lundi 10 novembre 2014

Egypte : Le principal groupe djihadiste égyptien prête allégeance à l'EI

L'organisation État islamique (EI) étend son influence au Moyen-Orient en obtenant l'allégeance du principal groupe djihadiste égyptien, à l'heure où les incertitudes persistent sur le sort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, qui aurait pu être blessé ou tué par des raids de la coalition.
"Nous annonçons prêter allégeance au calife Ibrahim Ibn Awad... pour écouter et obéir", a annoncé lundi le groupe Ansar Beït al-Maqdess dans un enregistrement audio, en référence au nom religieux d'Abou Bakr al-Baghdadi. Ansar Beït al-Maqdess, dont le nom signifie "Les partisans de Jérusalem", a multiplié les attentats meurtriers ces derniers mois contre les forces de l'ordre en Égypte, principalement dans le Sinaï où il est basé. Il affirme agir en représailles à la répression sanglante qui s'est abattue sur les islamistes en Égypte après la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Sa décision d'aller plus loin en faisant allégeance est susceptible de renforcer l'EI au-delà de l'Irak et de la Syrie, où Baghdadi a proclamé un "califat" sur les vastes territoires contrôlés par les djihadistes.
Pour le spécialiste de l'islam radical Jean-Pierre Filiu, il ne fait pas de doute que "Daesh [acronyme de l'État islamique en arabe] a définitivement détrôné al-Qaida comme référence ultime du djihad global à vocation planétaire". Ansar Beït al-Maqdess avait dit jusqu'alors s'inspirer d'al-Qaida, mais avait déjà annoncé récemment qu'il "soutenait" l'EI. Jusqu'à présent, aucune des cinq principales franchises d'al-Qaida, en Afghanistan, Syrie, Somalie, Sahel et Yémen, n'a cependant encore reconnu l'autorité de Baghdadi à la tête de l'EI.
L'annonce d'Ansar Beït al-Maqdess intervient après un week-end de rumeurs et d'informations contradictoires selon lesquelles Baghdadi aurait été blessé, voire tué, dans des raids de la coalition ayant visé vendredi des dirigeants de l'EI. À Bagdad, les autorités ont assuré que ces informations, relayées notamment par des médias arabes, n'étaient pas "fiables". Le Commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a indiqué pour sa part ne "pas pouvoir confirmer" que Baghdadi se trouvait bien dans le "convoi de véhicules formés de dix camions armés de l'EI" détruit par les frappes. Né en 1971 en Irak, l'énigmatique "calife" autoproclamé agit dans le plus grand secret afin de garantir sa sécurité alors que les États-Unis ont promis dix millions de dollars pour sa capture. Il est apparu pour la première fois dans une vidéo après la conquête de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, en juin.
Depuis lors, les États-Unis sont progressivement venus au secours du gouvernement irakien et de son armée, totalement dépassée par les troupes de l'EI. Le président américain Barack Obama a annoncé dimanche qu'une "nouvelle étape" de cette intervention s'était ouverte avec l'annonce de l'envoi de 1 500 conseillers militaires supplémentaires en Irak. "La première étape était d'obtenir la formation d'un gouvernement irakien représentatif et crédible et nous l'avons fait", a déclaré Barack Obama sur la chaîne CBS. "À présent, plutôt que de simplement viser à arrêter la progression de l'EI, nous voulons être en position de lancer une offensive."
Le quasi-doublement du contingent américain en Irak est destiné à rendre rapidement opérationnelles les forces irakiennes, y compris kurdes, afin qu'elles puissent "commencer à repousser" les forces de l'EI, selon le président. "Dès qu'elles seront prêtes à attaquer l'EI, nous leur prêterons un soutien aérien rapproché", a ajouté Barack Obama, en réaffirmant que les "soldats américains ne combattront pas".
En Syrie, les forces du régime de Bashar el-Assad ont subi un revers dans le sud en perdant dimanche la ville de Nawa, conquise par des combattants rebelles et du Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaida, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Au nord, l'aviation a mené un raid sur Al-Bab, ville tenue par les djihadistes dans la province d'Alep (nord), tuant au moins vingt et un civils et faisant une centaine de blessés.
À proximité, la bataille entre l'EI et les forces kurdes dans la ville de Kobané a désormais fait plus de 1 000 morts en un mois et demi, selon un décompte de l'OSDH qui ne prend cependant pas en compte les victimes des raids de la coalition. Alors que la guerre en Syrie a fait plus de 195 000 morts en trois ans et demi, l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura poursuivait lundi à Damas ses discussions sur un "plan d'action" visant à relancer les efforts de paix, actuellement au point mort.

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