Le médiateur de l’ONU, Lakhdar Brahimi, tentera mercredi de remettre sur
les rails les négociations de paix à Genève entre régime syrien et
opposition, interrompues plus tôt que prévu mardi, Damas accusant
Washington de vouloir saboter les pourparlers.
Mardi, malgré les efforts déployés par le médiateur de l’ONU et de la
Ligue arabe Lakhdar Brahimi pour le cinquième jour consécutif, le
blocage est resté entier sur la question explosive de la transition
politique en Syrie, pays ravagé par une guerre qui a fait en trois ans
près de 130.000 morts.
L’opposition a d’emblée accusé le régime de ne pas coopérer sur la
question de la transition, ni sur celle des aides humanitaires,
notamment pour les quartiers rebelles assiégés de Homs (centre).
"C’est moi qui ai décidé l’interruption de la réunion, il ne faut pas
les critiquer", a affirmé mardi M. Brahimi, qui a souhaité que ce temps
accordé permette aux deux délégations de mieux préparer la réunion de
mercredi matin, à 09H00 GMT. "J’espère que nous aurons une meilleure
session demain", a-t-il dit.
Il a réitéré qu’il ne s’agissait pas d’"une négociation facile", reconnaissant "n’avoir obtenu aucune avancée".
"Nous y travaillons et en ce qui me concerne c’est déjà bien", a
souligné le diplomate, ajoutant : "Personne ne part en courant, ne se
retire".
Selon Rima Fleyhane, membre de la délégation de l’opposition, celle-ci a
présenté sa "vision" d’une "nouvelle Syrie démocratique et pluraliste",
mais le "régime n’a rien présenté et refusé toute discussion".
Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a quant à
lui expliqué aux journalistes que sa délégation avait présenté un
communiqué, obtenu par l’AFP, qui affirme que "les États-Unis ont pris
la décision de recommencer à armer les groupes terroristes en Syrie",
terme utilisé par Damas pour désigner les rebelles.
Il a indiqué que l’opposition s’était refusée à condamner cette
décision, rapportée par certains médias et qualifiée par le régime de
"tentative directe d’empêcher toute solution politique en Syrie".
Répondant aux questions des journalistes, M. Brahimi s’est borné à dire
qu’il ne s’agissait pas d’une déclaration du gouvernement américain.
Le secrétaire d’État américain John Kerry avait déclaré le 22 janvier à
Montreux (Suisse) que les Etats-Unis cherchaient "différents moyens de
pression" sur le régime de Damas, en augmentant leur aide à l’opposition
syrienne.
Le communiqué dit de "Genève I", adopté en juin 2012 par les grandes puissances, est au centre des discussions à Genève.
la mise en place d’une autorité gouvernementale de transition dotée des
pleins pouvoirs, ce qui pose la question du devenir du président Assad,
"ligne rouge" pour l’opposition et pour le gouvernement, qui paralyse
la discussion.
"S’il n’y a pas de progrès dans les prochains jours, le processus va
devenir de plus en plus fragile", a constaté un diplomate occidental.
Aucun progrès n’a par ailleurs été noté au niveau de l’arrivée des aides
aux quartiers assiégés par l’armée à Homs, où l’opposition demande
l’entrée de convois humanitaires dans ces zones où sont bloqués 3.000
personnes depuis 600 jours.
Or le régime propose d’abord de laisser sortir les femmes et les
enfants, affirmant que l’entrée des aides est menacée par les rebelles.
"Il y a des tireurs embusqués qui empêchent l’entrée de l’aide (...)
même les volontaires ont peur d’entrer", a affirmé mardi le ministre
syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi.
M. Brahimi a confirmé que "le convoi est prêt mais attend toujours
l’autorisation (ndlr : des autorités) de rentrer. Nous n’y avons pas
renoncé".
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies et le Fonds
pour l’Enfance (UNICEF) ont confirmé mardi avoir "des camions en attente
(...) attendant un feu vert".
Des contacts sont en cours entre le représentant de l’ONU à Damas et les rebelles, selon le gouverneur de Homs, Talal al-Barazi.
De son côté, Londres a annoncé mardi soir que le Royaume-Uni allait
accueillir "plusieurs centaines de réfugiés" syriens, notamment des
victimes de violences sexuelles et de torture. Selon un porte-parole du
gouvernement les candidats au statut de réfugiés seront "identifiés dans
les mois et l’année qui viennent".
Responsables humanitaires et diplomates rappellent que selon le droit
humanitaire, on ne peut forcer une population à évacuer, elle doit
d’abord être assistée et prendre ensuite la décision de partir ou pas.
Sur le terrain, les troupes syriennes ont progressé à la lisière sud-est
d’Alep, près de l’aéroport international, provoquant la fuite de
nombreux habitants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme
(OSDH).
Depuis le 15 décembre, la grande métropole du nord, divisée depuis 2012
entre quartiers pro et anti-régime, et sa province sont la cible d’une
vaste offensive de l’armée de l’air qui a fait des centaines de morts,
dont une majorité de civils.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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