de dollars.
L’annonce mardi par 13 importants groupes rebelles islamistes qu’ils rompaient avec la Coalition nationale syrienne (CNS) en exil a porté un nouveau coup à celle-ci.
Dans un communiqué, les signataires affirment que la Coalition "ne nous représente pas et nous ne la reconnaissons pas", appelant "tous les groupes civils et militaires à s’unir sous la bannière de la charia (loi islamique)". "Ceci est extrêmement dommageable" pour l’Armée syrienne libre (ASL), jusqu’à présent principale coalition de groupes armés liée à l’opposition en exil, car les 13 groupes "représentent une portion significative de l’opposition armée et regroupent ses meilleurs combattants", selon Charles Lister, un analyste au IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Centre.
Cette rupture avec la CNS et l’ASL désavantage également l’opposition face au régime en cas de négociations de paix pour régler le conflit en Syrie, qui a fait plus de 110.000 morts en plus de deux ans et demi.

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