mardi 29 septembre 2015

Syrie : Bashar remis en selle par ses alliés malgré ses revers militaires

Affaibli par une série de revers militaires, le dictateur syrien Bashar al-Assad est en passe de remonter la pente grâce à l'appui indéfectible de la Russie et de l'Iran et surtout à l'indécision des Occidentaux.
Au pouvoir depuis 15 ans et survivant des révoltes qui ont éliminé plusieurs chefs d?État arabes, le dirigeant syrien, qui vient de fêter ses 50 ans, se sent conforté dans sa stratégie consistant à se présenter comme le seul rempart face aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Lundi, à l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le président russe Vladimir Poutine a plaidé pour une "large coalition antiterroriste" incluant le régime de Bashar, dont les forces sont, selon lui, "les seules à combattre réellement l'EI".
Si le président américain Barack Obama a dénoncé la logique consistant à soutenir "un tyran" sous prétexte que "l'alternative serait pire", Washington comme Berlin, Londres et même Paris ne posent plus désormais son départ immédiat comme préalable à toute négociation.
"Je pense que la victoire temporaire et à la Pyrrhus du régime d'Assad découle de la bonne et vieille realpolitik cynique", estime Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégique à Paris.
"Les Russes et les Iraniens sont bien plus impliqués que l'Occident: ils sont mobilisés, inflexibles et intransigeants tandis que les opposants au régime d'Assad n'ont pas de stratégie claire et paient le prix fort pour leurs méthodes erronées", ajoute-t-il.
Pris de court en mars 2011 par une révolte pacifique dans la foulée du "printemps arabe", M. Assad a choisi de la réprimer férocement. Après la militarisation du soulèvement, il s'est présenté comme un bouclier contre les "terroristes islamistes". La guerre a fait plus de 240.000 morts, des millions de réfugiés et laissé le pays en ruines.
Et lorsque les jihadistes de l'EI font leur apparition, s'emparant de près de la moitié de la Syrie et commettant d'innombrables atrocités, il martèle qu'il est l'ultime recours contre la "barbarie". Avec d'autant plus de force que les frappes de la coalition conduite par les États-Unis n'ont pas réussi à neutraliser le groupe malgré quelques succès.
Comme son père Hafez qui a dirigé la Syrie d'une main de fer de 1970 à 2000, Bashar a su jouer le temps.
"Le régime d'Assad profite du triomphe de la 'contre-révolution' au niveau régional et du fait que la plupart des pays occidentaux se résolvent à l'idée fausse que le nationalisme autoritaire dans le monde arabe est le seul rempart contre l'islamisme radical", estime M. Bitar.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire