L'organisation État islamique (EI) étend son influence au Moyen-Orient
en obtenant l'allégeance du principal groupe djihadiste égyptien, à
l'heure où les incertitudes persistent sur le sort de son chef Abou Bakr
al-Baghdadi, qui aurait pu être blessé ou tué par des raids de la
coalition.
"Nous annonçons prêter allégeance au calife Ibrahim Ibn Awad... pour
écouter et obéir", a annoncé lundi le groupe Ansar Beït al-Maqdess dans
un enregistrement audio, en référence au nom religieux d'Abou Bakr
al-Baghdadi. Ansar Beït al-Maqdess, dont le nom signifie "Les partisans
de Jérusalem", a multiplié les attentats meurtriers ces derniers mois
contre les forces de l'ordre en Égypte, principalement dans le Sinaï où
il est basé. Il affirme agir en représailles à la répression sanglante
qui s'est abattue sur les islamistes en Égypte après la destitution par
l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Sa décision
d'aller plus loin en faisant allégeance est susceptible de renforcer
l'EI au-delà de l'Irak et de la Syrie, où Baghdadi a proclamé un
"califat" sur les vastes territoires contrôlés par les djihadistes.
Pour le spécialiste de l'islam radical Jean-Pierre Filiu, il ne fait pas
de doute que "Daesh [acronyme de l'État islamique en arabe] a
définitivement détrôné al-Qaida comme référence ultime du djihad global à
vocation planétaire". Ansar Beït al-Maqdess avait dit jusqu'alors
s'inspirer d'al-Qaida, mais avait déjà annoncé récemment qu'il
"soutenait" l'EI. Jusqu'à présent, aucune des cinq principales
franchises d'al-Qaida, en Afghanistan, Syrie, Somalie, Sahel et Yémen,
n'a cependant encore reconnu l'autorité de Baghdadi à la tête de l'EI.
L'annonce d'Ansar Beït al-Maqdess intervient après un week-end de
rumeurs et d'informations contradictoires selon lesquelles Baghdadi
aurait été blessé, voire tué, dans des raids de la coalition ayant visé
vendredi des dirigeants de l'EI. À Bagdad, les autorités ont assuré que
ces informations, relayées notamment par des médias arabes, n'étaient
pas "fiables". Le Commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a
indiqué pour sa part ne "pas pouvoir confirmer" que Baghdadi se
trouvait bien dans le "convoi de véhicules formés de dix camions armés
de l'EI" détruit par les frappes. Né en 1971 en Irak, l'énigmatique
"calife" autoproclamé agit dans le plus grand secret afin de garantir sa
sécurité alors que les États-Unis ont promis dix millions de dollars
pour sa capture. Il est apparu pour la première fois dans une vidéo
après la conquête de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, en juin.
Depuis lors, les États-Unis sont progressivement venus au secours du
gouvernement irakien et de son armée, totalement dépassée par les
troupes de l'EI. Le président américain Barack Obama a annoncé dimanche
qu'une "nouvelle étape" de cette intervention s'était ouverte avec
l'annonce de l'envoi de 1 500 conseillers militaires supplémentaires en
Irak. "La première étape était d'obtenir la formation d'un gouvernement
irakien représentatif et crédible et nous l'avons fait", a déclaré
Barack Obama sur la chaîne CBS. "À présent, plutôt que de simplement
viser à arrêter la progression de l'EI, nous voulons être en position de
lancer une offensive."
Le quasi-doublement du contingent américain en Irak est destiné à rendre
rapidement opérationnelles les forces irakiennes, y compris kurdes,
afin qu'elles puissent "commencer à repousser" les forces de l'EI, selon
le président. "Dès qu'elles seront prêtes à attaquer l'EI, nous leur
prêterons un soutien aérien rapproché", a ajouté Barack Obama, en
réaffirmant que les "soldats américains ne combattront pas".
En Syrie, les forces du régime de Bashar el-Assad ont subi un revers
dans le sud en perdant dimanche la ville de Nawa, conquise par des
combattants rebelles et du Front al-Nosra, la branche syrienne
d'al-Qaida, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Au nord,
l'aviation a mené un raid sur Al-Bab, ville tenue par les djihadistes
dans la province d'Alep (nord), tuant au moins vingt et un civils et
faisant une centaine de blessés.
À proximité, la bataille entre l'EI
et les forces kurdes dans la ville de Kobané a désormais fait plus de 1
000 morts en un mois et demi, selon un décompte de l'OSDH qui ne prend
cependant pas en compte les victimes des raids de la coalition. Alors
que la guerre en Syrie a fait plus de 195 000 morts en trois ans et
demi, l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura poursuivait lundi à
Damas ses discussions sur un "plan d'action" visant à relancer les
efforts de paix, actuellement au point mort.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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