mercredi 23 septembre 2015

Arabie Saoudite : Le jeune chiite Ali Al-Nimr risque d’être exécuté « à tout moment »

Il n’avait que 17 ans lorsqu’il a été arrêté, en 2012, lors de manifestations antigouvernementales à Qatif, dans l’est de l’Arabie saoudite. Ali Mohammed Al-Nimr, neveu d’une figure de la contestation chiite du royaume, peut désormais être exécuté « à tout moment », ont dénoncé, mardi 22 septembre, des experts onusiens des droits humains.
Le 27 mai 2014, Ali Mohammed Al-Nimr est condamné à mort par crucifixion par le tribunal pénal spécial de Djedda pour participation à des manifestations contre le gouvernement, attaque des forces de sécurité, possession d’une mitrailleuse et vol à main armée. La semaine dernière, sa famille a appris que son dernier appel avait été rejeté en septembre. Toutes les voies de recours ayant été épuisées, ses proches et les organisations de défense des droits humains craignent que son exécution n’ait lieu dans les prochains jours.
Selon l’ONU et la branche britannique de l’ONG Reprieve, qui lui fournit une aide juridique, le jeune homme a été torturé et contraint à passer aux aveux. Il n’a pas été autorisé à recourir à un avocat dans des conditions normales avant et pendant son procès, qui ne répondait pas aux normes internationales. De même, son interjection en appel a été traitée « dans le mépris total des critères internationaux », ont précisé les experts onusiens dans un communiqué. Ils ont appelé l’Arabie saoudite, mardi 22 septembre, à annuler cette exécution.

Contestation chiite
Au-delà de ses aveux forcés, c’est avant tout en raison de ses liens familiaux qu’Ali Mohammed Al-Nimr semble avoir été condamné. Son oncle, le cheikh Nimr Baqer Al-Nimr, fut l’une des figures de proue du mouvement de contestation chiite qui a secoué le royaume en 2011 et en 2012. Accusé de sédition, de désobéissance au souverain et de port d’arme, ce dignitaire religieux a lui-même été condamné à mort le 15 octobre 2014, à l’issue d’un procès à rallonge. Selon l’International Business Times, son exécution pourrait avoir lieu dès jeudi.


« Toute sentence infligeant la peine de mort à des personnes mineures à l’époque du délit ainsi que son exécution sont incompatibles avec les obligations internationales de l’Arabie saoudite », a rappelé l’ONU. Selon l’organisation, l’exécution de deux autres personnes, également mineures lors des faits qui leur sont reprochés et ayant elles aussi participé aux manifestations de Qatif, est imminente.
Cette affaire survient alors que les Nations unies sont sous le feu des critiques pour avoir nommé l’Arabie Saoudite à la tête de l’une des commissions consultatives de leur Conseil des droits humains. Depuis le début de l’année, le royaume a déjà exécuté 134 personnes, soit 44 de plus que l’an dernier. Entre janvier 1985 et juin 2015, ce sont au moins 2 208 personnes qui ont été exécutées, parmi lesquelles plus d’un millier d’étrangers, des mineurs et des handicapés mentaux.

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