mercredi 16 septembre 2015

Israël/Palestine : Nétanyahou veut renforcer la législation contre les lanceurs de pierre palestiniens

Après trois jours d’affrontements sur l’esplanade des Mosquées (« Mont du Temple » pour les Juifs), à Jérusalem, Benyamin Nétanyahou a convoqué un conseil de sécurité dans la soirée du mardi 15 septembre. Le chef du gouvernement israélien a averti que « tous les moyens nécessaires » seraient utilisés pour combattre ceux qui lancent des pierres ou des engins incendiaires contre les policiers ou les civils juifs.
Dimanche, un homme de 64 ans est mort après avoir perdu le contrôle de son véhicule, atteint par des projectiles. En réponse à cette détérioration sécuritaire, Nétanyahou a annoncé « une modification des règles d’engagement, (…) l’établissement d’une peine minimale pour les lanceurs de pierres et des amendes importantes pour les mineurs – et leurs parents – qui commettent ces délits ».
Le procureur général, Yehuda Weinstein, considère pourtant que ce durcissement législatif n’est pas indispensable, les textes en vigueur étant suffisant. Le 21 juillet, la Knesset avait voté un texte portant à vingt ans la peine maximale prévue. Le président de la commission parlementaire pour la Constitution, la loi et la justice, Nissan Slomiansky, avait justifié cette sévérité, soutenue par plusieurs figures de l’opposition, par une référence à David terrassant Goliath : « Une pierre peut tuer ».
Les autorités ont bien du mal à juguler ces attaques isolées, souvent le fait de jeunes Palestiniens. Depuis l’été 2014, les épisodes de violence n’ont jamais cessé à Jérusalem-Est ainsi que le long de la route 443 – entre la Ville sainte et la ville nouvelle de Modiin –, rappelle le quotidien le Haaretz, dans son édition de mercredi. Cette artère est empruntée par de nombreux automobilistes qui cherchent à éviter la route 1 entre Jérusalem et Tel-Aviv, artère majeure toujours très encombrée et en travaux.
Le nouvel accès de fièvre sur l’esplanade des Mosquées ajoute une dimension religieuse à ces tensions, ainsi qu’une résonance internationale. Mardi, pour la troisième matinée consécutive, des affrontements ont eu lieu entre Palestiniens et soldats israéliens. Quelques dizaines de jeunes s’étaient retranchés dès l’aube dans la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, pour empêcher la venue sur l’esplanade de groupes de visiteurs juifs. Ces visites ont lieu chaque année à l’occasion du Nouvel An juif – Roch Hachana –, qui a débuté dimanche soir et s’est achevé mardi soir.
Pour les Palestiniens, les visiteurs juifs commettent un sacrilège en priant sur l’esplanade. Ils estiment qu’Israël veut prendre le contrôle du lieu saint, vénéré dans les deux confessions. Pour les juifs, c’est là que se trouvait le second temple, détruit par les Romains. Les extrémistes religieux israéliens souhaitent non seulement obtenir le droit d’y prier, mais rêvent ouvertement de l’édification d’un nouveau temple, en lieu et place de la mosquée Al-Aqsa.
Selon le statu quo en vigueur depuis des décennies, les juifs comme les touristes peuvent se rendre sur l’esplanade à certaines heures et certains jours précis. « Israël agira par tous les moyens pour maintenir le statu quo et l’ordre sur le mont du Temple », a assuré Benyamin Nétanyahou dans un communiqué. Mais les autorités palestiniennes et les pays arabes, toujours très sensibles quant au sort de la mosquée Al-Aqsa, ne semblent pas convaincus.
Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence, a exhorté « le monde arabe et musulman, ainsi que la communauté internationale, à s’atteler immédiatement à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses tentatives perpétuelles de “judaïser” la Mosquée Al-Aqsa ». La Jordanie a vivement réagi, comme à l’accoutumée lorsque des incidents se produisent sur l’esplanade, dont elle assure la gestion à travers l’organisme appelé Waqf. Le roi Abdallah II a averti :
« Toute nouvelle provocation à Jérusalem affectera la relation entre la Jordanie et Israël, et la Jordanie n’aura d’autre choix, malheureusement, que d’agir. »
L’an passé, après des affrontements similaires, la Jordanie avait rappelé son ambassadeur en Israël. Pour l’Egypte, « il s’agit d’une escalade inacceptable visant les lieux saints de l’islam en territoire palestinien ». Enfin, mardi, le ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, Adel Al-Joubeir, a accusé « l’ennemi sioniste » d’essayer de « saisir » la mosquée Al-Aqsa.
Au-delà des pays arabes, l’inquiétude d’un embrasement est partagée au sein des instances internationales. « Quand le Moyen-Orient est confronté à une puissante vague de terreur et d’extrémisme, ces graves provocations ont le potentiel d’attiser la violence bien au-delà des murs de la Vieille ville de Jérusalem », a déclaré devant le Conseil de sécurité l’émissaire spécial de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov.
A l’approche des fêtes du Nouvel An juif, les autorités avaient décidé de montrer leur détermination pour empêcher les incidents habituels sur l’esplanade. Le 9 septembre, Moshe Yaalon, le ministre de la défense d’Israël, a déclaré « illégal » le mouvement des mourabitoun – « sentinelles », en arabe –, un groupe de musulmans qui prétend défendre le lieu saint. « Ils mènent des actions dangereuses pour les touristes, les visiteurs et les pèlerins, ce qui mène à la violence », a expliqué le ministre.


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