mardi 7 octobre 2014

Irak : Au Kurdistan irakien, des soldats allemands forment les peshmergas contre l'EI

Un mois après la décision de Berlin d'envoyer des équipements militaires en Irak, des instructeurs allemands sont à pied d'oeuvre pour initier les peshmergas au maniement des armes sophistiquées indispensables pour combattre les jihadistes du groupe Etat islamique.
Le soldat allemand est équipé d'un gilet pare-balles et d'un casque anti-bruit. Le peshmerga porte un simple treillis. Tous deux font face au mur de tir, une arme à l'épaule. Pas n'importe laquelle: un fusil d'assaut HK G3, de fabrication allemande. L'un des 8 000 livrés par l'Allemagne au Kurdistan en septembre.
C'est le premier jour d'entraînement pratique dans le camp militaire de Benislawa, en banlieue d'Erbil, chef-lieu de la province autonome du Kurdistan irakien.
La formation a débuté la veille par un cours théorique, cinq semaines après que le gouvernement allemand a annoncé l'envoi d'armes aux peshmergas dans le cadre de la mobilisation internationale contre l'offensive du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak. Une première depuis la Seconde Guerre mondiale pour Berlin, qui a toutefois refusé de rejoindre la campagne de frappes aériennes.
Plusieurs milliers de fusils d'assaut, des millions de munitions et des armes lourdes -- notamment mitrailleuses, missiles antichars, et lance-roquettes -- sont arrivés depuis. Suivis, plus récemment, des instructeurs militaires.
"Les peshmergas qui sont ici sont des soldats expérimentés, notre rôle consiste simplement à les initier au maniement d'une nouvelle arme", explique le major Florian R.
"Les peshmergas ont essentiellement l'expérience du combat avec des Kalachnikov et ne connaissent pas les armes allemandes", souligne-t-il.
Ce Berlinois quadragénaire est arrivé au Kurdistan fin août pour superviser la coordination militaire entre Berlin et Erbil. Six soldats, des instructeurs, l'ont rejoint il y a une semaine.
"C'est un bon fusil; il est moderne et pas trop lourd", se félicite le jeune peshmerga Ardalan Aziz Hamad entre deux séances de tir au HK G3. "Hier, on nous a expliqué les positions de tir. Aujourd'hui, c'est la pratique".
Un autre peshmerga souligne l'importance de cette formation car "sans armes modernes, nous ne pouvons pas combattre l'EI".
En uniforme, drapeau allemand au biceps droit, les instructeurs de la Bundeswehr présentent sur la poitrine une bande velcro vierge à l'endroit où devraient se trouver leurs nom et grade. Leur identification a été retirée, leurs noms ne sont pas révélés et leurs visages doivent rester cachés.
"C'est une mesure de sécurité pour éviter qu'ils ne deviennent des cibles de l'EI", explique le major Florian, seul habilité à être filmé ou photographié, sans pour autant donner son patronyme.
"Nous resterons pour entraîner les peshmergas aussi longtemps que nécessaire", affirme l'officier, qui porte, épinglée sur son treillis, une broche figurant les deux drapeaux allemand et kurde.
Les peshmergas sont formés par groupes de 20 "durant dix jours", explique le colonel kurde Karwan Baban.
A Benislawa, les cours ne portent que sur les armes légères. Mais dans un autre camp, à 70 km plus au nord, des peshmergas s'entraînent avec les armes lourdes livrées par Berlin, indique-t-il.
Et 32 combattants kurdes ont été formés en Bavière (sud de l'Allemagne) à l'utilisation des missiles antichars Milan de l'armée allemande.
"Rien qu'une seule balle est déjà une aide pour le Kurdistan dans sa lutte contre l'EI", souligne le colonel peshmerga Dler H. Aptar, en remerciant l'Allemagne pour son "assistance rapide".
Plusieurs autres capitales, comme Paris, Londres ou Ottawa, ont livré des armes aux peshmergas mais elles sont plus réticentes à confirmer la présence d'instructeurs.
"Hier, il y avait ici des militaires qui parlaient français et nous ont dit +bonjour+ en français", assure un Kurde, refusant d'être cité nommément.
"Des instructeurs militaires sont venus de France, du Canada et de Turquie", confirme de son côté un gradé peshmerga.

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