mardi 24 décembre 2013

Syrie : La Syrie reçoit du pétrole irakien via l’Egypte

La Syrie a reçu au cours des neuf derniers mois des livraisons importantes de pétrole brut irakien expédié depuis un port égyptien, contournant ainsi les sanctions internationales imposées au régime de Bashar al Assad, montrent des documents commerciaux auxquels Reuters a eu accès.
Le gouvernement syrien a été placé sur liste noire par les pays occidentaux en raison de son rôle dans la guerre civile qui déchire le pays, ce qui le rend dépendant de son allié iranien - lui-même cible de sanctions internationales en raison de son programme nucléaire - pour son approvisionnement en pétrole.
Or, l’examen par Reuters de dizaines documents commerciaux - bordereaux d’expédition et factures - qui n’avaient jusqu’alors pas été rendus publics montre que l’Iran n’est pas le seul fournisseur de Bashar al Assad.
Plusieurs millions de barils de pétrole brut livrés à la Syrie par des navires iraniens provenaient en réalité d’Irak, par l’intermédiaire de sociétés libanaise et égyptienne.
Ce commerce, dont les sociétés concernées nient l’existence, est particulièrement lucratif pour ces dernières, qui demandent un "premium" substantiel par rapport au coût normal du pétrole pour assumer les risques de la livraison.
Il démontre en outre le rôle de pays comme l’Irak, l’Egypte et le Liban dans la chaîne d’approvisionnement du régime syrien.
L’Irak a déjà été critiqué par les pays occidentaux pour avoir autorisé des livraisons d’armes aux forces de Bashar al Assad à transiter par son espace aérien. Le ministre irakien du Pétrole n’a pas répondu aux sollicitations de Reuters concernant les livraisons de brut.
La société d’Etat syrienne qui reçoit le pétrole, Sytrol, et la compagnie maritime iranienne qui le lui livre, National Iranian Tanker Co (NITC), sont toutes deux sur la liste noire de l’Union européenne et des Etats-Unis, ce qui leur interdit de commercer avec des sociétés européennes ou américaines.
Ces sanctions ne s’appliquent théoriquement pas aux sociétés basées dans d’autres pays, même si plusieurs d’entre elles ont récemment été placées par Bruxelles et Washington sur la liste noire des sociétés dont les avoirs sont gelés.
Les documents commerciaux auxquels Reuters a eu accès et les données du suivi satellite des supertankers fournies par Thomson Reuters ont permis de démontrer que le pétrole irakien destiné à la Syrie a transité par le port égyptien de Sidi Kerir et que sa livraison a été assurée soit par la société Overseas Petroleum Trading (OPT), basée à Beyrouth, soit par Tri-Ocean Energy, basée au Caire.
OPT et Tri-Ocean ont nié être impliquées dans ce trafic mais n’ont pu fournir d’explication aux factures qui leur ont été présentées. Une source gouvernementale européenne a précisé que la société égyptienne était déjà surveillée par les Etats-Unis pour des violations présumées de l’embargo contre l’Iran.
Sur les quelque 17 millions de barils de pétrole importés par Damas entre février et octobre 2013, la moitié environ provenait directement d’Iran et l’autre moitié a transité par le port méditerranéen de Sidi Kerir.
Reuters a identifié quatre supertankers utilisés par NITC pour ses livraisons à la Syrie. Tous ont changé de nom récemment et battent pavillon tanzanien, une tactique souvent utilisée par l’Iran pour contourner les sanctions internationales.

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