mardi 14 octobre 2014

Yémen : Le Yémen écartelé entre les ambitions chiites et le séparatisme sudiste

Les rebelles chiites du Yémen, auxquels on prête des liens avec l'Iran, ont pris mardi le contrôle du port stratégique d'Hodeida, sur la mer Rouge, confirmant leurs visées sur le pays trois semaines après avoir conquis la capitale Sanaa.
Cette offensive chiite dans le nord est intervenue alors que des groupes séparatistes relançaient mardi leur mouvement en vue d'une sécession du sud du Yémen, qui était un Etat indépendant jusqu'en 1990.
Des rebelles chiites armés, appelés houthis, ont pris possession dans la nuit d'importants secteurs de Hodeida, à 230 km à l'ouest de Sanaa, pratiquement sans résistance de la part des forces gouvernementales, a indiqué à l'AFP un responsable des services de sécurité.
Ayant pris le contrôle du port et de l'aéroport, "ils se sont massivement déployés dans la ville où ils patrouillent sur les principales artères", a-t-il déclaré.
Les rebelles ont établi des points de contrôle parallèles à ceux des forces gouvernementales.
Un garde a été tué mardi lorsque des rebelles ont pris d'assaut le siège du tribunal commercial, a indiqué un responsable de l'administration locale.
Le port de Hodeida, ville qui compte plus de deux millions d'habitants, est le deuxième du Yémen après celui d'Aden (sud). La cité était dans le viseur des rebelles chiites qui réclamaient depuis des années une ouverture sur la mer Rouge pour les territoires qu'ils contrôlent historiquement dans la province de Saada (nord), frontalière de l'Arabie saoudite.
Selon des sources concordantes, les houthis se sont emparés d'un dépôt d'armes de l'armée, à l'entrée de la ville avant de progresser vers le centre.
Les rebelles avaient préparé leur offensive militaire en y ouvrant début octobre une permanence d'Ansaruallah, leur formation politique.
La ville portuaire ouvre la voie vers le détroit de Bab al-Mandeb, à l'embouchure entre la mer Rouge et le Golfe d'Aden. Elle est située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Ras Issa, terminal pétrolier par lequel transite une partie des exportations de brut du Yémen.
L'annonce de la prise de Hodeida intervient au lendemain de l'assentiment donné par les mêmes rebelles à la nomination d'un nouveau Premier ministre, Khaled Bahah, censée ouvrir la voie à un règlement de la crise que connaît le Yémen depuis plusieurs mois.
Les Houthis armés étaient toujours présents en nombre mardi dans le centre de Sanaa, contrairement à des informations selon lesquelles ils auraient dû commencer à se retirer, a constaté un journaliste de l'AFP.
La prise de Hodeida contrevient à l'accord de paix signé le 21 septembre sous le parrainage de l'ONU juste après l'entrée des houthis dans la capitale.
Cet accord prévoit le retrait des houthis armés de Sanaa et la reprise d'un processus de réconciliation nationale pour sauver la transition politique, engagée depuis le départ en 2012, sous la pression de la rue, de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, perçu aujourd'hui comme un allié des rebelles chiites.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a accusé lundi Téhéran d'interventionnisme en Syrie, en Irak et au Yémen.
"Si l'Iran veut faire partie de la solution en Syrie, il doit retirer ses forces de Syrie. Et cela doit s'appliquer ailleurs, que ce soit en Irak ou au Yémen", avait-il affirmé. Ces déclarations ont été rejetées par Téhéran.
Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a brandi de nouveau la menace de sanctions contre ceux qui bloquent la transition au Yémen.
Majoritaires dans le nord, les chiites sont minoritaires au niveau national. Les houthis sont issus du zaïdisme, une branche du chiisme qui représente environ un tiers de la population yéménite.
Mettant à profit l'affaiblissement politique du pouvoir central à Sanaa, des partisans du Mouvement sudiste se rassemblaient mardi par milliers à Aden pour réclamer l'indépendance du Sud, selon un correspondant de l'AFP.
Ce rassemblement, qui coïncide avec le 51e anniversaire de la révolte contre les colons britanniques à Aden, faisait suite à un appel de l'aile dure du Mouvement sudiste. Le Sud-Yémen était un Etat indépendant jusqu'en 1990.

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