lundi 21 septembre 2015

Maroc : François Hollande et Mohammed VI officiellement réconciliés

François Hollande et le roi Mohammed VI se sont employés à consolider la réconciliation franco-marocaine lors d'une visite de deux jours du président français à Tanger, tirant un trait sur la brouille entre Paris et Rabat.
François Hollande a décollé de Tanger vers 21 heures, heure locale (22 heures à Paris), après deux journées durant lesquelles il a multiplié avec le souverain marocain les signes d'amitié et de proximité. Les difficultés entre les deux pays « sont non seulement effacées, surmontées, mais surtout dépassées » a déclaré dimanche François Hollande, devant la communauté française réunie au consulat. Le chef de l'État français a également assuré avoir « ouvert » avec Mohammed VI « une nouvelle étape » du partenariat franco-marocain.
L'objectif de ce déplacement à Tanger, le grand port du nord du Maroc, était de démontrer que la crise diplomatique de près d'un an provoquée par des dépôts de plaintes en France pour « torture » visant le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, était bel et bien terminée. Et que le temps était venu de renouer les liens traditionnellement forts de la France avec le royaume, allié de poids sur les plans sécuritaire, politique et économique. « Nous avons une coopération qui n'a jamais cessé » et « rien ne pourra l'altérer », a affirmé François Hollande, en évoquant la sécurité. Car, a-t-il précisé, les deux pays sont « confrontés aux mêmes défis » dans la lutte contre le terrorisme, notamment du groupe djihadiste État islamique.

« Partenariats exceptionnels »
La France et le Maroc, qui ont récemment durci leur arsenal législatif antiterroriste, ont par ailleurs décidé d'unir leurs efforts pour la formation d'imams à l'Institut Mohammed VI. Une déclaration commune a été signée samedi pour préciser que cette formation devra promouvoir « un islam du juste milieu » conforme aux « valeurs d'ouverture et de tolérance », mais aussi « pleinement ancré dans les valeurs de la République et de la laïcité ». Selon l'entourage du président français, « une cinquantaine d'imams français » pourraient suivre chaque année dans cet institut à Rabat une formation religieuse, complétée par un enseignement civique assuré par la France. Ils « pourront ensuite faire la démonstration en France que l'islam est une religion de paix », selon François Hollande.
La France souhaite par ailleurs renforcer son rang de premier partenaire économique de Rabat grâce à l'importance de ses investissements, même si elle s'est fait ravir par l'Espagne la place de numéro un pour les échanges commerciaux. « Nous sommes capables d'avoir des partenariats exceptionnels », notamment « dans l'automobile, l'aéronautique et les infrastructures », a déclaré François Hollande en rappelant que « 750 entreprises françaises » étaient implantées au Maroc. Renault possède en particulier depuis 2012 une méga-usine près de Tanger dont la capacité de production dépasse les 200 000 véhicules par an. Accompagné de cinq ministres et d'une délégation étoffée de chefs d'entreprise, François Hollande a pu découvrir samedi les rames flambant neuves du TGV marocain, livrées par Alstom, qui doit entrer en service en 2017-2018 pour relier à terme Tanger à Casablanca.

« Main dans la main » pour le climat
Dimanche, les deux chefs d'État ont signé un « Appel de Tanger » en vue de la prochaine conférence sur le climat (COP21) à Paris (30 novembre-11 décembre) et de la suivante en 2016 à Marrakech. Les deux dirigeants ont promis de travailler « main dans la main pour la réussite de ces deux rendez-vous ». Le Maroc fait figure de bon élève dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il est le deuxième pays africain à avoir remis sa contribution pour la conférence de Paris, avec le projet de passer à 42 % d'énergies renouvelables d'ici à 2020 et un objectif ambitieux de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030.
En dépit de ces bonnes résolutions, la visite de François Hollande s'est déroulée sous le feu de critiques d'organisations de défense des droits de l'homme et de la liberté de la presse. L'association Reporters sans frontières a dénoncé des atteintes à « la liberté d'information » au Maroc, alors que d'autres se sont insurgés de la prochaine remise des insignes d'officier de la Légion d'honneur à Abdellatif Hammouchi, chef de la Direction générale de la surveillance du territoire.
Lors d'une conférence de presse, le président français a confirmé que cette décoration, déjà décidée, aurait lieu « au moment souhaitable et opportun » soulignant qu'elle n'était pas « à l'ordre du jour » de sa visite. Il l'a justifiée par la qualité de la coopération entre les services de renseignement français et marocains", soulignant que celle-ci avait permis « de prévenir un certain nombre de risques, de menaces, d'attentats » en France, au Maroc, mais aussi en Europe.

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