lundi 18 mars 2013

Yémen : des autonomistes organisent la résistance au "dialogue national" de Sanaa

Des groupes radicaux du mouvement autonomiste dans le sud du Yémen mobilisaient dimanche leurs partisans contre le dialogue national qu’ils ont décidé de boycotter, réclamant la sécession.
Aden, principale ville méridionale du Yémen, était partiellement paralysée par une grève, observée notamment dans les écoles et les universités, et des milliers de personnes étaient attendues en soirée à un rassemblement contre le dialogue, qui doit s’ouvrir lundi à Sanaa.
"Nous refusons la participation au dialogue national, une trahison au programme de la révolution du Sud", a déclaré un militant, Hussein Zein, à Muwalla, un fief du Mouvement sudiste à Aden, où les contestataires commençaient à se rassembler dans l’après-midi.
Des dizaines de voitures, émettant par hauts parleurs des chants patriotiques, sillonnaient les rues du quartier, appelant les habitants à participer au rassemblement.
Les murs étaient noircis de graffitis et de slogans hostiles au dialogue et appelant à la sécession du Sud, un Etat indépendant jusqu’en 1990.
Des activistes ont indiqué qu’une marche pourrait se tenir après le rassemblement en direction de Khor Maksar, le quartier administratif et diplomatique voisin.
Le mouvement de protestation est organisé par la tendance dure du Mouvement sudiste, animée par l’ancien président Ali Salem al-Baïd, qui vit en exil au Liban et réclame la sécession du Sud.
Ses partisans ont décidé de boycotter le dialogue national destiné à élaborer une nouvelle Constitution et préparer des élections pour février 2014, au terme d’une période de transition de deux ans, après le départ négocié du président contesté Ali Abdallah Saleh.
Prévu initialement en novembre, le dialogue a été retardé en raison des réserves des sudistes, dont des personnalités ont fini par accepter de se faire représenter.
"C’est un complot", a dénoncé Qassem Askar, un dirigeant de la tendance d’Al-Baïd, affirmant que "plusieurs personnes désignées pour représenter le Sud n’en ont pas été informées, ont retiré leurs noms ou sont d’origine nordiste".
Le dialogue est également boycotté par le Conseil supérieur du Mouvement sudiste de Hassan Bawm, le groupe séparatiste le plus influent, ainsi que par le Conseil national des habitants du Sud de Haïdar Abu Bakr al-Attas, un ex-Premier ministre qui vit en exil aux Emirats arabes unis, et la coalition nationale démocratique de Khaled Ba-Harun.
Ces groupes séparatistes organisent depuis le 21 février tous les mercredis et samedis des matinées de "désobéissance civile" à Aden, pour protester contre la mort de plusieurs des leurs lors d’affrontements avec les forces de sécurité.
Ce mouvement de désobéissance sera à nouveau observé lundi à Aden et dans la province du Hadramawt (sud-est) pour faire entendre la voix du Sud, selon des activistes.
En revanche, d’autres composantes comme le Conseil national du peuple du Sud, dirigé par Ahmed Ben Férid al-Suraimeh et Mohamed Ali Ahmed, partisans du principe d’autodétermination et rentrés récemment d’exil, et les Sudistes indépendants, un groupe fédéraliste conduit par Abdallah al-Asnaj, exilé en Arabie saoudite, ont confirmé leur participation au dialogue.
Zeid al-Salami, un activiste sudiste qui participe au dialogue à Sanaa, explique que ce dialogue "offre l’occasion de poser la juste cause du Sud et de défendre le peuple du Sud à exercer le droit l’autodétermination par référendum et sous supervision de l’ONU".
Quant aux habitants du Sud, qui représentent quatre millions sur une population totale de 24,8 millions de Yéménites, ils se disent inquiets en raison de l’instabilité dans leur région.
"Nous voulons la stabilité pour pouvoir travailler, la vie est quasi paralysée depuis des mois", affirme Baligh Ahmed, un marchand ambulant de 25 ans, résumant un raz-le-bol des jeunes du Sud.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire