samedi 21 novembre 2015

Moyen-Orient : Adoption de la résolution anti-EI présentée par la France

L'ONU a adopté une résolution proposée par la France qui donne toute latitude pour combattre le groupe Etat islamique, une semaine après les attentats de Paris et juste après une nouvelle attaque jihadiste meurtrière au Mali.
Mentionnant une menace "sérieuse et imminente" liée au carnage parisien, la Belgique a élevé dans la nuit de vendredi à samedi au niveau maximal son niveau d'alerte terroriste pour la région bruxelloise, selon l'Organisation de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM), qui dépend du ministère belge de l'Intérieur.
Le gouvernement malien a lui annoncé un deuil national de trois jours et l'état d'urgence pour 10 jours, après l'attaque vendredi de l'hôtel Radisson à Bamako, qui a fait au moins 27 morts dont un Américain, un Belge et trois Chinois.
Cette tuerie a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune, dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar et proche d'Al-Qaïda. Elle survient une semaine exactement après les attentats meurtriers à Paris, qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés le 13 novembre et que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait revendiqués.
Encore hébétés et sous le choc, des Parisiens ont rendu hommage vendredi soir aux victimes, en se rendant dans les bistrots avoisinant les bars et restaurants où plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées par le "commando des terrasses" le 13 novembre.
A 21H20 (20H20 GMT), heure du début des attaques, ils sont venus se recueillir, se prenant parfois la main, entonnant une Marseillaise ou applaudissant longuement devant les lieux touchés par les attentats.
Dans la nuit, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l'unanimité, une résolution française autorisant "toutes les mesures nécessaires" pour combattre en Syrie et en Irak les jihadistes de l'EI, à l'origine du carnage parisien. Le Conseil a qualifié l'EI de "menace mondiale et sans précédent contre la paix et la sécurité internationales". Pour le président français François Hollande, cette résolution va "contribuer à la mobilisation des nations pour l'élimination" de l'EI.
M. Hollande, qui veut forger une coalition "unique" contre les jihadistes, doit aller la semaine prochaine à Washington, qui mène une coalition internationale contre l'EI en Irak et en Syrie, et Moscou, qui soutient militairement le régime de Damas. Il recevra également la chancelière allemande Angela Merkel à Paris. Le président français avait ordonné jeudi l'"intensification" des bombardements en Syrie et en Irak contre l'EI, qui y contrôle de vastes territoires.
Le conflit syrien, débuté en 2011 après la violente répression par le régime de manifestations demandant davantage de démocratie, a depuis dégénéré en une guerre civile complexe et fait plus de 250.000 morts et 12 millions de déplacés - plus de la moitié de la population.

Au moins un suspect en fuite
En France, l'enquête a accrédité l'hypothèse de la participation directe aux attaques du jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud: il a été filmé le soir des attentats dans une station de métro à l'est de Paris, où a été retrouvée une voiture utilisée par les tueurs qui ont mitraillé les terrasses de cafés et de restaurants, et des analyses ont montré qu'il avait manipulé une kalachnikov retrouvée dans le véhicule.
Cette présence d'Abdelhamid Abaaoud, tué mercredi dans un assaut policier contre un appartement de Saint-Denis, aux portes de Paris, alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international, trahit une défaillance de la lutte antiterroriste.
Sa cousine Hasna Aitboulahcen, 26 ans, qui l'aurait aidé à trouver la planque de Saint-Denis, a aussi été tuée dans l'assaut. Un troisième homme, qui s'est fait exploser dans l'appartement, n'a pas encore été identifié.
Parmi la dizaine d'auteurs des attentats, quatre kamikazes, tous Français, ont été identifiés avec certitude: Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Plusieurs s'étaient rendus en Syrie dans les rangs jihadistes.
Reste au moins un suspect en fuite: Salah Abdeslam, un Français vivant en Belgique, soupçonné d'avoir fait partie du "commando des terrasses". Il est aussi le frère de Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser dans un restaurant le 13 novembre à Paris.
Les enquêteurs pensent qu'il a sans doute été exfiltré, au moins dans un premier temps, par deux complices présumés, écroués depuis en Belgique. Un troisième suspect a été inculpé vendredi soir par la justice belge pour sa "participation à des attentats terroristes".
Au moins deux des kamikazes du stade de France ont suivi le chemin des migrants pour venir en Europe: tous deux ont été contrôlés le 3 octobre en Grèce. L'un a présenté un passeport syrien au nom de Mohammad al-Mahmod, l'autre le passeport d'Ahmad al-Mohammad, un soldat syrien tué il y a plusieurs mois faisant partie des troupes loyales au dictateur syrien Bashar al-Assad.
Ces révélations interviennent en plein débat sur les conditions de maintien de la libre-circulation au sein de l'espace Schengen. Sous l'impulsion française, les 28 Etats de l'Union européenne ont décidé vendredi l'instauration de contrôles systématiques à leurs frontières extérieures, y compris de leurs ressortissants. Et la Commission européenne proposera d'ici la fin de l'année une révision des règles de Schengen.
En France, la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence, élargissant les possibilités d'assignation à résidence et permettant la dissolution de groupes et associations extrémistes, votée vendredi par le Parlement, est applicable dès samedi.


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