samedi 21 novembre 2015

Israël/Palestine : Israël enterre ses morts et s'inscrit dans un cycle de violence durable

Israéliens et Palestiniens enterraient leurs morts vendredi au lendemain d'une des journées les plus meurtrières de la vague de violences qui déjoue les schémas sécuritaires israéliens et semble s'installer dans la durée.
Trois Israéliens, un Américain et un Palestinien ont été tués jeudi dans deux attentats anti-israéliens commis par des Palestiniens à Tel-Aviv, en Israël, et en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Les deux auteurs des attaques ont été arrêtés.
Depuis le 1er octobre, les attentats anti-israéliens, les heurts entre jeunes Palestiniens et soldats de l'État hébreu et les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons israéliens ont fait 103 morts, selon un décompte de l'AFP: 86 côté palestinien (dont un Arabe israélien), 15 côté israélien ainsi qu'un Américain et un Ethiopien.
Après quelques jours d'apparent apaisement, la journée de jeudi a fait voler en éclats ce que le quotidien Israel Hayom appelle "l'illusion d'un calme tendu".
Les responsables israéliens de la sécurité disent depuis un moment se préparer à des mois de violences.
Les analystes trouvent dans les évènements de jeudi des motifs d'inquiétude supplémentaires. Tel-Aviv, la capitale économique et socialement libérale d'Israël, relativement distante des foyers de tension, n'avait pas connu d'attaque depuis le 8 octobre.
Les dizaines de milliers de Palestiniens qui vont quotidiennement travailler en Israël avec un permis en bonne et due forme passaient pour représenter un danger mineur. Or, Israël a été frappé de découvrir que le Palestinien qui a mortellement poignardé à Tel-Aviv le rabbin Aharon Yesayev, 32 ans, et Reuven Aviram, 51 ans, possédait un tel laissez-passer, qu'il est marié et père de cinq enfants.

- "Lutte acharnée" -
L'écrasante majorité des dizaines d'attaques a jusqu'alors été menée à l'arme blanche, avec des dommages humains relativement limités.
Mais, jeudi, pour la deuxième fois en une semaine, un Palestinien a ouvert le feu sur ses victimes avec un fusil automatique en Cisjordanie occupée, tuant Ezra Schwartz, étudiant américain d'une école talmudique âgé de 18 ans, et Yaakov Don, 49 ans. Un Palestinien de 40 ans, Shadi Arafa, a également péri dans la fusillade.
L'enquête devra dire si Shadi Arafa a succombé à des tirs de l'assaillant ou à la riposte des forces israéliennes, a dit la police israélienne.
Reflet de la suspicion à nouveau exacerbée entre Israéliens et Palestiniens, le frère de Shadi Arafa, Baha Arafa, a dit tenir les soldats israéliens pour responsables de sa mort, en marge des funérailles du défunt, suivies par environ 2.000 personnes à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.
Les obsèques des autres victimes ont eu lieu entre jeudi soir et vendredi. Le corps de l'étudiant américain devait, lui, être rapatrié aux États-Unis.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis "une lutte acharnée" contre les "terroristes": "nous leur ferons payer leurs actes, leurs familles paieront, nous détruirons leurs maisons et nous révoquerons leur (permis de) résidence", a-t-il dit sur Facebook.

"Les démons seront lâchés"
Les attentats de jeudi ont soulevé la question de nouveaux moyens à mettre en oeuvre: un contrôle encore plus strict des permis de travail et des déplacements des Palestiniens, une ségrégation encore accrue entre les routes ouvertes aux Palestiniens ou aux Israéliens en Cisjordanie, voire une fermeture de ce territoire palestinien qu'Israël occupe.
Les experts soulignent la quasi-impossibilité d'empêcher des attentats commis par des individus isolés, de tous les âges et des deux sexes.
Yoram Schweitzer, ex-responsable du contre-terrorisme à l'armée, ne croit pas "qu'il faille changer de politique à chaque fois qu'il y a une opération". "Il n'y a aucun signe que les choses se calment dans un futur proche", dit-il à l'AFP, "nous devons procéder aux ajustements nécessaires pour essayer d'empêcher que cela n'arrive et pour minimiser les dommages tout en conservant le juste milieu".
Benedetta Berti, experte à l'Institut pour les études de sécurité nationale, note que s'il est "inexact de parler d'intifada (soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne) à part entière", il est "tout à fait exact de parler d'inquiétante tendance à la détérioration".
Selon elle, le gouvernement israélien se contente de "gérer" la situation alors que le coeur de la confrontation reste l'absence de toute perspective de résolution politique du conflit israélo-palestinien.
Elle souligne le risque que des groupes comme le Hamas ou le Jihad islamique, jusqu'alors restés à l'écart, s'en mêlent. Alors "les démons seront lâchés".

(20-11-2015)

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