jeudi 9 octobre 2014

Israël/Palestine : L'esplanade des Mosquées secouée par des heurts entre Palestiniens et police israélienne

Des Palestiniens exposent des balles en caoutchouc et des grenades utilisées par l'armée israélienne, le 8 octobre 2014 dans la mosquée Al-Aqsa, à al-Qods.
 
Des dizaines de jeunes Palestiniens ont affronté la police israélienne mercredi sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem après la visite de fidèles juifs sur ce site extrêmement sensible vénéré par les juifs et les musulmans et théâtre de tensions grandissantes.
Quatre policiers ont été légèrement blessés et cinq protestataires arrêtés, a dit une porte-parole de la police. Côté palestinien, 17 personnes ont été blessées, selon les secours palestiniens.
Les heurts ont commencé quand des fidèles juifs ont accédé à l'esplanade par une rampe prévue à cette effet et débouchant à quelques dizaines de mètres de la mosquée Al-Aqsa, troisième site le plus saint au monde pour les musulmans.
Des dizaines de jeunes Palestiniens ont commencé à lancer des pierres et des fusées éclairantes sur les policiers qui protégeaient les visiteurs juifs, a rapporté la porte-parole de la police, Louba Samri.
A l'aide de projectiles en caoutchouc et d'engins détonants, les forces de l'ordre ont repoussé les protestataires à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa, dans laquelle elles ne peuvent entrer, et d'où les jeunes ont continué à jeter sur elles des pierres et des engins incendiaires.
Des vidéos amateurs montrent des projectiles anti-émeutes fuser dans la mosquée, puis des fidèles musulmans nettoyer les débris des vitres brisées.
Surplombant la vieille ville de Jérusalem, l'esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs) est le théâtre de heurts chroniques. Mais ceux-ci sont devenus encore plus réguliers et plus violents depuis quelques mois. C'est tout Jérusalem-Est qui a vu une intensification des violences.
Les crispations ont été exacerbées par l'assassinat d'un jeune Palestinien par des extrémistes juifs début juillet et par l'offensive israélienne dans la bande de Gaza en juillet-août, qui a fait plus de 2.100 morts côté palestinien, en majorité des civils, et plus de 70 côté israélien, dont 66 soldats.
Les musulmans prennent mal également des déclarations de certains membres de la majorité gouvernementale de droite sur la possibilité d'accorder aux juifs le droit d'aller prier sur l'esplanade.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a délivré des consignes de fermeté contre les manifestants mardi, à l'approche de la fête juive de Souccot (ou des Cabanes) qui commençait mercredi soir et pour laquelle la vieille ville de Jérusalem accueille de nombreux juifs.
"La situation actuelle ne (doit) pas devenir la norme", a-t-il dit selon ses services.
Les juifs sont autorisés à se rendre, à certaines heures et sous stricte surveillance, sur le site de l'esplanade, mais ils n'y ont pas le droit de prier pour éviter toute provocation.
L'esplanade, qui réunit la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher, est le troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine en Arabie saoudite. Pour les juifs, c'est le lieu du second Temple détruit en l'an 70 par les Romains. Le mur des Lamentations, vestige du second Temple, est situé en contrebas de l'esplanade.
Perçue comme une provocation, la visite sous haute protection d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées le 28 septembre 2000 passe communément pour la date de commencement de la seconde Intifada et de plusieurs années de soulèvement palestinien.
Des incidents éclatent régulièrement quand des juifs se rendent sur l'esplanade et commencent à s'adonner à leurs rites.
Dans un contexte de discorde apparemment insurmontable après des années de vains efforts pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien, le président palestinien Mahmud Abbas a accusé le gouvernement israélien de délibérément favoriser la venue d'extrémistes juifs sur l'esplanade.
"Les attaques contre la sainte mosquée Al-Aqsa vont croissant, menées par les colons et les extrémistes juifs et sponsorisées par le gouvernement israélien", a-t-il dit dans un communiqué qui défend le droit à la résistance.
Azzam al-Khatib, directeur de la fondation religieuse qui gère le site et que contrôle la Jordanie, a rapporté avoir pressé la police d'empêcher la visite de juifs par peur d'incidents avec des musulmans qui avaient passé la nuit dans la mosquée.
"Mais la police a refusé, et voilà le résultat", a-t-il dit à l'AFP.


(08-10-2014)

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