lundi 16 novembre 2015

Liban : Suite aux attentats, l'amertume des Libanais qui se sentent oubliés

Le 13 novembre, 129 personnes perdaient la vie à Paris, 352 étaient blessées selon un bilan encore provisoire. La veille, Beyrouth était elle aussi frappée par l'organisation Etat islamique, un attentat qui coûtait la vie à 44 personnes et faisait plus de 200 blessés. Dans le premier cas, Facebook a rapidement proposé aux internautes de faire savoir à leurs "amis" qu'ils étaient en sécurité grâce au bouton "safety check". Grâce à ses données de géolocalisation, le réseau social a demandé à tous ceux qui indiquent sur leur page personnelle habiter à Paris et à ceux qui se sont identifiés dans la capitale de se signaler "en sécurité". L'initiative a permis de rassurer les proches des Parisiens et d'éviter que la panique ne se propage. Une fonction à laquelle, les Libanais, la veille n'ont pas eu accès et qui soulève des questions quant au traitement du drame et à une certaine hierarchisation.
"Ça ne choque pas une explosion à Beyrouth"
Jusqu'aux attaques contre Paris, le dispositif n'était activé que "pour les catastrophes naturelles", se justifie Mark Zuckerberg sur Facebook. Pas suffisant pour de nombreux internautes, dont Nadim H., Libanais vivant à Paris qui a publié une tribune sur le site de L'Obs où il dénonce les différences de traitement entre les deux pays. "On en veut à Facebook parce qu'on se dit que c'est un site qui devrait être pareil pour tout le monde, je pense", écrit-il avant de déplorer le traitement médiatique dans son ensemble. "C'est d'abord une ville que l'on pense tout le temps en guerre. Ça ne choque pas autant les gens quand on entend qu'il y a eu une explosion à Beyrouth", dénonce-t-il, opposant cette image au fantasme de Paris, "le symbole international de la paix, de l'amour, de la beauté".
Une analyse que partage Pierre Haski, le co-fondateur de Rue89 : "Tout le monde, de San Francisco à Sydney en passant par Varsovie, peut s'identifier à un jeune Parisien présent à un concert de rock, se souvenir qu'il est allé ou rêve d'aller en vacances à Paris, personne ne s'identifiera avec l'habitant d'un quartier chiite de Beyrouth (donc "pro-Hezbollah"...), même si c'est un jeune du même âge pas très différent de la victime parisienne...", explique-t-il. Amers, les Libanais ne sont pas pour autant indifférent aux attentats de Paris et ont affiché leur solidarité sur les réseaux sociaux.

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