samedi 27 février 2016

Liban : Une rivière de déchets près de Beyrouth

L'image est saisissante. Deux millions de tonnes de sacs-poubelle étendus sur ce qui s'apparente aujourd'hui à une décharge à ciel ouvert. Située à Jdeidé, dans la banlieue de Beyrouth, cette véritable rivière d'ordures résulte de la crise des déchets dans laquelle le pays du Cèdre est englué depuis le 17 juillet dernier. Pendant des mois, les ordures se sont accumulées dans les rues de la capitale libanaise à la suite de la fermeture d'une décharge de stockage de détritus de Beyrouth et du mont Liban. Mais la solution trouvée de transférer les déchets vers le site de la Quarantaine (près du port de la capitale) semble aujourd'hui atteindre ses limites. En effet, depuis plusieurs semaines, les autorités de la société Sukomi (responsable de la gestion de la décharge) avaient tiré le signal d'alarme. « Nous n'avons toujours pas reçu de réponse sur un nouveau terrain de stockage de la part du CDR (Conseil du développement et de la reconstruction, NDLR). C'est de cet organisme que nous attendons les directives sur la conduite future »,  s'impatientait Pascale Nassar dans les colonnes du quotidien L'Orient-Le Jour . Agacée, la chargée de communication de l'organisme de tri pointe du doigt l'immobilisme patent des responsables politiques, figés sur leurs positions, à l'image de la situation que traverse le pays, incapable d'élire à sa tête un chef d'État depuis mai 2014.
De leur côté, les riverains, étranglés par l'odeur pestilentielle qui émane de l'amas d'ordures, redoutent que les pluies ne viennent à infecter les nappes phréatiques d'eau polluée, avant que les températures élevées de l'été ne fassent émerger des gaz toxiques aux répercussions sanitaires indésirables. Face à cette pollution sans précédent, une première solution avait été avancée l'été dernier consistant à exporter les déchets en Russie, via une entreprise britannique. Mais l'idée tomba à l'eau, après une mésentente administrative entre les parties. Depuis, le site ne cesse d'empiler sac sur sac et aucune alternative ne semble émerger. Si Ziad Chbib, le gouverneur de Beyrouth, compte quant à lui imposer le tri à domicile pour les Beyrouthins – en attendant un nouveau lieu de stockage des déchets –, il espère impatiemment que « l'État trouve une solution ». Seul problème, et pas des moindres : l'État libanais semble plus que jamais aux abonnés absents.


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