vendredi 13 novembre 2015

Liban : Le pays du Cèdre observe une journée de deuil national

Le Liban va observer vendredi une journée de deuil national après un double attentat ayant fait au moins 41 morts contre un fief du Hezbollah au sud de Beyrouth, revendiqué par le groupe État islamique. Les deux organisations se font la guerre en Syrie voisine, déchirée par un conflit de plus en plus complexe qui a fait depuis 2011 plus de 250 000 morts. L'attaque jeudi en banlieue sud de la capitale libanaise, qui a aussi fait près de 200 blessés, est la plus sanglante contre un bastion du Hezbollah depuis son implication, début 2013, dans le conflit en Syrie au côté du régime de Bashar el-Assad, et l'une des plus meurtrières au Liban depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
De nombreux blessés sont dans un état critique, selon le ministre de la Santé Waël Abou Faour. Jeudi en fin d'après-midi, deux hommes ont successivement fait détoner leurs ceintures explosives dans une rue commerçante bondée du quartier de Bourj al-Barajné, selon l'armée. Un troisième terroriste, qui n'a pas pu faire exploser sa ceinture, a été retrouvé mort, a-t-elle ajouté. Un photographe a vu des corps ensanglantés dans des magasins pulvérisés et des flaques de sang au milieu de voitures détruites par les explosions. Le bilan n'a cessé de s'alourdir, la Croix-Rouge libanaise faisant état dans un dernier bilan provisoire de 41 morts et 181 blessés.

"J'ai cru que c'était la fin du monde"
La double attaque a été revendiquée par le groupe EI, qui a, dans un communiqué, parlé de deux attaques, mais d'un seul kamikaze. "Des soldats du califat ont réussi à faire exploser une motocyclette piégée garée contre un rassemblement de rafida", terme péjoratif désignant les chiites, et "après que des apostats sont accourus sur les lieux, un des chevaliers du martyre a fait détoner sa ceinture explosive au milieu du groupe", a affirmé l'EI. La revendication n'a pu être authentifiée, mais le texte est conforme au format habituel des revendications du groupe extrémiste. Il s'agit du premier attentat contre un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth depuis juin 2014, lorsqu'un agent de la sécurité avait été tué en empêchant une attaque. Auparavant, une série d'attaques avait endeuillé d'autres fiefs du Hezbollah au Liban.
"Je venais d'arriver dans la rue quand l'explosion a eu lieu. J'ai transporté moi-même trois femmes et un de mes amis morts" dans les attaques, a déclaré un témoin, Zein al-Abdine Khaddam, à une télévision locale. Un autre témoin, qui n'a pas donné son nom, a lancé : "Quand la seconde explosion s'est produite, j'ai cru que c'était la fin du monde." Le président français François Hollande a exprimé son "effroi" et son "indignation", dénonçant un "acte abject". Washington a également condamné le double attentat-suicide, évoquant des "actes terroristes horribles". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a parlé d'un "acte méprisable" et a appelé les Libanais à "continuer de travailler à préserver la sécurité et la stabilité" du pays. Entre juillet 2013 et février 2014, il y a eu neuf attaques contre les fiefs du Hezbollah ou des régions fidèles à ce mouvement, la plupart revendiquées par des groupes extrémistes sunnites.

Une "vengeance" à la décision du Hezbollah
Ceux-ci avaient présenté leurs attaques comme une "vengeance" à la décision du Hezbollah d'envoyer des milliers de ses hommes combattre en Syrie au côté du régime de Bashar el-Assad contre les rebelles et les djihadistes, en grande majorité des sunnites. Il y a moins d'un mois, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait de nouveau défendu son combat en Syrie auprès du régime Assad en parlant d'"une bataille essentielle et décisive". La présence du Hezbollah en Syrie "est plus importante que jamais, qualitativement, quantitativement et en matière d'équipement", avait-il dit. "Sans la persévérance au sol face à Daech et ses alliés (...), qu'en serait-il de la région aujourd'hui, en Irak, en Syrie et au Liban ?" avait-il poursuivi, utilisant un acronyme en arabe de l'EI, qui occupe la moitié du territoire syrien. D'après le dernier bilan donné par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 971 membres du Hezbollah ont trouvé la mort en Syrie.

François Hollande exprime "son effroi"
Le président français François Hollande a exprimé jeudi soir son "effroi" et son "indignation" après l'attentat meurtrier revendiqué par l'organisation Etat islamique contre la banlieue sud de Beyrouth, dénonçant un "acte abject".
"Le Président de la République exprime son indignation et son effroi après l'attentat qui a causé la mort de plusieurs dizaines de personnes et en a blessé plus d'une centaine cet après-midi dans le quartier de Bourj el Barajneh à Beyrouth. Il dénonce cet acte abject et adresse ses condoléances aux familles et aux proches des victimes", écrit l'Elysée dans un communiqué. "Les Français partagent le deuil national des Libanais. La France est plus que jamais engagée pour la paix, l'unité et la stabilité du Liban", poursuit la présidence dans son bref communiqué.
L'attaque a fait plus de 40 tués et 181 blessés, selon un bilan provisoire de la Croix-Rouge libanaise. Le ministre de la Santé Waël Abou Faour a fait état de plus de 200 blessés, dont "beaucoup dans un état critique". Deux hommes à pied ont fait détoner leurs ceintures explosives dans une rue commerçante bondée du quartier de Bourj al-Barajné.


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