samedi 27 février 2016

Syrie: Les principales villes se réveillent sans le bruit du canon

Les principales villes de Syrie se sont réveillées samedi sans le bruit du canon pour la première fois depuis le début de la guerre, après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre régime et rebelles initié par Washington et Moscou.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a mis tout son poids derrière cet accord en adoptant vendredi soir à l'unanimité une résolution "l'approuvant pleinement" et appelant les parties concernées à respecter la trêve entrée en vigueur à 00H00 locale (vendredi 22H00 GMT).
C'est "un jour et une nuit exceptionnels pour les Syriens", a affirmé le médiateur l'envoyé spécial de l'ONU sur la Syrie Staffan de Mistura qui a néanmoins affirmé que la journée de samedi sera "critique".
Une nouvelle réunion de la task force se déroulera à 14H00 GMT à Genève pour évaluer comment a été respecté le cessez-le-feu dont sont exclus les groupes dit jihadistes Etat islamique et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui contrôlent plus de 50% du territoire.
Si le cessez-le-feu tient et l'aide humanitaire continue d'être acheminée dans les zones assiégées, M. de Mistura compte convoquer une nouvelle session de pourparlers de paix intersyriens le 7 mars à Genève après l'échec des précédentes discussions.
C'est la première fois que la Syrie connaît un cessez-le-feu de cette ampleur, alors que la guerre a dévasté le pays depuis près de cinq ans, fait plus de 270.000 morts, déplacé plus de la moitié de la population et déstabilisé le Moyen-Orient et l'Europe avec son lot de réfugiés.
Les initiateurs de l'accord étaient sceptiques quand au respect de la trêve alors que d'autres tentatives avaient échoué.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des militants, le calme régnait samedi dans les provinces centrales de Homs et Hama, dans celle de Damas et dans la région d'Alep (nord), où se trouvent forces du régime et rebelles.

Plaisir oublié
Aucun raid aérien n'était signalé contre les régions rebelles qui étaient depuis fin septembre la cible des frappes de l'aviation russe alliée du régime de Bashar al-Assad.
Une journaliste de l'AFP, qui s'est rendue aux abords de la capitale Damas, a constaté une quiétude inhabituelle et n'a vu aucune colonne de fumée s'élever de fiefs rebelles comme Jobar et la Ghouta orientale, contrairement aux jours précédents.
Dans la ville d'Alep, qui depuis juillet 2012 est un champ de bataille entre régime et insurgés, des habitants de quartiers rebelles ont affirmé à l'AFP que si la trêve se poursuivait ils iraient au parc avec leurs enfants, un "plaisir" depuis longtemps oublié.
"Je me sens plus en sécurité, c'est très calme. Je souhaite ne pas être réveillé demain par le son des avions", a déclaré à l'AFP, juste après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Mohamad Nohad, un jeune marié habitant le quartier rebelle al-Kalassé à Alep.
A Jobar, quartier périphérique de Damas, Abdel Rahmane Issa, un soldat de 24 ans mobilisé depuis plus de trois ans, était ravi. "Je ne peux pas cacher que je suis heureux que la guerre s'arrête même pour quelques minutes. Et si cela continue on pourra rentrer chez nous".
La localité de Daraya, proche de Damas, était elle aussi calme depuis minuit, selon l'OSDH.
Les militants ont posté des hashtags #Nous sommes tous Daraya" et "Pas de Daraya, pas de trêve", en solidarité avec cette localité que le régime a exclue du cessez-le feu en affirmant qu'elle abrite le Front Al-Nosra, ce que l'opposition réfute.

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