lundi 13 octobre 2014

Syrie: la Turquie autorise les Etats-Unis à utiliser ses bases contre l'EI

La Turquie a décidé d'autoriser les Etats-Unis à utiliser ses bases aériennes pour lutter contre l'organisation Etat islamique (EI), a indiqué dimanche un responsable américain, alors que Washington poussait ces derniers jours Ankara à s'impliquer davantage dans la lutte contre le groupe islamiste en Syrie.
L'armée de l'air américaine utilise depuis longtemps la grande base d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, mais jusqu'à présent les avions américains employés pour les frappes contre l'EI décollent des bases aériennes d'Al-Dhafra aux Emirats arabes unis, d'Ali al-Salem au Koweït et d'Al-Udeid au Qatar.
"Les détails de l'utilisation (des bases turques pour la lutte contre l'EI, ndlr) sont toujours en cours d'élaboration", a déclaré un responsable américain de la Défense, parlant à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.
Washington exprimait dernièrement sa frustration devant les réticences de la Turquie, allié des Etats-Unis au sein de l'Otan, à s'engager militairement en Syrie.
- "Bataille cruciale" -
Sur le terrain, les jihadistes de l'EI ont envoyé dimanche des renforts vers Kobané, où les forces kurdes leur opposent une résistance farouche dans cette ville du nord de la Syrie devenue aux yeux du monde le symbole de la lutte contre l'EI. Les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) ont progressé dimanche d'une cinquantaine de mètres en direction de leur QG d'où ils ont été délogés vendredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'EI a tiré 11 roquettes sur le centre de Kobané, frontalière de la Turquie, a précisé cette ONG. La situation reste à l'avantage des jihadistes, plus nombreux et mieux armés. Ils contrôlent environ 40% de la ville, particulièrement le secteur est et des quartiers dans le sud et l'ouest.
La défense acharnée des forces kurdes a néanmoins contraint l'EI à faire venir des renforts en provenance de Raqa et Alep, leurs bastions du nord syrien, selon l'OSDH.
"Ils envoient même des hommes qui n'ont pas beaucoup d'expérience du combat", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Il s'agit bien d'une bataille cruciale pour eux. S'ils n'arrivent pas à prendre Kobané, cela va porter un coup dur à leur image (...). Ils ont mis tout leur poids dans cette bataille".
Les défenseurs de Kobané, eux, ne peuvent recevoir de renforts car la Turquie bloque sa frontière, empêchant notamment des Kurdes de ce pays de se porter au secours de leurs camarades assiégés.
Cette attitude d'Ankara a provoqué ces derniers jours des émeutes pro-kurdes en Turquie, qui ont fait au moins 34 morts.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a toutefois confirmé dimanche que son pays allait renforcer les capacités militaires de l'opposition modérée syrienne.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réitéré sa "profonde inquiétude sur la situation dans et autour" de Kobané et a appelé "toutes les parties à se lever pour empêcher un massacre de civils".
Feyza Abdi, élue locale de Kobané réfugiée en Turquie mais toujours en contact avec des combattants, a appelé la communauté internationale à envoyer "des armes et des munitions", dont "des missiles antichars, car ce sont les blindés qui nous font le plus de mal".
Sans cette aide, Azad Bekir, un réfugié en contact avec son frère à Kobané, se montre "pessimiste": les combattants kurdes "tiennent bon" et "tuent beaucoup de +bandits+ (ndlr: jihadistes) mais ces derniers reviennent toujours plus nombreux".
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite au Caire, a qualifié de "tragédie" la situation mais a précisé que l'approche de la coalition par rapport à Kobané "ne définit pas (sa) stratégie" globale contre l'EI.
Kobané sera vraisemblablement au centre mardi d'une réunion à Washington des chefs militaires de 21 pays de la coalition, qui vont faire le point sur leur stratégie anti-EI près de trois mois après le déclenchement de la campagne aérienne en Irak et près de trois semaines après le début des raids sur la Syrie.
Les jihadistes contrôlent de larges territoires dans ces deux pays, sur lesquels ils ont instauré un "califat".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire