mardi 15 septembre 2015

Israël : L'Etat hébreu s'inquiète de la fuite de ses cerveaux

Rarement abordée en Israël, la question du nombre d'Israéliens installés à l'étranger fait de nouveau le buzz. Selon l'Institut israélien de la statistique, entre 552 000 et 585 000 Israéliens sont expatriés, soit environ 6 % de la population totale du pays.
Si on ne connaît ni le genre ni l'âge de ceux qui sont partis, en revanche l'étude établit avec exactitude le nombre des départs à l'étranger et celui des retours après un an et plus. Et il s'avère que  le solde migratoire d'Israël est négatif. Autrement dit, les Israéliens qui quittent le pays sont plus nombreux que ceux qui y reviennent. Ainsi, en 2013, ils ont été 16 200 à s'installer à l'étranger et 8 900 à revenir, soit un taux négatif de la balance  migratoire  de 7 300 personnes.


Parmi les motifs de l'expatriation des diplômés, il en est un qui revient souvent : la recherche d'un emploi mieux adapté aux compétences et mieux rémunéré. Pour la seule année 2014, 22 142 Israéliens diplômés de l'université  étaient installés à l'étranger depuis au moins trois ans. Parmi les détenteurs d'un doctorat, les plus nombreux sont les mathématiciens et les informaticiens. Pour les bac + 5, ce sont les sciences naturelles et l'ingénierie qui dominent. En revanche, dans les sciences  humaines et sociales, ils sont 4 fois moins nombreux à partir.


Cette fuite des cerveaux inquiète le pays de manière récurrente. À l'automne 2013, les médias s'étaient émus que deux des trois lauréats du prix Nobel de chimie, Arieh Warshel  et Michael Levitt, soient des Israéliens émigrés depuis des années aux États-Unis et devenus américains. Interrogés à ce sujet, les deux récipiendaires avaient éludé le sujet. Leurs épouses par contre avaient été plus loquaces. Rina Levitt avait même été assez critique : « Israël n'apporte pas grand-chose et c'est la raison pour laquelle les gens partent. Cela résulte de la mesquinerie et de l'étroitesse d'esprit d'un pays où les gens sont incapables de voir grand. » Quant à Tamar Warshel, elle avait expliqué que son mari était parti aux États-Unis parce qu'il n'avait pas pu être titularisé dans son université en Israël. Une polémique qui avait relancé le débat sur le taux d'émigration des chercheurs israéliens, considéré comme un des plus élevés, sinon le plus élevé des nations occidentales.
Pourtant, certains calment  le jeu. Comme ce responsable au sein du ministère israélien de la Science et de la Technologie qui préfère parler de  départ à l'étranger dans le cadre d'un plan de carrière où ce qui prime, ce sont les « opportunités ». Autre argument : Israël lui aussi attire les cerveaux étrangers avec aujourd'hui des superstars françaises ou américaines du high-tech qui ont quitté leur pays d'origine pour s'installer et travailler en Israël.


Ces statistiques sur le solde migratoire israélien ne prennent pas en compte les chiffres de l'immigration. À ce sujet, selon l'Agence juive et le ministère israélien de l'Immigration et de l'Intégration,  il y a eu, ces douze derniers mois, une augmentation spectaculaire du nombre des immigrants en provenance d'Ukraine  avec 6 900 arrivées, soit + 50 % en comparaison avec la même période de l'année précédente. Hausse également des immigrants de Russie : + 23 % avec 5 900 nouveaux venus. Mais ce sont les immigrants en provenance de France qui conservent la tête avec 7 350 personnes : + 10 % par rapport à l'année juive précédente. Une hausse moins spectaculaire que ne l'escomptaient certains :  après les attentats de janvier dernier, des responsables avaient annoncé un départ massif des Juifs de France pour Israël : entre 10 000 et 15 000 personnes.

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