Le retard pris par le gouvernement dans le transfert de ses armes
chimiques vouées à l’élimination a ravivé jeudi les inquiétudes sur le
respect des engagements pris par Damas.
Le régime de Bashar al Assad a accepté l’an dernier de détruire son
arsenal d’armes chimiques dans le cadre d’un accord négocié par les
Etats-Unis et la Russie après le bombardement au gaz sarin du 21 août
qui a fait plusieurs centaines de morts dans un faubourg de la capitale.
Mais des sources proches du dossier ont déclaré mercredi à l’agence
REUTERS que la Syrie avait transféré à l’étranger moins de 5% de ses
armes chimiques et qu’elle ne respecterait pas la date limite fixée au 5
février pour le transfert de l’ensemble de son arsenal.
Deux cargaisons seulement sont parties en janvier du port de Lattaquié,
représentant 4,1% des près de 1.300 tonnes de produits servant à la
fabrication d’armes chimiques que Damas a dit détenir, indiquait-on de
même source. Depuis, plus rien.
Cette proportion a été confirmée jeudi dans une déclaration remise par
les Etats-Unis à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques
(OIAC), chargée de superviser le processus.
"La Syrie a indiqué que ce retard dans le transport des armes chimiques
était dû à des ’inquiétudes sur la sécurité’ et a réclamé des
équipements supplémentaires - des gilets pare-balles pour le chargement
des conteneurs, du matériel électronique et des détecteurs de bombes
artisanales", relève Robert Mikulac, représentant des Etats-Unis à
l’OIAC.
"Ces demandes ne sont pas fondées et témoignent d’une ’mentalité de
marchandage’ plutôt que d’un souci de sécurité", poursuit-il dans cette
déclaration adressée au conseil exécutif de l’OIAC.
L’opération soutenue par la communauté internationale, et entérinée par
la résolution 2118 du Conseil de sécurité de l’Onu, a désormais six à
huit semaines de retard par rapport au calendrier initial.
Ce retard a provoqué jeudi l’inquiétude des Etats-Unis et de la France,
deux pays qui étaient fin août sur le point de déclencher des frappes
militaires contre des objectifs du régime syrien en riposte à l’attaque
du 21 août avant que l’accord sur les armes chimiques ne fasse baisser
les tensions.
"Les Etats-Unis sont inquiets de voir que le gouvernement syrien a pris
du retard dans la remise des agents chimiques", a déclaré le secrétaire
américain à la Défense Chuck Hagel en marge d’un déplacement en Pologne.
Le chef du Pentagone a précisé qu’il avait parlé de cette question
mercredi au téléphone avec le ministre russe de la Défense, Sergueï
Choïgou, et l’avait prié d’user de son influence sur Damas pour que le
gouvernement syrien tienne ses promesses.
Pour la Maison blanche, Damas doit intensifier ses efforts pour
transporter les armes chimiques jusqu’au port de Lattaquié. "Cela relève
de la responsabilité du régime d’Assad et nous attendons que cela se
fasse, conformément aux engagements pris", a dit Jay Carney,
porte-parole de la présidence américaine.
A Paris, Laurent Fabius a appelé la communauté internationale à la vigilance.
"Il semble que le mouvement (...) se soit ralenti", a déclaré le chef de
la diplomatie française lors de ses voeux à la presse, à Paris. "La
communauté internationale doit être très vigilante sur le fait que les
engagements doivent être tenus."
En cas d’échec du processus, la Syrie s’exposera à des sanctions
internationales, même si de telles mesures ne pourraient être décidées
qu’avec l’aval de la Russie et de la Chine, qui ont jusqu’à présent
toujours refusé de condamner le régime de Bashar al Assad.
Dans un rapport daté du 27 janvier, le secrétaire général de l’Onu, Ban
Ki-moon, a indiqué que le transfert à l’étranger de l’arsenal chimique
syrien avait été retardé sans raison et a appelé le régime de Bashar al
Assad à accélérer le processus.
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