Cinq membres de l’ambassade égyptienne ont été enlevés en moins de 24
heures à Tripoli, illustrant une fois de plus le chaos régnant en Libye,
où les milices font la loi.
Le ministre de la Justice, Salah al-Marghani, a annoncé dans la soirée
que les services de sécurité étaient en contact avec les ravisseurs, et
que le gouvernement oeuvrait à obtenir la libération des 5 Egyptiens, se
refusant à donner tout autre détail.
Dans le sud et l’ouest du pays, des affrontements tribaux et impliquant
des partisans de l’ancien régime de Muammar Kadhafi ont par ailleurs
fait au moins 154 morts et 463 blessés en deux semaines, selon un bilan
du ministère de la Santé.
"L’attaché culturel et trois autres fonctionnaires de l’ambassade
d’Egypte ont été enlevés samedi à Tripoli", a déclaré à l’AFP le
porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères, Saïd Lassoued,
qui n’était pas en mesure de fournir plus de détails sur les
circonstances de l’enlèvement.
Les autorités avaient pourtant annoncé des "mesures de sécurité
renforcées" autour de l’ambassade et des diplomates égyptiens après un
premier enlèvement, vendredi, d’un membre de la représentation
égyptienne chez lui, toujours à Tripoli.
Ces enlèvements n’ont pas été revendiqués jusqu’ici, mais le ministre
libyen de la Justice a implicitement fait le lien avec l’arrestation
vendredi en Egypte d’un chef des ex-rebelles qui avaient combattu le
régime de Muammar Kadhafi en 2011.
Chaaban Hadeia, alias Abou Obeida, est depuis à la tête d’un groupe
d’ex-rebelles qui dépendent officieusement du ministère libyen de la
Défense, le Centre d’opération des révolutionnaires de Libye,
d’obédience islamiste.
"Nous attendons des explications de nos frères égyptiens sur les
accusations portées contre Chaaban Hadeia. En même temps, nous
condamnons fermement cette réaction", a déclaré M. Marghani au cours
d’une conférence de presse, qualifiant l’enlèvement des cinq Egyptien
d’"acte criminel".
Au Caire, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr
Abdelatty, a confirmé la détention de M. Hadeia en Egypte mais n’était
en mesure d’en fournir les raisons. "Si l’implication de M. Hadeia (dans
une affaire quelconque) n’est pas établie, il sera naturellement
libéré", a-t-il précisé à l’AFP.
Le groupe de l’ex-rebelle, qui a confirmé l’arrestation sur la page
Facebook, a fait état d’"inquiétude", ainsi que d’une "possible
réaction".
Contacté par l’AFP, Adel al-Ghariani, un dirigeant du Centre d’opération
des révolutionnaires de Libye, a cependant démenti toute implication
dans les enlèvements, et appelé à la "libération immédiate" de
M. Hadeia.
La présidence du Congrès général national (CGN, parlement), la plus
haute autorité du pays, avait dénoncé vendredi cette arrestation,
indiquant avoir donné des instructions au gouvernement et à
l’ambassadeur libyen au Caire pour "prendre les mesures nécessaires en
vue de la libération immédiate de Chaaban Hadeia".
Depuis la chute du régime de Muammar Kadhafi en octobre 2011, les
autorités de transition se montrent incapables de rétablir l’ordre et la
sécurité dans un pays en proie à l’anarchie et aux violences
meurtrières.
Elles n’ont notamment pas réussi à contrôler des dizaines de milices
armées formées par des ex-rebelles et qui font la loi dans le pays.
La situation est particulièrement critique dans l’est du pays, en
particulier à Derna et Benghazi, devenues des fiefs pour les islamistes
radicaux, accusés régulièrement d’être derrière des dizaines
d’assassinats et des attentats contre des intérêts occidentaux et
l’armée.
Samedi encore, deux explosions ont secoué la ville de Benghazi,
également dans l’Est, sans faire de victimes. La première a visé les
locaux des renseignements militaires, et la seconde une école coranique.
Ces violences interviennent sur fond de bras de fer entre le Premier
ministre indépendant Ali Zeidan et les députés islamistes qui réclament
sa démission, lui reprochant son inaction sur le plan de la sécurité.
D’autres étrangers ont récemment été enlevés dans le pays. Deux Italiens
travaillant pour une entreprise de travaux publics ont été kidnappés la
semaine dernière par un groupe armé dans l’est du pays. Leur sort est
toujours inconnu.
Un représentant du gouvernement sud-coréen pour le commerce en Libye a
également été enlevé lundi à Tripoli, puis libéré mercredi par les
forces de sécurité.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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