Le Premier ministre libanais Najib Mikati a créé la surprise en
annonçant vendredi la démission de son cabinet, en place depuis juin
2011, et en préconisant la mise sur pied d’un "gouvernement de salut
national".
Cette démission ouvre une période d’incertitude dans ce pays au moment
où la Syrie est ravagée par une guerre civile dont les répercussions se
font sentir au Liban.
"J’annonce la démission du gouvernement en espérant que cela fera
prendre conscience aux principaux blocs politiques au Liban de la
nécessité d’assumer leurs responsabilités et de faire preuve de cohésion
pour éviter l’inconnu au Liban", a-t-il dit aux journalistes à l’issue
d’un conseil des ministres marqué par de profondes divisions.
M. Mikati, âgé de 57 ans, qui dirigeait un cabinet dominé par le
Hezbollah, a appelé à la "formation d’un gouvernement de salut national
où toutes les forces politiques libanaises seront représentées afin de
sauver la patrie et suivre les événements régionaux dans un grand esprit
de responsabilité collective".
Paradoxalement, ce n’est pas le conflit syrien, dont le Liban avait
décidé dès le début de se distancier, qui l’a poussé à jeter l’éponge,
mais des problèmes intérieurs.
M. Mikati a confié à la presse avoir pris sa décision en raison des
divergences au sein du cabinet sur l’organisation des élections
législatives en juin prochain et sur la prolongation du mandat du chef
des Forces de sécurité intérieures (FSI, police), le général Achraf
Rifi, dont le mandat se termine à la fin du mois.
Les partis chrétiens voudraient changer la loi électorale datant de 1960
car ils l’estiment défavorables à leur communauté. Selon eux, les
circonscriptions actuelles favorisent les musulmans qui, plus nombreux,
peuvent choisir les députés chrétiens qui leur conviennent.
Le Liban compte un tiers de chrétiens, un tiers de sunnites et un tiers
de chiites, mais le Parlement compte 128 députés répartis en moitié de
chrétiens et moitié de musulmans.
Le changement de la loi divise donc profondément le pays. Jusqu’à
présent, personne n’a trouvé une solution consensuelle et le temps
presse.
Pour M. Mikati, le plus important est que les élections se tiennent à la
date prévue pour, dit-il, "donner du sang nouveau à la politique
libanaise".
Favorable de fait à la loi actuelle et "constatant qu’une nouvelle loi
ne pourrait pas être rédigée dans les délais impartis", il a donc
proposé vendredi à la réunion du cabinet la mise sur pied d’une
commission de supervision des élections mais il n’a pas été suivi par
ses ministres.
Autre point important, la prolongation du mandat du général Rifi, qui
aura 60 ans en avril et doit donc partir à la retraite. Or les FSI sont
un bastion sunnite, plutôt favorable au mouvement du 14 mars conduit par
Saad Hariri et qui est hostile au régime syrien de Bashar al-Assad.
"Dans quelques jours, une grande institution de sécurité risque de
sombrer dans le vide car son directeur général doit prendre sa retraite.
J’avais trouvé important dans cette phase délicate qu’il continue dans
ses fonctions car c’est une obligation nationale imposée par des
considérations sécuritaires mais j’ai constaté que le Conseil des
ministre ne me suivait pas dans cette voie", a-t-il dit.
M. Mikati avait déjà fait part à deux reprises de "son désir de
démissionner", notamment après l’assassinat du chef des services de
renseignement de la police libanaise Wissam al-Hassan, le 19 novembre,
mais le chef de l’Etat et les grandes puissances, notamment les
Etats-unis, l’avaient incité à rester à son poste.
Désormais ce gouvernement va gérer les affaires courantes.
A Washington, la porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland,
s’exprimant avant l’annonce de la démission de M. Mikati, a dit que les
Etats-Unis "suivaient de très près" la situation au Liban.
"Notre point de vue est que nous pensons que le peuple libanais mérite
un gouvernement qui reflète ses aspirations et qui renforce la
stabilité, la souveraineté et l’indépendance" du pays, a-t-elle déclaré,
exprimant "la vive inquiétude" des Etats-Unis quant au rôle que joue le
Hezbollah.
Ennemi juré d’Israël, le Hezbollah a qualifié vendredi Barack Obama de
"simple fonctionnaire de l’entité sioniste" après l’appel du président
américain à considérer le mouvement chiite libanais comme une
organisation terroriste.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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